CEI (Communauté des États indépendants)
La Communauté des États indépendants (C.E.I.) a été constituée en 1991 à l'initiative du président de la Russie, Boris Eltsine. Alors que l'U.R.S.S. était en pleine décomposition depuis le putsch dirigé contre son président, Mikhaïl Gorbatchev, en août 1991, puis le référendum sur l'indépendance de l'Ukraine le 1er décembre de la même année, les présidents de la Russie, de l'Ukraine et de la Biélorussie (Belarus) se réunirent à Bielovej, près de Minsk, le 8 décembre, pour créer une nouvelle entité regroupant les trois États slaves de l'U.R.S.S. Le 21 décembre, huit autres républiques soviétiques se joignirent à cette communauté, à Alma-Ata, au Kazakhstan. De la sorte, la C.E.I. comprenait, quatre jours avant la dissolution formelle de l'U.R.S.S., toutes les ex-Républiques soviétiques à l'exception des trois États Baltes, indépendants depuis août 1991 et reconnus par la communauté internationale comme continuateurs des pays Baltes annexés par l'U.R.S.S. à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et de la Géorgie, alors en pleine guerre civile et qui adhérera en octobre 1993.
Que représente cette organisation ? Ce n'est ni un État, ni une fédération, ni une confédération. Ce n'est même pas, malgré son nom, une « communauté », que ce soit au sens britannique de Commonwealth, au sens français appliqué à l'union constituée par la France avec ses anciennes colonies entre 1958 et 1960, ou même au sens flou de sodroujestvo en russe. C'est plutôt un club de chefs d'État méfiants, contraints ou sceptiques, souvent en conflit les uns avec les autres, et engagés dans d'autres coalitions à géométrie variable. La charte de la C.E.I. adoptée en 1993 ne lui reconnaît aucun attribut de supranationalité. Le seul point commun à tous ses membres est leur appartenance à l'ex-U.R.S.S., ce que onze États sur douze veulent faire oublier, face à la Russie qui se pose en héritière.
Cependant, on ne peut dire que la C.E.I. succède à l'U.R.S.S. Le rôle est tenu par la Russie, tant du point de vue diplomatique (la Russie s'est installée dans les ambassades soviétiques et a occupé les sièges de l'U.R.S.S. dans les organisations internationales) qu'économique (la Russie a recueilli les dettes et les créances de l'U.R.S.S.). En outre, elle est le principal acteur au sein de la C.E.I. Enfin, ce sont les relations économiques entre la Russie et ses partenaires de la C.E.I. qui constituent la principale raison d'être de l'organisation.
La C.E.I., organisation internationale : une voie vers l'intégration des États ex-soviétiques ?
Si l'on s'en tient aux initiatives déclarées pour asseoir la C.E.I. comme moteur d'une intégration économique de plus en plus poussée entre les États membres, on peut avoir l'illusion d'une dynamique. En fait, la C.E.I. s'est révélée être une coquille vide, ce qui a poussé ses membres à rechercher des associations subrégionales partageant des intérêts communs.
Un processus d'intégration sur le papier
La liste des tentatives visant à renforcer la C.E.I. est longue :
– libéralisation des échanges entre les pays membres (février 1992) ;
– création d'une Banque interétatique pour gérer les règlements entre États dans le cadre d'une zone monétaire unique, la zone rouble (décision prise en octobre 1992) ; la disparition de la zone rouble, en 1993, n'a pas entraîné celle de la Banque qui, en 1997, a été chargée d'étudier l'introduction d'une monnaie unique de la C.E.I. entre 2005 et 2010 ;
– adoption d'une Charte prévoyant la possibilité de créer un espace économique commun, assorti des quatre libertés d'un marché commun (libre mouvement des marchandises, de la main-d'œuvre, du capital et des services) et promouvant le commerce[...]
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Écrit par
- Marie LAVIGNE : professeur émérite de sciences économiques, université de Pau
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