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CEI (Communauté des États indépendants)

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La C.E.I., un espace commun de défense ?

La C.E.I. est une sorte de paradoxe : elle symbolise la désintégration de l'U.R.S.S., tout en formant le cadre d'une ré-intégration minimaliste où la Russie joue le rôle dominant mais contesté. C'est sans doute dans le domaine de la défense que ce paradoxe est le plus visible.

La Charte de la C.E.I. mentionne en son article 11 un « espace commun militaro-stratégique ». Les pays membres sont liés par un Traité de sécurité collective signé en mai 1992 à Tachkent et entré en vigueur en 1994, sans la participation de l'Ukraine, de la Moldavie et du Turkménistan. Des accords-cadres sur la défense aérienne commune (février 1995), la protection des frontières (mai 1995) et le maintien de la paix (janvier 1996) complètent le traité. Ces accords ne font pas non plus le plein des signatures. L'Azerbaïdjan, la Moldavie n'ont rien signé ; le Turkménistan, l'Ouzbékistan et l'Ukraine n'ont pas signé l'accord sur la protection des frontières ; l'Ukraine, le Kazakhstan et le Turkménistan, celui sur le maintien de la paix. La C.E.I. a un Conseil des ministres de la Défense mais pas de commandement commun des forces armées, ni d'ailleurs de forces armées propres ; il n'existe qu'un état-major pour la coopération et la coordination en matière militaire créé en 1993.

C'est bien là un squelette d'intégration militaire, qu'aucun des membres de la C.E.I. ne souhaite renforcer. La Russie préfère assurer les tâches de sécurité collective au travers d'accords bilatéraux ad hoc avec ses partenaires. Ceux-ci ne veulent pas payer pour une défense commune, et n'ont pas la même perception de la nature des menaces extérieures pouvant peser sur eux. La Russie n'est soutenue que par la Biélorussie dans son hostilité à l'O.T.A.N. et peut-être par l'Ukraine, qui révise ainsi sa politique de rapprochement avec l'O.T.A.N. : en effet, les deux États ont signé en janvier 2001 un accord militaire prévoyant entre autres la création d'une unité navale commune.

La question des frontières est significative. Tous les États membres ont signé en 1994 une Déclaration sur le respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'inviolabilité des frontières d'État de la C.E.I., sauf l'Arménie en raison de son conflit avec l'Azerbaïdjan à propos de l'enclave arménienne du Haut-Karabakh. La Russie est, de fait, seule à assurer la protection des frontières extérieures sur la base d'accords bilatéraux, notamment avec le Tadjikistan et l'Arménie. Dans un esprit très différent, la Russie a également des troupes en Géorgie, et veut renforcer cette implantation militaire afin de mieux pouvoir réduire la Tchétchénie. Elle contrevient ainsi à la Déclaration de 1994, en soutenant les républiques géorgiennes sécessionnistes d'Ossétie-du-Sud et d'Abkhazie ; de même, en Moldavie, elle soutient la « république » autoproclamée de Transnistrie, à population russophone.

La C.E.I. n'est efficace dans aucun domaine. Est-elle inutile ? Sa disparition mettrait à nu les tensions centrifuges et les éléments d'éclatement. Son maintien constitue au moins un forum d'échanges de vues et, par là, un élément de stabilité politique, en attendant mieux.

— Marie LAVIGNE

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Écrit par

  • : professeur émérite de sciences économiques, université de Pau

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Pour citer cet article

Marie LAVIGNE. CEI (Communauté des États indépendants) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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CEI (Communauté des États indépendants)

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Vladimir Poutine

Taille et poids économique des États de la C.E.I. - crédits : Encyclopædia Universalis France

Taille et poids économique des États de la C.E.I.

Autres références

  • ARMÉNIE

    • Écrit par , , , , , , et
    • 23 765 mots
    • 13 médias
    Membre de la Communauté des États indépendants (C.E.I.) depuis sa création en décembre 1991 et quarante-deuxième État membre du Conseil de l'Europe depuis le 25 janvier 2001, l'Arménie reste liée à la Russie par des accords politico-économiques qui lui assurent une certaine sécurité face...
  • BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement)

    • Écrit par et
    • 598 mots

    La BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) est une institution internationale qui s'apparente par sa vocation à son illustre ancêtre, la Banque mondiale, à ceci près qu' elle officiait initialement et exclusivement dans les pays de l'Europe centrale et orientale...

  • BIÉLORUSSIE

    • Écrit par , et
    • 10 818 mots
    • 5 médias
    ...partenaires commerciaux en 2004-2005 (on enregistre notamment une croissance de la part de l'Union européenne), la Biélorussie reste très solidement arrimée à la CEI si l'on regarde la structure de ses échanges extérieurs de marchandises. Elle a fait 53 % de ses exportations vers les pays de la CEI en 2004, surtout...
  • CASPIENNE, géopolitique

    • Écrit par
    • 7 458 mots
    ...s'est hâtée de créer un système collectif lui permettant d'exercer son contrôle sur l'espace postsoviétique. En décembre 1991, à Alma-Ata (Almaty), la Communauté des États indépendants (CEI), organisation à vocation économique, politique et militaire a vu le jour. Les trois États caspiens n'ont pas une...
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