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CALIFAT ou KHALIFAT

Les temps modernes : la suppression du califat

À la suite de cette catastrophe, on pensa en Occident à relever le califat : le titre d' émir des croyants fut pris par les Almohades, et surtout les Hafsides de Tunis, ces derniers portant en bloc toutes les épithètes califiennes, « calife (titre imamien) et émir des croyants ». Mais ces dynastes maghrébins ne furent reconnus comme tels que dans leurs principautés respectives. Le sultanBaïbars, sultan mamlouk d'Égypte, fit preuve d'une grande finesse diplomatique en accueillant au Caire un descendant authentique du calife abbasside mésopotamien. En même temps qu'il donnait un certain éclat à son propre gouvernement, il justifiait ainsi son protectorat sur les villes d'Arabie. Le dernier calife abbasside d'Égypte, Mutawakkil III, fut emmené en captivité à Istanbul par le conquérant ottoman de l'Égypte, le sultan Sélim Ier, qui se fit céder, dit-on, par l'intéressé, ses droits et ses titres (1517). On n'a guère ajouté foi à cette transmission de pouvoirs et, de fait, rares sont les sultans ottomans qui se sont targués du titre de calife dans les actes diplomatiques ou dans leurs inscriptions monumentales. Toutefois, le sultan Abd al-Hamid II (1876-1909) y attacha quelque importance au moment où, sous ses directives, on lançait le mouvement du panislamisme. La soudaine laïcisation de la Turquie par Mustafa Kemal Atatürk éclata comme un coup de tonnerre au sein d'un monde musulman inquiet et posa un temps la question du rétablissement du califat, aboli le 3 mars 1924. La suppression du califat avait revêtu une très grande importance pour des raisons secondaires, mais surtout parce qu'il était devenu une habitude. On assista à quelques polémiques, puis des congrès se réunirent à Jérusalem, à La Mecque et au Caire, en 1926 ; mais l'indifférence des milieux islamiques fut presque totale. Les considérations précédentes prouvent assez que le califat était une institution désuète et sans efficacité réelle pour l'Islam.

— Gaston WIET

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France

Classification

Pour citer cet article

Gaston WIET. CALIFAT ou KHALIFAT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

900 à 1000. Morcellement - crédits : Encyclopædia Universalis France

900 à 1000. Morcellement

Autres références

  • ABŪ BAKR (570 env.-634)

    • Écrit par Khalifa SOUA
    • 1 049 mots

    Premier calife musulman, ami, beau-père et successeur du Prophète Mahomet ‘Abd Allāh, Abū Bakr reçut le surnom de ‘Atīq (affranchi), puis celui d'al-Siddīq (le crédule), parce qu'il aurait été le premier à avoir cru immédiatement à l'histoire du voyage nocturne de Mahomet à ...

  • ‘ALĪ IBN ABĪ ṬĀLIB (600 env.-661)

    • Écrit par Georges BOHAS
    • 664 mots

    Cousin de Muḥammad, et l'un des premiers convertis à l'islam. En 623 (ou 624), ‘Alī épouse Fāṭima, fille du Prophète et de sa première épouse, Khadīdja. À la mort du Prophète, en 632, il ne lui succède pas à la tête de la communauté : ce n'est qu'en 656 qu'il sera élu calife. La légende et...

  • ANDALOUSIE

    • Écrit par Michel DRAIN, Marcel DURLIAT, Philippe WOLFF
    • 10 381 mots
    • 17 médias
    S'il est vrai que finalement le pouvoir du calife repose sur la force – qui s'est souvent manifestée avec rudesse –, l'organisation administrative atteint un développement avec lequel aucun pays chrétien ne pourrait alors rivaliser. À la tête de l'ensemble des services se trouve le ...
  • ARABE (MONDE) - Littérature

    • Écrit par Jamel Eddine BENCHEIKH, Hachem FODA, André MIQUEL, Charles PELLAT, Hammadi SAMMOUD, Élisabeth VAUTHIER
    • 29 245 mots
    • 2 médias
    – Un facteur socio-politique qui touche à la fonction du poète et à l'exercice de son art. L'institution du califat instaure la centralisation du pouvoir et ne saurait s'accommoder de l'organisation tribale. Celle-ci, d'autre part, est minée de l'intérieur par différentes dispositions juridiques...
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Voir aussi