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BYRD DONALD (1932-2013)

Issu de l'esthétique bop, figure majeure du hard bop puis du jazzfunk, le trompettiste et compositeur américain Donald Byrd s'est aventuré jusqu'aux frontières du rap. Ce parcours d'une indéniable richesse lui a permis, au côté des plus grands jazzmen de sa génération, de développer un jeu très personnel, tout aussi éloigné de la virtuosité gratuite que de l'inutile violence.

Donaldson « Donald » Byrd naît dans la ville de Detroit le 9 décembre 1932. Son père, prêtre méthodiste, lui donne comme deuxième prénom le nom du héros de l'abolitionnisme en Haïti, ceci avec une orthographe inhabituelle : Toussaint L'Ouverture. Sur les traces d'un oncle maternel, l'adolescent est d'abord attiré par la batterie, puis choisit finalement la trompette. Il mène jusqu'en 1955, et en parallèle de son service militaire dans l'US Air Force (1951-1953), de solides études musicales dans les meilleures universités noires américaines (Cass Technical High School, Wayne State University, Mahattan School of Music). De retour à la vie civile, il intègre les formations de Robert Barnes, Jackie McLean ou encore George Wallington – avec laquelle il se produit au Café Bohemia de New York – et fréquente le monde du rhythm and blues.

La seconde moitié des années 1950 offre à Donald Byrd de multiples opportunités. Art Blakey l'engage en 1955 pour remplacer Kenny Dorham dans ses Jazz Messengers. En 1956, après la mort brutale du trompettiste Clifford Brown, Max Roach fait également appel à lui. S'ouvre alors une période particulièrement faste pour le jeune musicien. Affirmant un style fluide et épuré ainsi qu'un grand sens du swing, il développe une carrière de « free-lance » dans les clubs et enregistre – principalement pour le label Blue Note – au côté de l'élite du moment : Johnny Griffin, Kenny Burrell, Jimmy Raney, Art Farmer, Thelonious Monk, Red Garland, Art Taylor, Lou Donaldson, Sonny Rollins, Lionel Hampton, Horace Silver, Hank Mobley, Dexter Gordon, Kenny Drew, Lee Morgan, Bobby Jaspar, Coleman Hawkins et Philly Joe Jones. En 1956, il conduit avec le saxophoniste Gigi Gryce le Jazz Lab Quintet, puis fonde deux ans plus tard un nouveau quintette auquel participent notamment Pepper Adams ainsi que le jeune Herbie Hancock. La formation se produit au Five Spot Café de New York et enregistre plusieurs albums chez Blue Note, comme Out of This World et The Cat Walk en 1961. Parallèlement, Donald Byrd sera, jusqu'à l'orée des années 1960, le compagnon de route de John Coltrane avec une série d'albums édités par Prestige (The Last Trane, 1957 ou encore Black Pearls, 1958). Le trompettiste fait à cette époque de nombreuses apparitions dans les festivals de jazz européens : à Paris, à Antibes, en Suède, en Norvège, en Allemagne.

Tout en continuant à se produire au sein de petits ensembles, Donald Byrd reprend ses études théoriques et vient en France en 1963, à l'instar de nombreux musiciens américains, suivre l'enseignement de Nadia Boulanger. Cette expérience marque profondément sa musique. En témoigne A New Perspective (1963), album de hard bop teinté de blues et de gospel par la présence d'une chorale, procédé auquel il aura fréquemment recours par la suite. En 1966, il obtient le titre de docteur en musique et dirige, de 1968 à 1975, le département « Great Black Music » à la Howard University de Washington.

Dans les années 1970, Donald Byrd donne à sa musique une couleur résolument plus funky. Il enregistre en 1973 chez Blue Note l'album Black Byrd qui se vendra à plus d'un million d'exemplaires puis anime, avec certains de ses étudiants, le groupe éponyme des Black Byrds. Le succès de cette formation, qui mêle les influences jazz rock et jazz fusion à des souvenirs de blues et de gospel, se maintiendra jusqu'au début des[...]

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Pierre BRETON. BYRD DONALD (1932-2013) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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