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RANEY JIMMY (1927-1995)

Éclipsé par des musiciens plus « spectaculaires », le guitariste de jazz Jimmy Raney n'a jamais connu un succès à la hauteur de son mérite et de son importance musicale. À force de fuir les prouesses faciles qu'aurait pu lui permettre son éblouissante technique, ce musicien majeur a réussi à se faire oublier ! Sous la discrétion des effets, il faut redécouvrir ce chantre de l'essentiel.

James Elbert Raney naît à Louisville, dans le Kentucky, le 20 août 1927. Sa mère, guitariste, lui inculque les rudiments de l'instrument, qu'il étudie ensuite avec un certain Hayden Causey. C'est avec ce dernier qu'il découvre le jazz et, en particulier, Charlie Christian, dont l'influence sur son jeu sera fondamentale. À dix-sept ans, il joue pendant deux mois dans le New York Band de Jerry Wald, où il côtoie le saxophoniste Al Cohn. De 1944 à 1947, il travaille à Chicago avec Max Miller, Lou Levy, Lee Konitz et Jay Burkhart. De retour à New York, il entre chez Woody Herman (1947-1948), puis devient membre du trio de Al Haig et du sextette de Buddy DeFranco. On le retrouve avec Artie Shaw (1949-1950), avec Terry Gibbs et dans un des quintettes de Stan Getz (1951-1953). Red Norvo l'engage et l'emmène en Europe en 1954, avec la tournée Jazz Club USA, dont fait partie Billie Holiday. La même année, il travaille avec Les Elgart et Teddy Charles. Il se produit au Blue Angel de New York avec le pianiste Jimmy Lyons (1955-1960). Avec le quartette de Don Elliott, il participe à la comédie musicaleThurber Carnival. Après une assez longue période de silence (1964-1972), Jimmy Raney effectue un retour réussi tant au disque qu'à la scène. Au début de 1977, il forme avec l'un de ses fils, Doug (né à New York en 1956), un duo de guitares qui, en club ou en studio, renoue avec le succès. L'élite des musiciens de son temps – Herbie Stewart, Bill Perkins, Richie Kamuca, Tommy Flanagan, Martial Solal, Jim Hall (autre maître de la guitare), John Lewis, Eric Dolphy, Bob Brookmeyer – l'avait choisi comme partenaire. Les thèmes de ce compositeur prolifique – Signal, Motion, Parker 51, Lee, Five, notamment – connaîtront leur heure de gloire, en particulier dans les années 1950, grâce à Stan Getz principalement.

L'élégance, l'éloquence racée de Jimmy Raney s'appuient sur une science musicale approfondie. La clarté de l'expression et la rigueur de la mise en place ne visent qu'à l'efficacité du swing et à la perfection mélodique. Avec un mélange rare d'intelligence et de sensibilité, il sait donner à chaque note une densité particulière, à chacun de ses accords un enrichissement harmonique très personnel. Une vitalité rythmique et une vélocité héritées de Charlie Christian contribuent à une technique d'une sûreté impressionnante. Une inspiration exceptionnelle s'exprime en longues phrases magnifiquement équilibrées, zébrées soudain de fulgurances d'une surprenante virtuosité. L'opinion du grand critique américain Leonard Feather ? « Un musicien superlatif ! »

— Pierre BRETON

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Pierre BRETON. RANEY JIMMY (1927-1995) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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