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CALIFAT ou KHALIFAT

Impuissance califienne et rôle religieux du calife

Par une singulière ironie, le calife abbasside est en effet contraint d'accepter dans sa capitale même la tutelle de princes iraniens, les Buyides, qui, par surcroît, sont shī'ites, mais appartiennent à une secte rivale de celle des Fatimides. La situation morale des califes abbassides ne subit aucun changement lorsque les réformateurs seldjukides imposent leur suprématie au califat, tout en rétablissant le sunnisme. Le calife pense retrouver son ascendant en multipliant de façon singulière ses titres. Déjà le Fatimide s'était intitulé l'« esclave et ami de Dieu », titre que l'Abbasside s'octroie bien vite pour ne pas déchoir, en se qualifiant de « calife de Dieu », formule étrange qui, dans l'usage littéraire au moins, était d'un emploi courant. À vrai dire, cette même expression se rencontre pour la première fois à Cordoue, jointe au nom du calife omeyyade dans une inscription datée de 969, qui était passée inaperçue. Tandis qu'aux xie et xiie siècles la faiblesse du pouvoir temporel de l'Abbasside « rendait plus nécessaire, selon la remarque d'I. Goldziher, de faire ressortir sa dignité ecclésiastique ». De ce protocole officiel, l'épigraphie fournit une demi-douzaine d'exemples, mais on doit convenir que les juristes condamnèrent la formule « calife de Dieu » comme une marque d'impiété.

Il est donc indiqué d'examiner ici quel était le rôle légal du calife. Il n'a aucune compétence pour définir le dogme, domaine où il ne lui appartient pas de légiférer. S'il veille à l'application de la loi religieuse, il ne crée pas la loi. Si l'on se tourne vers le camp shī‘ite, on voit que l'iman est plus impeccable qu'infaillible.

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France

Classification

Pour citer cet article

Gaston WIET. CALIFAT ou KHALIFAT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

900 à 1000. Morcellement - crédits : Encyclopædia Universalis France

900 à 1000. Morcellement

Autres références

  • ABŪ BAKR (570 env.-634)

    • Écrit par Khalifa SOUA
    • 1 049 mots

    Premier calife musulman, ami, beau-père et successeur du Prophète Mahomet ‘Abd Allāh, Abū Bakr reçut le surnom de ‘Atīq (affranchi), puis celui d'al-Siddīq (le crédule), parce qu'il aurait été le premier à avoir cru immédiatement à l'histoire du voyage nocturne de Mahomet à ...

  • ‘ALĪ IBN ABĪ ṬĀLIB (600 env.-661)

    • Écrit par Georges BOHAS
    • 664 mots

    Cousin de Muḥammad, et l'un des premiers convertis à l'islam. En 623 (ou 624), ‘Alī épouse Fāṭima, fille du Prophète et de sa première épouse, Khadīdja. À la mort du Prophète, en 632, il ne lui succède pas à la tête de la communauté : ce n'est qu'en 656 qu'il sera élu calife. La légende et...

  • ANDALOUSIE

    • Écrit par Michel DRAIN, Marcel DURLIAT, Philippe WOLFF
    • 10 381 mots
    • 17 médias
    S'il est vrai que finalement le pouvoir du calife repose sur la force – qui s'est souvent manifestée avec rudesse –, l'organisation administrative atteint un développement avec lequel aucun pays chrétien ne pourrait alors rivaliser. À la tête de l'ensemble des services se trouve le ...
  • ARABE (MONDE) - Littérature

    • Écrit par Jamel Eddine BENCHEIKH, Hachem FODA, André MIQUEL, Charles PELLAT, Hammadi SAMMOUD, Élisabeth VAUTHIER
    • 29 245 mots
    • 2 médias
    – Un facteur socio-politique qui touche à la fonction du poète et à l'exercice de son art. L'institution du califat instaure la centralisation du pouvoir et ne saurait s'accommoder de l'organisation tribale. Celle-ci, d'autre part, est minée de l'intérieur par différentes dispositions juridiques...
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Voir aussi