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ARISTÉE LETTRE D'

Œuvre de propagande du judaïsme alexandrin, la Lettre d'Aristée est censée avoir été rédigée par un grand officier du roi Ptolémée (~ 285-~ 247). Elle est bien plus tardive en vérité, et il est difficile de la dater d'avant ~ 100. C'est là que, pour la première fois et brillamment orchestrée, se rencontre la légende selon laquelle la Loi juive aurait été traduite en grec, à Alexandrie, par soixante-douze vieillards mandés de Jérusalem. Excellente pièce d'apologétique, elle apporte une double légitimation de la traduction des Septante et du politeuma d'Alexandrie, le groupe utilisateur, comme authentiquement juifs. L'autorité politique et culturelle de Ptolémée y est reconnue, mais pour mieux souligner sa soumission au Dieu d'Israël et à sa Loi. À l'arrivée des rouleaux de Jérusalem, le roi se prosterne devant eux par sept fois. L'autorité du grand prêtre y est proclamée très haut. Celui-ci dépêche les traducteurs à Alexandrie, six par tribu. Le Temple occupe une place centrale. Le tiers de l'œuvre est consacré à la réception des hôtes à la table du roi — épisode qui s'inspire du genre des « deipnosophistes » (banquet philosophique mis à la mode par Platon). La conversation se poursuit durant sept jours, les questions royales alternant avec les réponses des traducteurs.

Sans parler de sa longueur, on peut tenir cette lettre pour importante. Elle est un excellent reflet de l'état d'esprit du judaïsme alexandrin. Sa tradition directe est très riche : on en compte plus de vingt manuscrits. La tradition indirecte n'est pas moins précieuse : une citation paraphrastique de Josèphe, une très bonne leçon chez Eusèbe de Césarée. C'est dans la Lettre d'Aristée que, pour la première fois d'après les documents connus, la Loi juive fut appelée « le Livre » (la Bible).

— André PAUL

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André PAUL. ARISTÉE LETTRE D' [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BIBLE - Les traductions

    • Écrit par André PAUL
    • 3 135 mots
    ...qu'à leur souci de propagande et d'apologétique les y poussèrent. La fameuse légende des soixante-dix (soixante-douze) traducteurs, rapportée d'abord par la Lettre d'Aristée avant de connaître une large fortune dans la littérature patristique, valut le nom de Septante à cette traduction.

Voir aussi