HÉRÉSIE
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Le terme « hérésie » désigne un phénomène capital de l'histoire du christianisme, les divergences qui l'ont déchiré et dont certaines ont abouti à la création d'Églises séparées, comme celles qui sont issues de la Réforme protestante. Ces différends ont dépassé le cadre strictement religieux et ont parfois changé la face du monde. Étant donné qu'il implique un jugement de valeur, le mot est d'un usage délicat. Son terrain d'origine est, en effet, celui des conflits entre l'Église hiérarchique et des courants doctrinaux différents de l'enseignement établi ; les autorités cléricales l'ont employé pour exclure de tels mouvements en les accusant d'apostasie et d'imposture. Le grief d'hérésie entraînait à plus ou moins brève échéance une mesure d'excommunication, au terme de procédures diverses selon les époques et les lieux. Le sens péjoratif du mot dans le langage courant conserve la trace laïcisée de ces coutumes et correspond à la forme la plus aiguë de mésentente intellectuelle. Dans l'histoire des religions, le terme est appliqué par analogie à des tendances dissidentes même en dehors du christianisme.
Diversité des hérésies
Les hérésies ont joué un rôle considérable dans l'Antiquité tardive et au Moyen Âge. En un temps où toute la société était marquée par la religion, les innovations doctrinales pouvaient exprimer les aspirations les plus fondamentales et elles avaient ainsi, inéluctablement, des conséquences politiques. Sans reprendre un schéma simpliste qui réduirait toutes ces mutations au jeu de facteurs sociaux, on est obligé d'admettre leur influence pour comprendre la puissance des hérésies et leurs effets. Dès l'Antiquité, la crise donatiste, qui secoue l'Afrique du Nord, a tous les traits d'un mouvement socio-religieux.
Au Moyen Âge, certains courants hétérodoxes, d'origine populaire, sont même, à leur racine, l'expression d'un ressentiment social, tels ceux qui se manifestent à partir de l'an mil. Nombre d'hérésies veulent réformer [...]
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Écrit par :
- Alain LE BOULLUEC : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, section des sciences religieuses
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ADAMITES
Terme désignant les membres de deux sectes différentes, l'une gnostique, l'autre de la fin du Moyen Âge. La première eut pour fondateur Prodicus, disciple de Carpocrate ( ii e s.). Soucieux d'imiter Adam avant la chute, les adamites allaient complètement nus et c'est dans cet état qu'ils priaient et célébraient. Ils sont mentionnés par Épiphane, Clément d'Alexandrie, saint Augustin et Théodoret. […] Lire la suite
AETIUS (IVe s.)
Évêque syrien du iv e siècle considéré comme hérétique pour ses théories sur le mystère de la Trinité. Aetius est le fondateur de la secte arianiste radicale des anoméens. Son nom est devenu synonyme d'hérésie radicale. Probablement né près d'Antioche, Aetius y étudie auprès de maîtres arianistes tout en gagnant sa vie comme orfèvre et médecin. Il rend également des services aux pauvres. Duran […] Lire la suite
ALBIGEOIS (CROISADE CONTRE LES)
Le terme « albigeois » a servi, dès le milieu du xii e siècle, à désigner les hérétiques du Languedoc, bien que l'Albigeois ne paraisse pas, aux yeux des historiens modernes (qui ont continué à user de cette appellation devenue traditionnelle), avoir été le principal foyer de l' hérésie. Dès 1146, Geoffroy d'Auxerre signale que le populus civitatis albigensis est infesté par l'hérésie. Le concil […] Lire la suite
ALUMBRADOS
Proches des Libertins spirituels, qui furent dénoncés par Calvin, les alumbrados ou illuminés, signalés en Espagne au xvi e siècle, voyaient dans les affinements de l'amour charnel la réalisation de l'amour divin, dont chacun porte l'étincelle. Initialement suspectés d'illuminisme, Jean de la Croix et Thérèse d'Ávila insisteront, en revanche, sur la macération, qui fonde une mystique contemplativ […] Lire la suite
AMAURICIENS
Disciples supposés d'un clerc qui enseignait la philosophie et la théologie à Paris, Amaury de Bène, les amauriciens, condamnés en 1209 et 1211, s'inscrivent plus exactement parmi les premiers adeptes d'un courant que l'Église condamnera plus tard sous le nom de Libre-Esprit. En 1204, le pape condamne la proposition de maître Amaury, originaire de Bène, près de Chartres, selon laquelle « tout chré […] Lire la suite
ANATHÈME
Dans le langage courant, anathème est simplement synonyme de blâme, de réprobation, de répréhension. Dans l'histoire de l'Église, le terme a un sens plus précis et désigne une sentence excluant de la communauté chrétienne quiconque tient pour vraie telle doctrine. Par cette sentence se terminaient les canons des conciles ; elle consistait en un texte bref résumant une opinion avant d'en prononcer […] Lire la suite
APOCALYPTIQUE & APOCRYPHE LITTÉRATURES
Dans le chapitre « Les apocryphes de l'Ancien Testament » : […] Le mot grec apokrypha , dérivé du verbe kryptein , « cacher », signifiait à l'origine « choses cachées » ; il s'appliquait plus précisément aux livres « cachés » ou « secrets » de par leur contenu. Pour les juifs, l'adjectif « caché » imputé aux livres saints n'était pas péjoratif. Ils disaient « cachés », en hébreu guenûzim – de la racine ganaz , qui a donné guénizah , « cachette » adjacente à u […] Lire la suite
APOLLINAIRE DE LAODICÉE (310 env.-env. 390)
Originaire de Laodicée en Syrie, Apollinaire reçut une formation philosophique et rhétorique qui lui permit de jouer dans l'Église un rôle important comme porte-parole auprès des païens et comme théologien. Lorsqu'il fut élu à l'épiscopat en 361, l'empereur Julien commençait son œuvre de restauration religieuse et allait interdire bientôt aux chrétiens l'enseignement des lettres classiques (loi sc […] Lire la suite
ARNOLD GOTTFRIED (1666-1714)
Historien allemand qui étudie d'abord la théologie luthérienne à Wittenberg et subit fortement l'influence de Spener, donc du piétisme. Mais la morale et la sensibilité piétistes ne devaient pas suffire à Arnold : nommé professeur à l'université de Giessen en 1697, il est marqué par la pensée de Christian Thomasius, mais surtout par celle de Boehme et des disciples anglais de celui-ci. Il quitte l […] Lire la suite
BOGOMILES
Dans le chapitre « Théologie et vie des communautés » : […] Ce système dualiste est fondé sur l'opposition entre la lumière et les ténèbres correspondant au Bien et au Mal. On retrouve ainsi les thèmes des anciennes gnoses telles qu'elles se présentaient chez Basilide et Valentin et telles que, de temps à autre, elles ont surgi sous des revêtements divers au cours de l'histoire. Ainsi les messaliens et les pauliciens, répandus dans l'Empire byzantin, ont […] Lire la suite
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Pour citer l’article
Alain LE BOULLUEC, « HÉRÉSIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 02 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/heresie/