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PALESTINIENNE AUTORITÉ

Le nationalisme palestinien émerge dans la seconde moitié du xixe siècle, porté par des notables locaux et des personnalités religieuses. D'emblée, il se positionne contre l'idée de l'établissement d'un « foyer national juif » en Palestine. En 1948, la création de l'État d'Israël occasionne la première confrontation armée entre celui-ci et ses voisins arabes. Ce que les Palestiniens appellent la nakba (la « catastrophe ») renvoie également à la dispersion de la population. À l'issue de la guerre, le peuple palestinien se compose, en effet, principalement de réfugiés établis au Liban, en Syrie, en Jordanie et en Égypte. L'exode de 1948 a, par ailleurs, affecté la société palestinienne de « l'intérieur », privée de ses élites. La « question » palestinienne est alors défendue sur la scène régionale par certains dirigeants arabes, notamment Nasser, qui l'intègrent à des revendications panarabes plus larges. L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) naît ainsi, en 1964, comme émanation de la Ligue arabe.

Mais la sévère défaite des armées arabes contre Israël en 1967 conduit à l'émergence d'une nouvelle génération de Palestiniens, qui cherchent alors à autonomiser la « question » palestinienne du nationalisme arabe. La prise de pouvoir de Yasser Arafat au sein de l'OLP, en 1969, symbolise ce tournant.

La ligne politique de l'organisation connaît des évolutions notoires entre la grande période de lutte « révolutionnaire » des années 1970 menée depuis la Jordanie, puis le Liban, et l'acceptation d'un processus de paix au début de la décennie de 1990. À Tunis, où elle trouve refuge à partir de 1982, la centrale palestinienne accepte ainsi progressivement l'idée d'un partage du territoire avec Israël. Elle adopte, en 1988, la Déclaration d'indépendance de la Palestine, qui proclame l'existence d'un État en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec Jérusalem-Est pour capitale. Le mouvement national palestinien donne aussi, de plus en plus, priorité à la recherche d'une solution négociée plutôt qu'à la lutte armée.

La signature des accords de paix, dits d'Oslo (où ils ont été négociés) ou de Washington (où ils furent paraphés), le 13 septembre 1993, consacre la reconnaissance mutuelle entre Israël et l'OLP. Elle consacre également l'émergence d'une nouvelle institution, l'Autorité palestinienne, qui a pour mission de gérer les affaires civiles des populations de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Ces accords butent toutefois sur le règlement du contentieux territorial. Les retraits israéliens des territoires sont loin de répondre aux attentes de la population et de la direction palestiniennes. Partiels, ils créent une situation de discontinuité extrême qui rend difficile toute activité économique.

Autorité palestinienne : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

Autorité palestinienne : drapeau

L'échec de la « paix d'Oslo » est patent en septembre 2000, lorsque la violence armée reprend entre les deux camps. La répression militaire israélienne, couplée à la détérioration de la situation économique et à l'absence de toute perspective politique, contribue à saper la légitimité des proches de Yasser Arafat et de son parti, le Fatah. Dans ce contexte, les islamistes du Hamas, qui se sont d'emblée opposés aux accords d'Oslo, apparaissent comme une alternative.

Les origines du nationalisme palestinien

Occupation britannique de Jérusalem - crédits : sepia times/ Universal Images Group/ Getty Images

Occupation britannique de Jérusalem

Il y a une culture palestinienne arabe originale depuis quelques décennies, dans le creuset de la culture arabe moderne. Au sein du réveil culturel et politique arabe, voire panarabe, depuis les années 1860, un mouvement palestinien se singularise du fait de la confrontation concrète au « foyer national juif » puis, depuis 1948, à l'État d'Israël. Les moments forts de ce mouvement sont d'abord la révolte de 1936-1938 contre la puissance[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres et sciences sociales, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques
  • : maître de conférences habilitée à diriger des recherches, Sciences Po Aix
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Olivier CARRÉ, Universalis et Aude SIGNOLES. PALESTINIENNE AUTORITÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Autorité palestinienne : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

Autorité palestinienne : drapeau

Occupation britannique de Jérusalem - crédits : sepia times/ Universal Images Group/ Getty Images

Occupation britannique de Jérusalem

Population palestinienne, 2000 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Population palestinienne, 2000

Autres références

  • ABBAS MAHMOUD (1935- )

    • Écrit par Universalis, Aude SIGNOLES
    • 2 006 mots
    • 1 média

    Homme d’État palestinien, Mahmoud Abbas a été Premier ministre de l’Autorité palestinienne en 2003, sous la présidence de Yasser Arafat, avant de succéder à ce dernier en 2005.

    Mahmoud Abbas est né le 26 mars 1935 à Safed, ville de haute Galilée, aujourd'hui située à l'intérieur des frontières...

  • ARAFAT YASSER (1929-2004)

    • Écrit par Nadine PICAUDOU
    • 1 397 mots
    • 1 média
    ...1994, il partage la même année le prix Nobel de la paix avec les dirigeants israéliens Itzhak Rabin et Shimon Peres. Élu en 1996 président de l' Autorité palestinienne, le révolutionnaire peine à se convertir en chef d'État, dans un contexte où les enjeux d'une libération nationale inachevée se...
  • FRONTIÈRE

    • Écrit par Guillaume LACQUEMENT
    • 6 351 mots
    • 6 médias
    ...sert de poste avancé dans le conflit opposant l’Inde et le Pakistan depuis la partition de 1947 au sujet du rattachement de la province du Cachemire. De même, au Proche-Orient, les limites territoriales issues du partage de la Palestine en 1947 et de la création d’Israël en 1948 restent contestées par...
  • GAZA BANDE DE

    • Écrit par Olivier CARRÉ
    • 1 150 mots
    • 1 média

    Située au Proche-Orient et bordée à l’ouest par la mer Méditerranée, la bande de Gaza s'étire sur quelque 41 kilomètres du nord au sud, avec une largeur comprise entre 6 et 12 kilomètres ; sa superficie est de 363 kilomètres carrés. La délimitation de ce territoire est, au sud, héritée du...

Voir aussi