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DUHAMEL ANTOINE (1925-2014)

Essentiellement connu pour ses musiques de film, le compositeur français Antoine Duhamel a également produit des opéras, de la musique symphonique, des suites de ballets, de la musique de chambre, des chansons, des morceaux de jazz et même des twists. Comme le souligne le critique de musique de film Stéphane Lerouge dans ses entretiens avec le compositeur : « Antoine Duhamel a rencontré la musique au pluriel. » Cependant, Antoine Duhamel semble souffrir de son image de compositeur pour le septième art ; cette carrière a en effet quelque peu occulté l'autre facette de son talent : « Les compositeurs qui ont fait comme moi beaucoup de musique pour le cinéma ont le plus grand mal à être pris pour des compositeurs dits sérieux. C'est comme si on avait touché au diable. »

Les années d'apprentissage, les premières compositions

Né le 30 juillet 1925, à Valmondois (auj. dans le Val d'Oise), Antoine Duhamel est le fils de l'écrivain Georges Duhamel et de la comédienne et chanteuse Blanche Albane. Dans la famille Duhamel, la musique est une tradition ; dès la fin de la Première Guerre mondiale, George Duhamel forme un orchestre amateur, avec des amis et certains des membres de la famille : le petit orchestre compte parfois le peintre Maurice de Vlaminck ou Albert Einstein au violon. Le jeune Antoine Duhamel apprend le piano et intègre la formation. Passionné par différentes formes d'expression artistique, il hésite entre la carrière de peintre et celle de compositeur. À l'âge de seize ans, il découvre Ravel, Stravinski et Messiaen : sa vocation est née. En 1944, à l'âge de dix-neuf ans, il est reçu au Conservatoire national supérieur de Paris, dans la classe d'analyse musicale d'Olivier Messiaen. Parmi ses condisciples figurent Pierre Henry, Serge Nigg, Yvonne Loriod et Pierre Boulez. Il suivra également l'enseignement de Norbert Dufourq en histoire de la musique et celui de Jacques de La Presle en harmonie. Parallèlement, il suit des cours de musicologie et de psychologie à la Sorbonne. Il obtient une licence de musicologie et un diplôme d'études supérieures sur l'opéra postwagnérien.

Rejetant violemment l'académisme et le néo-classicisme, il suit les cours de René Leibowitz de 1945 à 1952, et devient avec Pierre Boulez un des plus fervents défenseurs du dodécaphonisme atonal. Mais se sentant à l'étroit à l'intérieur de ce courant, il décide de reprendre sa liberté. C'est une période très riche qui s'ouvre pour ce jeune compositeur, qui écrit des pièces de musique de chambre (deux sonates pour piano et violon, 1954 et 1957), mais également un concerto pour violon (1956), un concerto pour piano (1958), un oratorio, La Maison des morts, d'après Apollinaire, et un opéra en un acte, L'Ivrogne, d'après Baudelaire (1952).

Alors que sa formation ne semblait le destiner qu'à la musique dite sérieuse, Antoine Duhamel se passionne dès 1945 pour le septième art. Spectateur assidu de la cinémathèque de la rue de Messine, il découvre le cinéma de Luis Buñuel, d'Abel Gance, de Josef von Sternberg, de Friedrich Wilhelm Murnau. À cette époque, de nombreux compositeurs composent pour le cinéma muet car les musiques d'origines ont très souvent été perdues. Duhamel rêve d'écrire des partitions pour le muet. Ce souhait ne se concrétisera que quarante ans plus tard.

C'est en 1946 qu'Alain Resnais demande à Antoine Duhamel de composer une musique pour un court-métrage consacré au peintre Hans Hartung (1904-1989). Pour ce grand représentant de l'art abstrait, il décide d'écrire une musique extrêmement moderne. Mais Resnais modifie son montage et n'utilise pas la musique composée. Celle-ci sera créée au festival de Darmstadt en 1949. Déçu de cette tentative avorté, Antoine Duhamel passe dix ans sans composer pour l'image.[...]

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

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Pour citer cet article

Juliette GARRIGUES. DUHAMEL ANTOINE (1925-2014) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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