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COURBES ALGÉBRIQUES

En fondant la géométrie analytique, Descartes avait substitué au plan de la géométrie d'Euclide l'ensemble R2 des couples de nombres réels et, de ce fait, à la notion de courbe, celle d'équation. La construction d'un point, puis la détermination d'un lieu géométrique se trouvaient ainsi remplacées par une représentation paramétrique, et une élimination. L'existence de méthodes canoniques d'élimination en théorie des polynômes est sans doute à l'origine de l'intérêt porté aux courbes algébriques, c'est-à-dire, grosso modo, à l'ensemble des points d'un plan où s'annule un polynôme.

Le rôle important de l'homogénéité dans la théorie des polynômes, aperçu au moment où s'élaborait la géométrie projective, a conduit à concevoir les modèles de courbes algébriques comme appartenant au plan projectif, qui a l'avantage d'être compact. D'autre part, si la conception initiale de la géométrie analytique était essentiellement une question de variables réelles, les géomètres algébristes ont été amenés à prendre comme corps de base le corps complexe à cause de la propriété fondamentale suivante : Tout polynôme de degré n à coefficients complexes a exactement n racines complexes, en tenant compte de leur ordre de multiplicité (propriété de clôture algébrique du corps C des nombres complexes) ; les courbes algébriques ont été les premiers exemples de variétés analytiques complexes.

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Cela n'empêche pas, au moins dans le cas des polynômes à coefficients réels, pour aider l'imagination, de s'intéresser à la courbe réelle, lieu des points à coordonnées réelles, dans un plan affine ou même métrique déduit du plan projectif en spécialisant une droite à l'infini et en munissant le repère des propriétés adéquates (orthogonalité, normes) : c'est la raison pour laquelle les mathématiques ont connu toute une abondante « flore » de courbes algébriques remarquables.

Courbes irréductibles

Considérons donc un plan projectif complexe, dans lequel les coordonnées homogènes sont x, y, z, et un polynôme (à coefficients réels ou complexes) homogène F de degré n ;

est l'équation d'une courbe algébrique. Le point A (a, b, c) appartient à la courbe si :

Si l'on représente le même point par les coordonnées λa, λb, λc, où λ ≠ 0, on a :

on voit que ce fait est bien indépendant du choix des coordonnées homogènes et que des polynômes proportionnels définissent la même courbe.

Si F(x, y, z) n'est pas décomposable sur le corps complexe en un produit de facteurs non constants, tout polynôme qui s'annule partout où s'annule F est de la forme :

par suite, si on appelle courbe irréductible l'ensemble des points où s'annule un polynôme indécomposable, la connaissance de la courbe entraîne celle de son équation (à un facteur constant non nul près).

La décomposition d'un polynôme quelconque en produit de facteurs irréductibles montre alors qu'une courbe algébrique générale doit être considérée comme constituée de composantes irréductibles, affectées chacune d'un exposant qui est un entier naturel, sa multiplicité. C'est ainsi que la courbe :

est formée de la droite double z = 0 et de la conique simple x2 + y2 − z2 = 0.

Bien entendu, la notion de composante irréductible (et la multiplicité correspondante) sont des notions projectives, indépendantes du choix du repère, mais qui sont essentiellement liées au fait que le corps de base est algébriquement clos.

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Écrit par

  • : ancien vice-doyen de la faculté des sciences de Paris

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Pour citer cet article

Luc GAUTHIER. COURBES ALGÉBRIQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Autres références

  • BÉZOUT ÉTIENNE (1739-1783)

    • Écrit par Jacques MEYER
    • 172 mots

    Le nom d'Étienne Bézout doit être associé à l'utilisation des déterminants dans la théorie des équations algébriques. Dans son mémoire à l'Académie (1764) et surtout dans son ouvrage Théorie générale des équations algébriques (1779), Bézout donne des règles pour résoudre...

  • CALCUL INFINITÉSIMAL - Histoire

    • Écrit par René TATON
    • 11 465 mots
    • 3 médias
    ...est, aux environs du point de contact, tout entière d'un même côté de la courbe, il réussit à ramener la détermination de la tangente en un point d'une courbe algébrique à la recherche de l'extrémum d'une fonction algébrique, d'où il déduit la sous-tangente à la courbe donnée au point considéré....
  • CASTELNUOVO GUIDO (1865-1952)

    • Écrit par Jean-Luc VERLEY
    • 342 mots

    Mathématicien italien dont les travaux ont porté principalement sur la géométrie algébrique. Né à Venise, Castelnuovo fut l'élève de Véronèse à Padoue ; assistant à Turin, il eut avec C. Segre de nombreux entretiens d'où devait sortir l'exposé de la géométrie sur une courbe algébrique, publié...

  • CLAIRAUT ALEXIS CLAUDE (1713-1765)

    • Écrit par Universalis
    • 212 mots

    Mathématicien français. Né à Paris, Clairaut (ou Clairault) fit, sous la conduite de son père qui était professeur de mathématiques, de tels progrès en cette science qu'à l'âge de douze ans il lisait devant l'Académie une note sur les propriétés de quatre courbes qu'il avait découvertes. Ses ...

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