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ALEXANDRIE

Le site et le plan de la ville antique

Alexandrie est installée, en effet, sur une bande de terre séparant la mer et le lac Mariout aujourd'hui en grande partie asséché. Le littoral est bas et inhospitalier, le cap Zéphyrion est l'unique abri de la ville de Canope. Très ouverte aux vents du large, la rade d'Alexandrie est fermée par une suite de récifs dangereux et deux petits promontoires : le cap Lochias et la presqu'île de Pharos (primitivement une île) sont les seules protections. L'arrière-pays était tout à fait infertile et en outre peu sûr, étant le domaine des « Bergers », population vivant dans les marécages, en dehors des lois. Bien pis, l'eau n'arrivait pas jusqu'à ce rivage déshérité et des citernes saumâtres assuraient le ravitaillement en eau. L'audace d'Alexandre fut de ne pas se laisser rebuter par ces incommodités. La construction de la digue joignant l'île de Pharos à la terre permit à la ville d'avoir deux ports. Le creusement et l'entretien d'un grand canal puisant ses eaux dans le bras canopique du Nil, aujourd'hui disparu, alimenta la ville en eau potable. Grâce aux collines de Rhakotis, du Brucheion et du Paneion, l'agglomération lui parut capable d'être protégée (et Bonaparte lui donna raison en installant son camp sur ces hauteurs dominant les ports). Enfin la richesse de la plaine s'étendant à l'est du lac Mariout et les moyens de faire parvenir les produits d'Égypte jusqu'au port commercial, installé sur le lac Maréotis, lui donnèrent l'audace de bien augurer de l'avenir d'une telle fondation, malgré les difficultés géographiques apparentes. Par la force de la nature, bien plutôt que par la volonté de son créateur, Alexandrie prit ainsi cette forme particulière, qui était celle d'une chlamyde déployée et posée à plat. La distance entre la mer et le lac représente sa hauteur et la ligne des remparts qui au sud clôturent la ville par un dispositif légèrement arrondi figure les angles inférieurs de cette sorte de cape des voyageurs et des éphèbes. Comme à Athènes, une enceinte continue enfermait la cité, mais comme à Milet, les rues se coupaient à angle droit, formant un damier où l'audace de l'architecte Deinocratès se donna libre cours dans les dimensions des avenues et des places.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon
  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du Centre d'études alexandrines
  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut de géographie du Proche et Moyen-Orient, Beyrouth

Classification

Pour citer cet article

André BERNAND, Jean-Yves EMPEREUR et Jean-Marc PROST-TOURNIER. ALEXANDRIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Égypte : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Égypte : carte administrative

Ruines d'Alexandrie, 1882 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Ruines d'Alexandrie, 1882

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

Autres références

  • NÉCROPOLIS D'ALEXANDRIE (archéologie)

    • Écrit par Olivier PICARD
    • 853 mots

    La Nécropolis d’Alexandrie, la « ville des morts » comme la nomme le géographe Strabon à l’époque d’Auguste, ressurgit à la lumière en 1997 : les premiers travaux de construction d’une autoroute urbaine au lieu-dit Gabbari entraînent de telles découvertes que les autorités égyptiennes confient ce...

  • ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'archéologie

    • Écrit par Jean LECLANT
    • 9 512 mots
    • 9 médias
    Ne quittons pas l'Égypte sans mentionner un domaine tout nouveau qui s'offre à la recherche : l'archéologie sous-marine. Alexandrie, la capitale de l'Égypte gréco-romaine – où le roi macédonien, successeur d'Alexandre, tout comme l'empereur romain a continué, durant des siècles, à apparaître en...
  • EMPEREUR JEAN-YVES (1952- )

    • Écrit par Olivier PICARD
    • 1 045 mots

    Archéologue helléniste qui s'est spécialisé dans les fouilles subaquatiques auprès des précurseurs français André Tchernia et Patrice Pomey, Jean-Yves Empereur s'est fait connaître du grand public lors des fouilles du phare d'Alexandrie. On se souvient notamment des images montrant...

  • NABATÉENS

    • Écrit par Laïla NEHMÉ
    • 6 774 mots
    • 5 médias
    ...compris dans des lieux aussi inattendus que le sommet de l’un des massifs les plus hauts et les plus difficiles d’accès de Pétra, Umm al-Biyârah. Le rôle de l’Alexandrie hellénistique dans la diffusion des savoirs qui ont permis la réalisation des monuments hérodiens puis nabatéens a été mis en évidence à plusieurs...
  • PHARES

    • Écrit par Ian C. CLINGAN
    • 8 917 mots
    ...identifiés ont été découverts au Pirée (ve s. av. J.-C.) et dans l'île de Thasos, en mer Égée (vie s. av. J.-C.). Le plus célèbre est le phare d'Alexandrie, construit sur l'île de Pharos vers 280 avant J.-C. ; mesurant plus de 110 mètres de hauteur, et plus de 130 mètres avec la statue qui...

Voir aussi