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COMMUNION

Ce qu'on entend par communion révèle une double dimension d'accomplissement spirituel de l'être humain : a) une dimension transindividuelle de communauté, impliquant les notions de partage, d'échange, de réunion, de témoignage, de service, de don, de convivialité ; b) une dimension surindividuelle d'union personnelle, impliquant les notions de présence, de participation, de fusion avec le divin, d'adoration, d'accomplissement, d'unicité.

Loin de se contredire, ces deux dimensions de l'acte de communion se renforcent et se complètent l'une l'autre, dans une expérience de l'être comme présence ineffable, où se rejoignent l'intime et le commun, l'unique et le pluriel, le même et l'autre. Les expériences spirituelles que désigne la notion de communion se trouvent au-delà de toute réduction possible en termes d'individuel et de collectif, comme en termes de sacré et de profane.

Traditionnellement, le processus d'approfondissement mystique du rapport de l'humain au divin se présente selon trois phases : purificatrice, illuminative, unitive. C'est à cette dernière phase que correspond la mystique propre de la communion. Pour la pensée traditionnelle, l'image de l'homme se compose de trois niveaux ontologiques, correspondant aux trois termes : esprit, âme, corps. La première phase correspond à un lent processus de séparation des opposés (esprit-corps). Elle s'achève par un retournement des valeurs d'existence : l'existence spirituelle est comprise comme précédant ontologiquement l'existence corporelle. Ce basculement correspond à une conversion de l'esprit. La phase contemplative réalise un processus de coïncidence des opposés. Cette coïncidence semble s'actualiser par une illumination, ou vision illuminante, qui emporte l'adhésion et la conversion de l'âme à la réalité transcendante de l'imagination créatrice. La troisième phase tend à une illumination du corps lui-même. Il s'agit de vivre la proximité du divin dans et par le corps. La phase unitive correspond à une conversion du corps. Par la communion, le corps s'illumine en se réunissant, par l'intermédiaire de l'âme, à la vie de l'esprit. Le corps devient sensible à la lumière créationnelle. Sur le plan théologique, la communion correspond ainsi à une glorification de la matière, à une divinisation (théôsis) de la création par l'union de la créature et du créateur.

La communion réalise un approfondissement du don de l'être. Elle correspond à un lent épanouissement d'un état de participation de la créature à la totalité de la création. Cet état se traduit psychologiquement en l'être humain par une sensation d'appartenance et de respect de la création, puis de compassion et d'écoute envers les créatures, enfin d'engagement et d'accueil de la réalité créatrice absolument transcendante.

Ainsi replacée dans un processus très général d'initiation de l'humain aux mystères de la vie divine, la communion n'appartient pas uniquement au christianisme. Sur le plan spécifiquement théologique comme sur le plan très général de l'anthropologie religieuse, elle constitue un ensemble d'expériences spirituelles corporellement vécues, qu'il est possible d'étudier dans la phénoménologie religieuse à travers tout un ensemble de symboles, de mythes et de rites, de textes liturgiques et métaphysiques.

Si l'on approche le fait religieux de la communion du point de vue de sa phénoménologie, on peut dire que la communion se propose symboliquement de rassasier, d'étancher et de combler la créature, dans sa réalité la plus charnelle ou corporelle. Elle tend à un épanouissement charnel, la créature se découvrant corps de participation à la vie divine. Cette plénitude[...]

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Classification

Pour citer cet article

Alain DELAUNAY. COMMUNION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BANQUET RITUEL

    • Écrit par Henry DUMÉRY
    • 392 mots

    Banquet appartenant à la catégorie des repas totémiques, des sacrifices mangés et des cérémonies de communion.

    Selon Freud, le banquet rituel serait la reproduction et la fête commémorative d'un événement historique, à savoir le « parricide primitif » (meurtre du père de la horde par...

  • CARLSTADT ANDREAS RUDOLF BODENSTEIN dit ANDREAS (1480 env.-1541)

    • Écrit par Raoul VANEIGEM
    • 546 mots

    Née des querelles d'interprétation que la traduction des textes sacrés avait suscitées, la doctrine de Carlstadt traduit surtout la volonté d'indépendance qui se manifeste au début du xvie siècle, en Allemagne, contre le formalisme et l'intransigeance du parti luthérien. Bien qu'il...

  • EUCHARISTIE

    • Écrit par Jean-Pierre JOSSUA
    • 7 095 mots
    La communion fait essentiellement partie de la messe. Jusqu'au ive siècle, on ne communie en dehors de la célébration qu'en cas d'impossibilité de s'y rendre, il n'y a pas de messe sans communion des fidèles et tout le monde communie. Petit à petit, des dissociations se sont introduites dans la...
  • SACRIFICE

    • Écrit par Roger BASTIDE
    • 3 538 mots
    • 1 média
    Avec W. R.  Smith, on passe de l'antériorité du sacrifice-don à celle du sacrifice-communion. Le sacrifice primitif ne peut pas être un don, parce que le don suppose le sentiment de propriété et celui d'obligation envers les dieux, deux sentiments qui ne pouvaient exister, selon Smith, chez nos...

Voir aussi