PALESTINIENNE AUTORITÉ
Vers un État palestinien ?
Le devenir politique de l'Autorité palestinienne, institution née des accords d'Oslo signés en 1993 entre l'État d'Israël et l'OLP, suscite d'emblée la controverse. Pour certains, en permettant l'installation de cette Autorité à Gaza, Israël laisse s'amorcer une dynamique irréversible de construction d'un État palestinien. Pour d'autres, au contraire, en repoussant jusqu'à la phase ultime des négociations l'ensemble des dossiers brûlants, Israël ne garantit pas, à l'avenir, la mise en œuvre des droits nationaux palestiniens. D'emblée, également, l'Autorité palestinienne prend place dans un contexte territorial mouvant. Les frontières de la future entité paraissent plus qu'incertaines.
Pourtant, cette création constitue un tournant : pour la première fois de leur histoire nationale, les populations de la Cisjordanie et de la bande de Gaza sont gouvernées par une autorité de pouvoir central. Cette autorité, qui dispose d'un régime d'autonomie, est limitée dans ses actions car très dépendante de l'État d'Israël. Son institutionnalisation n'en bouleverse pas moins, en profondeur, la vie tant politique et sociale qu'économique des Territoires.
L'aggiornamento territorial d'Oslo
Différents textes dessinent sur le terrain le visage concret de l'autonomie palestinienne à compter de la signature des accords d'Oslo. L'accord du Caire du 4 mai 1994 en prévoit les modalités précises pour la bande de Gaza et l'enclave de Jéricho. L'accord de Taba, signé le 28 septembre 1995, fixe les étapes d'un redéploiement militaire israélien qui étend l'autonomie à six agglomérations urbaines de Cisjordanie. Tulkarem, Jénine, Kalkiliya, Naplouse, Ramallah et Bethléem, dénommées zones A, passent sous le contrôle de la police palestinienne, tandis que les districts ruraux (zones B) sont placés sous supervision mixte israélo-palestinienne. Les zones C, constituées par les bases militaires israéliennes, les colonies juives et les routes dites de contournement (qui relient les colonies aux grandes agglomérations israéliennes de Jérusalem et Tel-Aviv en évitant les localités palestiniennes), continuent, elles, à relever des autorités d'occupation israéliennes. Les négociations ont longtemps achoppé sur le statut d'Hébron, où quatre cent cinquante colons vivent à l'ombre du caveau des Patriarches dans un face-à-face tendu avec les 130 000 Palestiniens de la ville. Aux termes de l'accord du 15 janvier 1997, Hébron est coupée en deux : les quartiers périphériques passent sous autonomie palestinienne (zone A) tandis que le cœur historique de la Vieille Ville demeure sous le contrôle de l'armée israélienne. Par la suite, de nombreux autres engagements israéliens ne sont pas tenus, qu'il s'agisse d'établir une liaison routière entre la Cisjordanie et Gaza, d'autoriser l'ouverture de l'aéroport de Gaza et de libérer des prisonniers palestiniens. Les négociations sont retardées ou ajournées par les Israéliens à chaque fois qu'un attentat est perpétré par les Palestiniens. La logique initiale d'Oslo : « l'échange des territoires contre la paix et la sécurité » est renversée au seul profit de la logique sécuritaire de l'État d'Israël.
Un territoire en miettes
En 1999, à l'issue de la période intérimaire, la situation politique et territoriale des Palestiniens est loin de ressembler à celle qui était revendiquée au départ par leur direction. Les Israéliens contrôlent encore 60 % de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, ainsi que les frontières extérieures et une bonne partie des ressources hydrauliques des territoires. Surtout, la mise en œuvre des accords d'Oslo s'est accompagnée d'un profond démembrement[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Olivier CARRÉ : docteur ès lettres et sciences sociales, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques
- Aude SIGNOLES : maître de conférences habilitée à diriger des recherches, Sciences Po Aix
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ABBAS MAHMOUD (1935- )
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Aude SIGNOLES
- 2 006 mots
- 1 média
Homme d’État palestinien, Mahmoud Abbas a été Premier ministre de l’Autorité palestinienne en 2003, sous la présidence de Yasser Arafat, avant de succéder à ce dernier en 2005.
Mahmoud Abbas est né le 26 mars 1935 à Safed, ville de haute Galilée, aujourd'hui située à l'intérieur des frontières...
-
ARAFAT YASSER (1929-2004)
- Écrit par Nadine PICAUDOU
- 1 397 mots
- 1 média
...1994, il partage la même année le prix Nobel de la paix avec les dirigeants israéliens Itzhak Rabin et Shimon Peres. Élu en 1996 président de l' Autorité palestinienne, le révolutionnaire peine à se convertir en chef d'État, dans un contexte où les enjeux d'une libération nationale inachevée se... -
FRONTIÈRE
- Écrit par Guillaume LACQUEMENT
- 6 362 mots
- 6 médias
...sert de poste avancé dans le conflit opposant l’Inde et le Pakistan depuis la partition de 1947 au sujet du rattachement de la province du Cachemire. De même, au Proche-Orient, les limites territoriales issues du partage de la Palestine en 1947 et de la création d’Israël en 1948 restent contestées... -
GAZA BANDE DE
- Écrit par Olivier CARRÉ
- 1 150 mots
- 1 média
Située au Proche-Orient et bordée à l’ouest par la mer Méditerranée, la bande de Gaza s'étire sur quelque 41 kilomètres du nord au sud, avec une largeur comprise entre 6 et 12 kilomètres ; sa superficie est de 363 kilomètres carrés. La délimitation de ce territoire est, au sud, héritée du...