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ARIANISME

L'homéisme riminien

Si les théologiens d'Orient s'efforçaient de préciser les relations ad intra des personnes divines en insistant sur la distinction des hypostases, ils évitaient soigneusement l'emploi du terme ὁμοούσιος. Or ce rejet du dogme de Nicée supprimait, au fond, un critère d'orthodoxie, abrupt, mais, en un sens objectif. Les recherches doctrinales allaient ainsi, pour près d'un demi-siècle, être livrées aux nuances les plus subtiles. Deux voies s'ouvraient à l'investigation théologique : soit la négation de toute ressemblance entre le Père et le Fils (voie suivie par Eunome dans la dernière phase) ; soit, tout en reconnaissant la similitude des personnes, l'affirmation de leur inégalité : ce sera la doctrine officielle qui triomphera en 359, aux conciles de Rimini et de Séleucie. Mais, en fait, dès que l'on affirmait l'inégalité des personnes divines, il fallait bien, en poussant le raisonnement jusqu'à sa conclusion logique, affirmer une différence fondamentale de la substance, c'est-à-dire refuser complètement le dogme défini à Nicée et se rallier aux thèses les plus extrêmes de l'anoméisme.

Ce glissement logique d'une théologie conservatrice, des partisans d'une via media, vers l'anoméisme le plus radical, fut retardé par le désir d'union, plus politique que dogmatique, des conseillers ecclésiastiques de l'empereur Constance II. Repoussant à la fois les thèses anoméennes qui commençaient à se répandre et le consubstantiel nicéen, ces évêques palatins définirent en 357, puis en 358, enfin en 359, l'orthodoxie du moment. Ils affirmaient l'unicité du Père, donc sa solitude, et la subordination du Fils au Père qui « en honneur, dignité et puissance est plus grand que lui », l'Esprit n'étant que le ministre et serviteur du Fils.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, directeur de l'Institut de recherches pour l'étude des religions

Classification

Pour citer cet article

Michel MESLIN. ARIANISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AETIUS (IVe s.)

    • Écrit par Universalis
    • 343 mots

    Évêque syrien du ive siècle considéré comme hérétique pour ses théories sur le mystère de la Trinité. Aetius est le fondateur de la secte arianiste radicale des anoméens. Son nom est devenu synonyme d'hérésie radicale.

    Probablement né près d'Antioche, Aetius y étudie auprès...

  • ATHANASE D'ALEXANDRIE (295-373)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 757 mots
    Contre Arius qui soulignait la distinction entre Dieu le Père, principe inengendré, et Jésus-Christ, produit par le Père et donc inférieur à lui, le symbole de Nicée, accepté en 325 par le concile du même nom, avait proclamé, sous l'influence conjuguée de théologiens occidentaux et de quelques théologiens...
  • BASILE D'ANCYRE (IVe s.)

    • Écrit par Richard GOULET
    • 451 mots

    Évêque cappadocien, Basile fut élu au siège d'Ancyre (métropole de la Galatie) par les antinicéens afin de remplacer Marcel, qui avait été déposé par le synode de Constantinople. De 344 (réhabilitation de Marcel par le concile de Sardique) à 350 (mort de Constant), il fut écarté de son siège. Une...

  • CATHOLICISME - Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II

    • Écrit par Jean DANIÉLOU, André DUVAL
    • 16 441 mots
    • 10 médias
    La première crise est celle de l'arianisme, qui met en cause la divinité de Jésus et, par là même, la réalité de son œuvre rédemptrice. Le premier concile œcuménique réuni à Nicée en 325 sur l'initiative de Constantin adopte un symbole de foi qui exclut nettement les doctrines d'Arius. Mais...
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Voir aussi