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BIBLE L'étude de la Bible

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Le champ diversifié des méthodes d'approche

La plus ancienne et la plus largement pratiquée des méthodes d'approche du texte de la Bible est dite volontiers « historico-critique » : elle est à la fois historique et scientifique, reposant sur la rencontre de diverses activités critiques.

Cette méthode comprend d'abord la critique des sources : avec des antécédents plus anciens, celle-ci n'a vraiment pris forme qu'au xixe siècle, avec notamment l'hypothèse « documentaire » appliquée au Pentateuque et le problème synoptique propre aux Évangiles. On appelle source une unité littéraire ayant une existence antérieure à celle qu'on lui connaît dans le texte définitif où elle se retrouve. Dès lors, la critique des sources a pour but d'établir si le texte étudié provient d'un auteur unique ou s'il a une histoire ou une préhistoire antérieure, dont il convient alors de reconstituer les étapes. Ici, on doit encore distinguer entre les textes possédant des parallèles au sein même de la Bible (par exemple : I Chroniques, xvii, 10-14, d'un coté, et II Samuel, vii, 11-16, de l'autre ; ou encore : Marc, xvi, 1-8 par rapport à Matthieu, xxviii, 1-8) et les textes n'ayant pas de correspondant interne (ainsi les livres du Pentateuque, où, selon la théorie dite documentaire, s'intégreraient plusieurs « documents » désignés respectivement comme yahviste, élohiste, deutéronomiste et sacerdotal).

La méthode historico-critique se caractérise ensuite par la prise en compte critique des genres littéraires. Derrière les documents identifiés, on recherche les situations, les comportements, les usages et les intentions qui ont déterminé leur apparition, à tel moment, en tel lieu et surtout sous telle forme littéraire. Le genre littéraire désigne dès lors des unités textuelles ayant une forme commune, et l'on parle tout naturellement de « critique des formes ». L'objectif de cette démarche est double : l'identification de la forme en vue de déterminer le genre de l'écrit (d'où les formules germaniques : Formgeschichte, Gattungsgeschichte) ; l'identification de son milieu de vie (en allemand : Sitz im Leben), tout genre littéraire répondant à une situation spécifique.

Mais on peut parler de sources au sens plus large, presque analogiquement. Il existe en effet dans le Proche-Orient ancien, s'agissant de l'Ancien Testament, et dans le monde hellénistique puis gréco-romain, par rapport aux derniers livres de l'Ancien Testament et à l'ensemble du Nouveau Testament, des documents que l'on peut considérer comme plus ou moins voisins ou parallèles. C'est alors qu'intervient la démarche comparative. Des liens de parenté indéniables se repèrent fréquemment entre de nombreux textes anciens et les écrits bibliques (récits de naissance de héros ; récits de guérisons, etc.). On cherche à discerner ce que l'on appelle les influences, littéraires principalement. Cette tâche, qui nécessite des connaissances très solides, tant linguistiques ou philologiques qu'historiques, et qui suppose en amont un vaste travail archéologique, constitue un élément d'appoint de l'explication du texte biblique qui relève de l'histoire des religions (Religionsgeschichte).

Il existe une variante ou un prolongement de la critique des sources, tributaire de surcroît de la critique des genres littéraires, à savoir : l'« histoire de la tradition » (en allemand : Über Lieferungsgeschichte ou Traditionsgeschichte). Par « tradition », on entend ici une information plus ou moins légendaire transmise de génération en génération. Les traditions (récits, dictons, chansons, poèmes, codes de lois, etc.) sont le reflet de la façon dont un peuple comprend, explique et même justifie son existence, et ce en fonction du système politique[...]

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Pour citer cet article

André PAUL. BIBLE - L'étude de la Bible [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • LA BIBLE (trad. 2001)

    • Écrit par
    • 1 014 mots

    L'événement de la première rentrée littéraire française du xxie siècle a accompli la prédiction d'André Malraux : il a été d'ordre spirituel. Après six ans de travail, l'équipe de vingt écrivains et vingt-sept exégètes réunie par les éditions Bayard autour des Français Frédéric Boyer (écrivain)...

  • LA BIBLE DÉVOILÉE (I. Finkelstein et N. A. Silberman)

    • Écrit par
    • 975 mots

    Ce livre, traduit de l'anglais The Bible Unearthed par Patrice Ghirardi (La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, Bayard, Paris, 2002), présente un essai à la fois audacieux et tonique des apports de l'archéologie des cinquante dernières années à la compréhension...

  • AARON

    • Écrit par
    • 384 mots
    • 1 média

    On ne sait guère d'où vient le nom d'Aaron, peut-être d'Égypte comme celui de Moïse, dont, selon la Bible, Aaron aurait été le frère. Les traditions le concernant doivent être soumises à la critique et bien discernées l'une par rapport à l'autre. La figure postexilique d'Aaron...

  • ABRAHAM

    • Écrit par
    • 868 mots

    La Bible nous présente Abram (Père puissant), surnommé par la suite Abraham (Père d'une multitude de nations, ou selon l'akkadien : Aimant le Père), comme l'ancêtre commun des Ismaélites et des Israélites. L'histoire d'Abraham – le premier monothéiste – et celle de ses pérégrinations occupent une place...

  • ADAM

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    Dans la Genèse, un récit plus ancien, bien que placé en second lieu (Gen., ii, 4-25), décrit la formation de l'homme, modelé avec la glaise du sol, puis animé par le souffle de Dieu, qui en fait un être vivant, placé alors dans un jardin divin planté d'arbres fruitiers luxuriants. Dieu lui interdit...
  • ÂGE ET PÉRIODE

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    Si le temps de la Bible, qui compresse en six millénaires la durée de toute l'histoire du monde, s'impose durant le Moyen Âge occidental, ce mythe d'origine perd peu à peu sa crédibilité pendant les siècles suivants (même si toute lecture non littérale des livres saints reste passible...
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