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ARIANISME

L'ὁμοούσιος nicéen

L'empereur Constantin, qui venait de réunir sous son unique pouvoir l'ensemble du monde romain, convoqua à Nicée un concile œcuménique pour fixer les termes mêmes de la théologie trinitaire (325). Malgré la répugnance des théologiens orientaux, il impose comme dogme de foi la croyance en l'ὁμοούσιος, c'est-à-dire que « Jésus-Christ est le Fils de Dieu, engendré et non pas fait, consubstantiel au Père ». Arius fut anathématisé et condamné à l'exil. Or ce terme n'était pas scripturaire ; de plus, il avait été employé par Paul de Samosate, dont la doctrine avait été condamnée comme hérétique ; enfin, dans la langue courante, il avait une acception très matérielle et concrète : d'un même métal. L'emploi imposé de ce terme neuf, dont les Occidentaux ignoraient les usages antérieurs, laissait sans solution le problème de l'unité divine. En le proposant avec une certaine naïveté, les théologiens occidentaux voulaient marquer un développement dans l'explicitation du dogme. Mais pour les théologiens des Églises orientales, plus subtils et plus imprégnés de philosophie, le terme cachait le danger d'un sabellianisme où l'unité de substance risquait d'absorber la distinction, nécessaire, des personnes divines. Deux grands théologiens s'affrontèrent alors sur ce problème : Marcel d'Ancyre, soutenu par les Occidentaux, et Eusèbe de Césarée, historien, théologien, exégète et l'une des plus hautes figures de cette période. Ce dernier s'efforçait de distinguer les personnes et les actions divines : « Le Père est le commencement du Fils, qui tient de lui sa divinité. Il n'y a donc qu'un seul Dieu qui soit sans commencement et inengendré. Le Fils, lui, est l'image du seul vrai Dieu, celui seul qui est Dieu par lui-même. » Cette doctrine, assez voisine des théories d'Arius, reste orthodoxe et rigoureusement fondée sur l'Écriture. Mais la distinction des personnes n'y est obtenue qu'au prix d'un subordinatianisme que précisément l'ὁμοούσιος nicéen entendait condamner.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, directeur de l'Institut de recherches pour l'étude des religions

Classification

Pour citer cet article

Michel MESLIN. ARIANISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AETIUS (IVe s.)

    • Écrit par Universalis
    • 343 mots

    Évêque syrien du ive siècle considéré comme hérétique pour ses théories sur le mystère de la Trinité. Aetius est le fondateur de la secte arianiste radicale des anoméens. Son nom est devenu synonyme d'hérésie radicale.

    Probablement né près d'Antioche, Aetius y étudie auprès...

  • ATHANASE D'ALEXANDRIE (295-373)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 757 mots
    Contre Arius qui soulignait la distinction entre Dieu le Père, principe inengendré, et Jésus-Christ, produit par le Père et donc inférieur à lui, le symbole de Nicée, accepté en 325 par le concile du même nom, avait proclamé, sous l'influence conjuguée de théologiens occidentaux et de quelques théologiens...
  • BASILE D'ANCYRE (IVe s.)

    • Écrit par Richard GOULET
    • 451 mots

    Évêque cappadocien, Basile fut élu au siège d'Ancyre (métropole de la Galatie) par les antinicéens afin de remplacer Marcel, qui avait été déposé par le synode de Constantinople. De 344 (réhabilitation de Marcel par le concile de Sardique) à 350 (mort de Constant), il fut écarté de son siège. Une...

  • CATHOLICISME - Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II

    • Écrit par Jean DANIÉLOU, André DUVAL
    • 16 441 mots
    • 10 médias
    La première crise est celle de l'arianisme, qui met en cause la divinité de Jésus et, par là même, la réalité de son œuvre rédemptrice. Le premier concile œcuménique réuni à Nicée en 325 sur l'initiative de Constantin adopte un symbole de foi qui exclut nettement les doctrines d'Arius. Mais...
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Voir aussi