Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DAMASCIUS (470 env.-env. 544)

Dernier successeur de Platon à la tête de l'Académie, au moment de la fermeture de l'école d'Athènes par Justinien en 529. La critique la plus récente a rendu, à juste titre, au philosophe néo-platonicien qu'est Damascius la paternité de plusieurs ouvrages : nous sommes sûrs maintenant de posséder de lui des fragments d'une Vie de son maître Isidore, des notes d'élèves prises pendant ses propres cours sur Phédon et sur Philèbe, un commentaire sur Parménide, dont le début est perdu, enfin un ouvrage intitulé Questions et solutions concernant les premiers principes.

Damascius représente, dans l'école néo-platonicienne, un esprit nouveau, radicalement critique et aporétique, qui n'hésite pas à remettre en question le système dogmatique de ses prédécesseurs, notamment Proclus. Cela est déjà manifeste dans ses commentaires de Platon, où il dénonce souvent les solutions trop systématiques de Proclus en ramenant ses disciples au sobre examen de la structure réelle et concrète des dialogues platoniciens. Cela est plus patent encore dans ses fameuses Questions et solutions concernant les premiers principes. Rarement la pensée humaine a pris conscience avec autant d'acuité des contradictions auxquelles l'accule la notion d'absolu. Damascius, dans les premières pages de son ouvrage, développe, d'une manière impitoyable, l'insurmontable antithèse entre les notions de causalité et de totalité. Le Tout vient d'un Principe ou est lui-même Principe : mais, s'il vient d'un Principe, il n'est plus Tout (car le Principe est hors de lui) et, s'il est le Principe, il n'est plus Tout non plus (car le produit du Principe est hors de lui). Quant au Principe, il ne peut être compris dans le Tout (car il n'en serait plus le Principe) et il ne peut être hors du Tout (car il n'aurait plus de relation au Tout). Il faut donc dire que le Principe est inconnaissable. Mais le nommer ainsi serait encore paraître savoir quelque chose de lui. « Inconnaissable » n'exprime que l'état de notre esprit.

— Pierre HADOT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Pierre HADOT. DAMASCIUS (470 env.-env. 544) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • NÉO-PLATONICIENNE D'ATHÈNES ÉCOLE

    • Écrit par Henri Dominique SAFFREY
    • 1 990 mots
    Une importante évolution devait se dessiner ensuite à l'intérieur de l'école avec Damascius. Ce dernier refusait de nommer Un le premier dieu, et par là il niait qu'il soit possible de penser et de nommer le principe premier. Au-dessus de l'Un, il voulait remonter à l'Indicible. C'est la thèse antiproclienne...
  • NÉO-PLATONISME

    • Écrit par Jean TROUILLARD
    • 2 993 mots
    ...signalé les œuvres maîtresses de Proclos (412-485), élève de Syrianos à Athènes. C'est le plus méthodique et le plus « classique » des néo-platoniciens. Damascios, qui est le dernier maître de l'école d'Athènes, naît vers 485. Il se distingue par son sens critique et son acuité d'esprit. On a dit qu'en...
  • THÉOLOGIE NÉGATIVE

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 3 872 mots
    ...signification de cette transformation. Chez Proclus, d'une manière très caractéristique, la notion d'apophasis prend le pas sur celle d'aphairesis. Mais c'est surtout chez Damascius que la méthode négative devient la plus radicale. Damascius a su admirablement exprimer le paradoxe que représente...
  • UN PHILOSOPHIES DE L'

    • Écrit par Jean TROUILLARD
    • 3 729 mots
    D'après Damascios, l'Un est le symbole de l'Ineffable. Et cette assertion, qu'il attribue aux pythagoriciens, ne lui semble pas gratuite puisqu'il y a en nous et en tout esprit un foyer inexprimable. L'Un n'évoque ni une hypostase transcendante qui serait irréalisable, ni un simple état immanent qui...

Voir aussi