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BACTÉRIES

Paramètres physico-chimiques du métabolisme bactérien

La plupart des cultures bactériennes sont effectuées à 37 0C par analogie avec la température centrale des mammifères, à cause, sans doute, des coutumes acquises en bactériologie médicale pour l'isolement de bactéries pathogènes à partir des prélèvements humains ou animaux, à la température desquels elles sont supposées s'être adaptées. Cependant, certaines bactéries ne se comportent qu'occasionnellement comme des parasites des organismes supérieurs (infections à bactéries « opportunistes »), et leurs conditions de vie habituelles dans le milieu extérieur leur confèrent une adaptation soit à des températures inférieures à 30 0C (bactéries psychrophiles), soit à des températures de l'ordre de 40 à 45 0C (bactéries thermophiles) ou même au-delà de 80 0C, jusqu'à 96 0C (hyperthermophiles). La majorité des bactéries tolèrent une échelle de températures comprises entre 20 et 45 0C : ce sont les bactéries mésophiles. La température, paramètre sélectif pour la croissance des bactéries, conditionne la prolifération exclusive de certaines espèces dans un biotope donné ; ainsi, les bactéries thermophiles seront abondantes dans les sources chaudes ou dans des bains de refroidissement de centrales thermiques ou thermo-nucléaires. Certaines bactéries psychrophiles posent des problèmes majeurs et de plus en plus fréquents en microbiologie alimentaire, du fait de la généralisation des procédés de stockage des denrées au réfrigérateur. Le stockage risque d'entraîner la prolifération d'espèces pathogènes pour l'homme, essentiellement des bactéries Gram négatives, capables de se multiplier à + 4 0C, alors que la plupart des bactéries contaminantes habituelles des aliments sont mésophiles et ont un métabolisme inhibé à basse température.

Les bactéries sont généralement tolérantes à des variations de pH entre 6 et 9, grâce à la régulation exercée par leur membrane cytoplasmique à l'encontre des ions H+. Dans les cultures en milieux non tamponnés, les alcalins libérés à partir notamment des réactions de décarboxylation des acides aminés ou les acides libérés par dégradation des carbohydrates peuvent modifier le pH dans des conditions telles que le milieu devient toxique pour les bactéries.

Les bactéries capables de survivre indépendamment de tout parasitisme intracellulaire sont tolérantes à de grandes variations de concentration ionique dans leur milieu et à des changements de pression osmotique, grâce aux systèmes de régulation exercés par la membrane cytoplasmique et à la rigidité de la paroi. L'équilibre en ions potassium et phosphore, essentiels pour le métabolisme énergétique des bactéries, est maintenu constant à l'intérieur de la cellule bactérienne, indépendamment des concentrations relatives de ces ions dans le milieu de culture. La plupart des bactéries tolèrent des concentrations modérées de sodium (de l'ordre de 9 p. 1 000), bien que cet élément ne soit indispensable qu'à la croissance de certaines bactéries dites halophiles. C'est notamment le cas des bactéries adaptées au milieu marin ou à d'autres biotopes d'eau salée, qui sont exigeantes vis-à-vis du sodium et qui peuvent tolérer des concentrations de sodium atteignant 30 p. 1 000. Ces bactéries, soudainement transférées dans un milieu de faible concentration ionique, seront lysées.

Certaines bactéries ayant réussi à s'adapter à des milieux très inhospitaliers sont dites extrémophiles. On distingue chez elles des halophiles, dont certaines exigent des concentrations en sodium atteignant 3 × molaires, les acidophiles, adaptées aux pH très bas (inférieur à 3), et inversement des alcaliphiles (pH supérieur à 10), enfin des barophiles, supportant des pressions très fortes.[...]

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Écrit par

  • : docteur en médecine, docteur ès sciences
  • : docteur en médecine, chef de service du laboratoire de microbiologie à l'hôpital de Nanterre
  • : professeur émérite à l'université Paris-Saclay, professeur honoraire à l'Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Jean-Michel ALONSO, Jacques BEJOT et Patrick FORTERRE. BACTÉRIES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Microscopie optique : bactéries - crédits : Encyclopædia Universalis France

Microscopie optique : bactéries

Croissance d'une culture bactérienne - crédits : Encyclopædia Universalis France

Croissance d'une culture bactérienne

Dissémination des gènes aux bactéries du milieu - crédits : Encyclopædia Universalis France

Dissémination des gènes aux bactéries du milieu

Autres références

  • ABCÈS

    • Écrit par Jacques BEJOT
    • 516 mots

    Collection purulente bien limitée qui se forme au sein d'un organe ou d'un tissu, au cours d'une réaction inflammatoire. Un certain nombre d'agents pathogènes, introduits accidentellement en un point de l'organisme, sont capables d'entraîner cette réaction dont le but est de les éliminer. L'exemple...

  • ACTINOMYCÈTES

    • Écrit par Hubert A. LECHEVALIER
    • 3 450 mots
    • 4 médias

    Les Actinomycètes sont des Bactéries dont la croissance donne lieu à des colonies constituées d' hyphes, c'est-à-dire de filaments qui irradient, par croissance centrifuge, tout autour du germe qui leur a donné naissance. Cela explique leur dénomination : le mot « Actinomycètes » provient de deux...

  • AÉROBIOSE & ANAÉROBIOSE

    • Écrit par Claude LIORET
    • 2 734 mots
    • 1 média
    Des bactéries telles que les Acetobacter, les Pseudomonas, les Agrobacterium, certains Thiobacillus (T. denitrificans) se rangent dans cette catégorie. Les animaux sont en principe aérobies stricts, mais certains de leurs tissus, comme le tissu musculaire, peuvent supporter temporairement l'absence d'oxygène....
  • ALGUES

    • Écrit par Bruno DE REVIERS
    • 4 869 mots
    • 9 médias
    Les cyanobactéries (autrefois appelées algues bleues) sont classées parmi les bactéries. Ce sont des organismes qui sont apparus il y a au moins 2,7 milliards d'années, peut-être même, selon certains auteurs, il y 3,5 milliards d'années. Leurs constructions calcaires, appelées stromatolites (ou stromatolithes),...
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Voir aussi