Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CONTREFAÇON

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par , et

Les divers faits de contrefaçon

Différents modes de protection juridique répondent aux atteintes multiples au droit de la propriété industrielle. Ces protections renvoient aux spécificités juridiques qui entourent les brevets, les dessins et modèles, et les marques. Dans cette perspective, la loi ne punit pas seulement la reproduction exacte de l'objet protégé par le monopole, mais de nombreux faits qui portent atteinte à ce monopole par d'autres voies.

En matière de brevets d'invention

Un temps dépénalisée, la contrefaçon de brevet est un délit depuis la loi du 26 novembre 1990, prise pour lutter efficacement contre le pillage du potentiel technique. Les insuffisances de plus en plus manifestes du régime de sanctions civiles, ouvrant seulement droit au versement de dommages et intérêts, ont déterminé le législateur à réintroduire un régime de sanctions pénales pour réprimer la contrefaçon de brevets. Le droit de propriété dû à l'inventeur d'un procédé technique est soumis à un dépôt à l'Institut national de la propriété industrielle (I.N.P.I.), qui a succédé en 1951 à l'Office national créé en 1901 (O.N.P.I.). C'est la nouveauté technique qui caractérise le brevet : une invention est considérée comme nouvelle si elle n'est pas comprise dans l'état de la technique. Toute fabrication, importation ou mise en vente d'un produit contrefaisant est réprimée. La définition précise du brevet d’invention et des atteintes de ce droit à travers les pratiques de contrefaçon permet également de spécifier les différents types de délits en matière de brevet.

Le délit de fabrication est la réalisation matérielle de l'objet breveté. Lorsqu'il s'agit d'un brevet de procédé, c'est la fabrication d'un produit par le procédé breveté.

Il doit s'agir d'une fabrication matérielle et non pas d'un simple acte juridique tel que la promesse de fabrication ou la prise d'un brevet contrefaisant. En revanche, la fabrication en cours constitue la contrefaçon dès que le résultat recherché ne fait plus de doute.

Le droit de celui qui a déposé un brevet ne permet tout de même pas d'interdire au légitime détenteur d'un produit breveté de procéder à la réparation de celui-ci ; mais il faut alors qu'il s'agisse bien d'une réparation et non d'une fabrication plus ou moins camouflée.

En cas de commande, c'est en principe celui qui passe la commande qui se rend coupable de contrefaçon. Sauf circonstances exceptionnelles, l'exécutant de bonne foi ne peut pas faire l'objet de poursuites pénales. On pourra seulement saisir entre ses mains les objets contrefaisants.

Le fait de se servir de mauvaise foi de l'objet contrefaisant, indépendamment de sa fabrication, constitue un délit d'usage. L'usage incriminé doit s'entendre d'un usage commercial dans lequel celui qui fait l'acte d'usage sert d'intermédiaire entre la clientèle et le titulaire du brevet (qu'il loue l'objet, le revende, ou s'en serve pour une production industrielle, etc.). Au contraire, l'usage personnel et privé ne tombe pas sous le coup de la loi : ce serait introduire dans la vie commerciale un trop grave facteur d'incertitude que de laisser peser sur tout acheteur d'un produit la menace d'une condamnation pour contrefaçon. L'usage privé peut parfois être retenu, en cas de mauvaise foi de l'usager, sous la qualification de recel de chose contrefaisante.

En matière de dessins et modèles

L' auteur d'un dessin ou d'un modèle bénéficie d'un droit de propriété sur son œuvre. Ce qui caractérise ce droit, tout comme pour le droit de brevet, c'est la nouveauté de l'œuvre. Pour éviter toute contestation, il est comme pour les brevets prescrit de les déposer à l'I.N.P.I. pour prendre[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : premier substitut, chef de la section économique, chargé d'enseignement de droit pénal à l'université de Paris-II
  • : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Lyon
  • : directeur général de l'Institut national de la propriété industrielle

Classification

Pour citer cet article

Alain BLANCHOT, Albert CHAVANNE et Daniel HANGARD. CONTREFAÇON [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • ART (L'art et son objet) - Le faux en art

    • Écrit par
    • 6 715 mots
    ...distinguer l'œuvre ancienne (parfois contemporaine de celle dont elle prend le masque, et que l'ignorance ou la supercherie font passer pour authentique) de la contrefaçon proprement dite. C'est cette dernière qui étonne toujours le public ; celui-ci se réjouit de voir dupé le riche amateur, se gausse de la confusion...
  • BREVET D'INVENTION

    • Écrit par , et
    • 10 776 mots
    Les atteintes portées au monopole conféré par le brevet s'analysent comme des faits de contrefaçon permettant d'agir contre leurs auteurs par l'action en contrefaçon.
  • FRAUDES ALIMENTAIRES

    • Écrit par
    • 5 257 mots
    • 4 médias
    ...interdits ou en masquant les défauts du produit. La fraude peut aussi viser un gain en prestige qui se traduira par un gain financier : on peut citer la contrefaçon et l’usurpation d’image dans le cas des marques et labels alimentaires (par exemple, étiqueter « Champagne » un vin produit hors de la région...
  • INTERNET - Aspects juridiques

    • Écrit par
    • 5 392 mots
    ...question de mesure, ce qui n'est pas sans générer une relative insécurité juridique. En effet, un internaute peut passer facilement de la copie privée à la contrefaçon. La loi du 1er août 2006 prévoyait des peines particulières en cas de reproduction non autorisée ou de communication au public d'œuvres...
  • Afficher les 14 références