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AUTELS

L'offrande d'un présent est destinée à obtenir la faveur de celui auquel on l'adresse, l'échange de dons manifeste l'amitié, et le partage du repas a longtemps signifié l'intimité.

Les relations des hommes avec la divinité se ressentent de ces schèmes. On a d'abord sacrifié des victimes ou présenté des mets. Mais la différence entre ces rites n'est pas essentielle, car ils consistent tous deux à offrir un repas à la divinité, à lui consacrer des biens ; ils peuvent coexister dans un culte.

L'évolution des croyances religieuses spiritualise l'offrande. La première étape est assurément l'abolition des sacrifices humains. Puis vient l'holocauste, qui fait monter vers les puissances célestes la fumée d'une victime ou d'un mets. Enfin des substances aromatiques leur sont offertes : encens dans le vieux monde, copal chez les Aztèques et les Mayas, tabac chez les Indiens d'Amérique du Nord.

Le sacrifice du Christ n'entre dans aucune de ces catégories ; c'est pourquoi il faut envisager à part tout ce qui est propre au culte chrétien.

Sacrifice humain chez les Aztèques - crédits :  Bridgeman Images

Sacrifice humain chez les Aztèques

L'évolution ainsi notée n'exclut pas les régressions : selon le témoignage du prophète Jérémie, des Hébreux apostats revinrent aux sacrifices humains pendant la période de décadence du royaume d'Israël (Jér., 7, 32) ; chez les Aztèques, cette pratique semble s'être généralisée deux siècles seulement avant la conquête du Mexique par les Espagnols. En outre, l'évolution des croyances religieuses tendait à distinguer deux catégories : le profane et le sacré. Il convenait donc de soustraire l'offrande au profane, par un rite de purification, et de la faire entrer dans le sacré pour que la divinité puisse l'agréer.

Utilisant ces données, le culte a créé l'autel. En raison de cette dépendance, ses formes sont avant tout déterminées par les rites, ce qui n'exclut pas d'autres influences.

Autels et cultes

Il y a plusieurs sortes d'autels, selon les différentes traditions cultuelles. La première a son origine dans l'immolation des victimes en l'honneur de la divinité. L'étymologie en conserve la trace : le mizbeah des Hébreux est le lieu où l'on égorge ; l'altare des Latins, celui où l'on fait brûler.

Les premiers sacrifices ont été offerts directement sur le sol, pratique que l'on rencontre encore chez certaines peuplades primitives, mais qui s'est maintenue chez les Anciens quand ils s'adressaient aux divinités chtoniennes. Au cours d'un stade ultérieur, que l'on ne peut dater avec précision, mais qui semble contemporain de la protohistoire, une portion du sol a été réservée aux sacrifices, soit à l'intérieur de l'habitation, comme chez les Nagô africains, soit en plein air, comme chez les Phéniciens ou les Latins : l' Ara Pacis Augustaetémoigne de la persistance de cette coutume à une époque tardive.

Assez rapidement, les restes des victimes ont formé des entassements ; les Grecs de l'époque classique les considéraient comme des autels et leur attribuaient même une sainteté particulière. D'où, semble-t-il, l'idée de les simuler par un amoncellement de terre, qui symboliserait également les éminences sur lesquelles on offrait des sacrifices. Cette dernière origine est confirmée par de nombreuses sources : les rituels védiques, l'étymologie chinoise font dériver autel de tertre.

Le récit du sacrifice d'Abraham mentionne le bois ; ce type d'autel a dû persister assez tard, car un relief de Daskyleion, daté du ve siècle avant J.-C., en représente un, fait de branchages.

Toutefois, aucun de ces entassements n'a un caractère permanent. Abraham élève un autel chaque fois qu'il offre un sacrifice.

Ils deviennent plus durables avec l'usage de la pierre. Elle est d'abord[...]

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Pour citer cet article

Louis LÉVY. AUTELS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Sacrifice humain chez les Aztèques - crédits :  Bridgeman Images

Sacrifice humain chez les Aztèques

Autres références

  • AUTEL D'OR DE VOLVINIUS, Milan

    • Écrit par Christophe MOREAU
    • 265 mots

    Vers 840, l'évêque de Milan, Angilbert II, commande au maître orfèvre, Volvinius, un autel destiné à accueillir les reliques des saints Gervais et Protais, ainsi que celles de saint Ambroise auquel était consacrée sa cathédrale (l'autel est conservé dans l'église Saint-Ambroise,...

  • DESIDERIO DA SETTIGNANO (av. 1430-1464)

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
    • 481 mots

    Fils d'un tailleur de pierre, Desiderio est cité comme maître sculpteur dans un acte de 1453. Ses affinités avec Donatello sont évidentes mais, de 1432 à 1453, celui-ci est à Rome et à Padoue : c'est donc par des sculptures que l'influence de Donatello a pu s'exercer sur Desiderio,...

  • ÉGLISE, architecture

    • Écrit par Alain ERLANDE-BRANDENBURG
    • 8 056 mots
    • 2 médias
    ...fut soit conservé en l'état, soit inversé et installé au fond de l'abside, épousant, comme dans les premiers temps chrétiens, son plan hémicirculaire. L'autel subit des modifications tout aussi importantes quant à sa signification, à son emplacement et à sa forme. Alors qu'il devait être unique et étroitement...
  • ICONOSTASE

    • Écrit par Jean GOUILLARD
    • 1 217 mots
    • 1 média

    Pour les contemporains, l'iconostase évoque cet imposant dressoir d'images saintes qui, dans les communautés orthodoxes de souche gréco-byzantine, isole le fidèle de l'espace sacré par excellence, le sanctuaire. Dans l'usage originel, eikonostasion définissait le...

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