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ARCHITECTURE CONTEMPORAINE Construire aujourd'hui

Structures et matériaux nouveaux

Lorsqu'on cherche à faire la liste des grandes ruptures technologiques qui ont marqué le xxe siècle, on pense immédiatement à l'automobile, à l'aviation, au nucléaire, et bien sûr à l'ordinateur. Au regard de ces transformations, l'évolution des structures architecturales semble a priori moins spectaculaire. Elle n'en est pas moins réelle. À bien des égards, le xxe siècle s'est révélé encore plus innovant que le xixe dans un domaine qu'on aurait pu croire pourtant voué à se répéter après la transition décisive qu'avait représenté le passage des techniques traditionnelles à la construction métallique.

Une diversité structurelle sans précédent

Au cours des premières décennies du xxe siècle, toute une série de nouveaux dispositifs structurels, comme les coques et les voiles minces, avaient vu le jour afin de permettre une utilisation plus efficace du béton armé dont l'usage s'était progressivement généralisé au tournant du siècle ainsi qu'en témoigne le succès d'une entreprise comme Hennebique. À partir des années 1940, c'est au tour de la construction métallique de connaître des changements profonds avec l'émergence des structures spatiales, treillis tridimensionnels ou dômes géodésiques. L'évolution s'accélère après la Seconde Guerre mondiale avec l'émergence des structures tendues et gonflables, sortes de généralisations des modèles de la tente, du ballon ou du pneumatique, puis des systèmes autotendants, s'inspirant des recherches des Américains Buckminster Fuller et Kenneth Snelson. Dans ces derniers systèmes, particulièrement spectaculaires, la continuité structurelle est assurée par des câbles en tension au lieu de reposer sur des membres en compression.

Aujourd'hui, la recherche et l'innovation se poursuivent dans différentes directions, de l'exploration des possibilités offertes par les membranes à l'étude de systèmes autotendants plus complexes que ceux qui ont permis des réalisations comme le Suncoast Dome de Saint Petersburg en Floride, terminé en 1988, ou le Georgia Dome d'Atlanta, achevé en 1992.

Par-delà leur diversité, les recherches contemporaines ont en commun un même souci de légèreté. Assez paradoxalement, ce souci est inséparable du gigantisme de nombreuses réalisations. C'est parce qu'il faut souvent faire grand, très grand même, que la légèreté devient cruciale. Achevé en 1981, le terminal Haj de l'aéroport de Djeddah offre l'une des illustrations les plus saisissantes de ce contraste. Sous sa structure textile tendue, sorte de tente géante conçue par les ingénieurs Fazlur Khan et Horst Berger, il est en effet capable d'accueillir jusqu'à 750 000 pèlerins se rendant à La Mecque. Au travers de tels projets, le programme de travail du théoricien des structures Robert Le Ricolais (1894-1977), qui se proposait d'atteindre une portée infinie pour un poids négligeable, semble devenir jour après jour plus réaliste.

La « révolution » des matériaux

Grande Arche de la Défense - crédits : Doug Armand/ The Image Bank/ Getty Images

Grande Arche de la Défense

Si les structures ont beaucoup évolué, les matériaux se sont transformés encore plus profondément au cours des dernières décennies. On utilise par exemple aujourd'hui des bétons aux caractéristiques très diverses obtenues par l'ajout de produits qui vont des superplastifiants aux fibres métalliques, minérales ou organiques, en passant par les poudres réactives. Grâce à ces adjuvants, on est capable de produire des bétons possédant une résistance élevée au gel, ou encore de très hautes performances mécaniques. En France, les premiers ouvrages importants faisant appel à ces bétons spéciaux ont été le pont de l'île de Ré construit de 1986 à 1988, et la Grande Arche de la Défense réalisée au même moment par l'entreprise Bouygues.[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'architecture et des techniques à la Graduate school of design de l'université Harvard, Cambridge, Massachusetts (États-Unis)

Classification

Pour citer cet article

Antoine PICON. ARCHITECTURE CONTEMPORAINE - Construire aujourd'hui [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Grande Arche de la Défense - crédits : Doug Armand/ The Image Bank/ Getty Images

Grande Arche de la Défense

Caserne de pompiers, Z. Hadid - crédits : Hilbich/ AKG-images

Caserne de pompiers, Z. Hadid

Musée juif de Berlin, D. Libeskind - crédits : R. Wulf/ AKG-images

Musée juif de Berlin, D. Libeskind

Autres références

  • AI WEIWEI (1957- )

    • Écrit par John M. CUNNINGHAM
    • 1 095 mots
    • 1 média
    ...Fuck off autour de photographies délibérément scandaleuses. Après avoir construit son propre studio de cinéma à la périphérie de Pékin en 1999, il se tourne vers l'architecture et ouvre son premier atelier à Caochangdi. Quatre ans plus tard, il fonde le cabinet Fake Design afin de mener à bien...
  • ANDO TADAO (1941- )

    • Écrit par François CHASLIN
    • 1 885 mots
    • 1 média

    Lauréat de nombreux grands prix internationaux d'architecture, célébré par de vastes rétrospectives dans les principaux musées d'art contemporain, Andō Tadao est devenu l'architecte emblématique du Japon, l'une grandes figures internationales de la profession. Sa notoriété lui vient d'une expression...

  • ANDRAULT MICHEL (1922-2020) et PARAT PIERRE (1928-2019)

    • Écrit par Universalis, Eve ROY
    • 1 092 mots

    En 1957, deux jeunes architectes remportent le concours international de la Basilique de Syracuse avec un projet dont l'audacieuse corolle inversée en voile de béton était présentée comme la métaphore de l'élévation de l'humanité vers Dieu. Diplômés de l'École nationale supérieure des beaux-arts de...

  • ANDREU PAUL (1938-2018)

    • Écrit par Eve ROY
    • 1 045 mots

    Né le 10 juillet 1938 à Caudéran, le jeune Paul Andreu quitte sa Gironde natale pour intégrer l'École polytechnique à Paris avec l'intention de devenir physicien. En 1960, il en sort diplômé, et changé : les cours de dessin l'ont convaincu qu'il était destiné à embrasser une carrière créatrice....

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