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HOLOCAUSTE

Les deux termes grecs qui ont formé le mot « holocauste » signifient « je brûle tout ». C'est, en effet, un sacrifice où la victime est tout entière brûlée, détruite. Le premier chapitre du Lévitique règle l'ordonnance des holocaustes de gros bétail (veaux), de menu bétail (agneaux, chèvres), d'oiseaux (pigeons, tourterelles) en spécifiant, s'il s'agit d'un quadrupède, qu'il importe d'offrir un mâle, et un mâle sans défaut.

L'holocauste n'est pas un sacrifice mangé, puisque la victime est consumée intégralement (sauf la peau, qui revenait aux prêtres, et le sang, qui était versé au pied de l'autel). Mais c'est un sacrifice de repas préparé pour le dieu, et même un repas complet, à lui réservé. Les parties comestibles de la victime étaient, en effet, apprêtées ; les entrailles et les jambes étaient lavées ; les pigeons étaient plumés ; on ajoutait de la farine trempée d'huile et des libations de vin. Le sens est donc clair : c'est à la nourriture du dieu, à son entretien, à la restauration de ses forces qu'on pourvoyait. Bien entendu, des sens symboliques se sont rapidement greffés sur ce sens trop matériel. L'holocauste était le signe d'une offrande totale. C'était le donateur, non la victime, qui vouait son sang et son cœur, sa graisse et ses reins, c'est-à-dire (selon la psychologie des Sémites) son intelligence et sa sensibilité.

Le mot holocauste est passé dans la langue courante : il signifie immolation de soi, ou même sacrifice en général, mais avec l'idée qu'il s'agit d'un don plénier, d'une générosité, d'un renoncement ou d'une souffrance qui ne connaissent pas les demi-mesures.

— Henry DUMÉRY

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Écrit par

  • : professeur de philosophie à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Henry DUMÉRY. HOLOCAUSTE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SHOAH

    • Écrit par Philippe BURRIN
    • 5 912 mots
    • 3 médias

    En hébreu, shoah signifie catastrophe. Ce terme est de plus en plus employé, de préférence à holocauste, pour désigner l'extermination des juifs réalisée par le régime nazi. Il suggère un sentiment d'épouvante religieuse devant l'anéantissement qui fondit soudain sur des millions d'innocents....

  • SHOAH LITTÉRATURE DE LA

    • Écrit par Rachel ERTEL
    • 12 469 mots
    • 15 médias

    L'anéantissement des Juifs par le nazisme restera pour l'Histoire la marque distinctive du xxe siècle. Même si celui-ci a connu d'autres massacres, liés à d'autres totalitarismes, ou des destructions massives, comme celle qui a été causée en 1945 par les bombes atomiques lancées sur Hiroshima...

  • JUDAÏSME - Les pratiques

    • Écrit par Gérard NAHON, Charles TOUATI
    • 4 433 mots
    • 2 médias
    ...unique, qui était le Temple de Jérusalem. Ces rites se répartissaient en sacrifices expiatoires (ḥaṭṭat et ašam), sacrifices dédicatoires ('ola, holocauste brûlé sur l'autel), holocauste bi-quotidien ('olat tamid), oblation (minḥa). Existaient encore les sacrifices de communion (...
  • SPIELBERG STEVEN (1946- )

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 2 673 mots
    • 1 média
    ...Park et du Monde perdu (1997), les abolitionnistes d'Amistad (1997)... La Liste de Schindler brise un tabou quant à la représentation de l' Holocauste par la fiction, réputée impossible ou interdite. Mais le film se heurte au fait que l'Holocauste constitue une donnée historique difficilement...

Voir aussi