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CONSEIL DE L'EUROPE

Le problème de l'unification de l'Europe fut posé au Congrès de La Haye en 1948 avec une ampleur particulière. Une proposition de Paul Reynaud visant à faire élire une assemblée européenne au suffrage universel suscita des débats passionnés. Les résolutions finales plus modérées recommandèrent la création d'une assemblée élue par les parlements nationaux et chargée de préparer différents projets.

En novembre 1948 se réunit à Paris une conférence préparatoire regroupant les États membres de l'Union de l'Europe occidentale, c'est-à-dire les trois pays du Benelux, la France et la Grande-Bretagne. Deux thèses s'y affrontent : la thèse franco-belge, préconisant une union européenne dont l'organe principal serait une assemblée parlementaire issue des différents parlements européens et délibérant à la majorité des voix, et la thèse britannique, proposant une assemblée diplomatique composée de représentants des gouvernements. Le compromis se fit autour de la création d'une organisation qui ne porterait pas le nom d'Union européenne, mais celui de Conseil de l'Europe, et qui serait constituée d'un comité des ministres et d'une assemblée consultative ; il aurait son secrétariat permanent à Strasbourg, siège de l'organisation. L'Irlande, l'Italie, la Norvège, la Suède et le Danemark se joignent aux cinq de l'Union européenne occidentale à Londres le 5 mai 1949 pour signer le statut du Conseil de l'Europe.

L'adhésion des autres pays d'Europe à cet organisme s'opère progressivement (Grèce, 1949 ; Islande et Turquie, 1950 ; république fédérale d'Allemagne, 1951 ; Autriche, 1956 ; Chypre, 1961 ; Suisse, 1963 ; Malte, 1965 ; Portugal, 1976 ; Espagne, 1977 ; Liechtenstein, 1978 ; Saint-Marin, 1988 ; Finlande, 1989 ; Hongrie, 1990 ; Pologne, 1991 ; Bulgarie, 1992 ; Estonie, Lituanie, République tchèque, Slovaquie, Slovénie et Roumanie, 1993 ; Andorre, 1994 ; Lettonie, Moldavie, Ukraine, Macédoine et Albanie, 1995 ; Russie et Croatie, 1996 ; Géorgie, 1999 ; Arménie et Azerbaïdjan, 2001 ; Bosnie-Herzégovine, 2002 ; Serbie-et-Monténégro, 2003 ; Monaco, 2004 ; Monténégro, 2007). La Sarre avait adhéré en même temps que la R.F.A., mais se retire en 1957. La Grèce, à la suite d'un long débat introduit par la Suède sur les méthodes non démocratiques utilisées depuis 1967, préféra se retirer en 1969 plutôt que de risquer l'exclusion. C'est le Comité des ministres, instance diplomatique classique composée des ministres des Affaires étrangères, qui est compétent pour agir au nom du Conseil de l'Europe. Pour les questions importantes, la règle de vote est l'unanimité, l'abstention ne faisant pas obstacle. Les recommandations ainsi émises sont dépourvues de toute force exécutoire et soumises à ratification. L'Assemblée consultative, malgré les désirs exprimés à La Haye, est constituée de parlementaires désignés au sein de leurs parlements nationaux. La répartition des sièges s'est faite à mi-chemin entre l'égalité diplomatique et la représentation proportionnelle au nombre d'habitants. Depuis 1951, l'Assemblée est maîtresse de son ordre du jour. Le vote est pris ordinairement à la majorité. Les rapports entre Comité et Assemblée ont été jugés peu satisfaisants malgré l'institution d'un comité mixte, sous la présidence du président de l'Assemblée, formé de deux délégations, l'une émanant de l'Assemblée, l'autre du Comité.

Il est difficile de rendre compte des différentes tâches accomplies par le Conseil de l'Europe, les attributions et compétences de celui-ci étant fixées d'une façon vague et large. On a pu dire que le Conseil « tend à réaliser la plénitude de l'Europe et à en être le législateur ». Ne sont pas[...]

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Pour citer cet article

Jacqueline DEMALDENT. CONSEIL DE L'EUROPE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    ...l'autre autour des partis nationalistes, la troisième autour du PDA, 24 partis au total étant en lice pour élire les 140 députés de l'Assemblée du peuple. Acceptée au Conseil de l'Europe en 1995 à la condition de répondre dans les trois ans à certains critères (instauration d'une nouvelle Constitution, abolition...
  • ARMÉNIE

    • Écrit par Jean-Pierre ALEM, Françoise ARDILLIER-CARRAS, Christophe CHICLET, Sirarpie DER NERSESSIAN, Universalis, Kegham FENERDJIAN, Marguerite LEUWERS-HALADJIAN, Kegham TOROSSIAN
    • 23 765 mots
    • 13 médias
    Membre de la Communauté des États indépendants (C.E.I.) depuis sa création en décembre 1991 et quarante-deuxièmeÉtat membre du Conseil de l'Europe depuis le 25 janvier 2001, l'Arménie reste liée à la Russie par des accords politico-économiques qui lui assurent une certaine sécurité face...
  • BERNE CONVENTION DE (1979)

    • Écrit par Sandrine MALJEAN-DUBOIS
    • 789 mots
    • 1 média

    Sous la pression des mouvements associatifs naturalistes, l’Europe se dote – après l’Afrique (1933) et l’Amérique (1940) – d’une convention régionale de protection de la nature : la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe. Signée...

  • BLASPHÈME

    • Écrit par Thomas HOCHMANN
    • 7 019 mots
    • 5 médias
    ... internationales sont plus audacieuses que la Cour européenne des droits de l’homme à l’égard des lois contre le blasphème. Deux autres organes du Conseil de l’Europe, organisation dont dépend également la Cour européenne des droits de l’homme, ont ainsi appelé explicitement à l’abrogation de ces...
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Voir aussi