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EICHMANN ADOLF (1906-1962)

Officier nazi né le 19 mars 1906 à Solingen (Allemagne), mort le 31 mai 1962 à Tel-Aviv (Israël).

Pendant la Première Guerre mondiale, la famille de Karl Adolf Eichmann quitte l'Allemagne pour Linz, en Haute-Autriche. Travaillant comme représentant de commerce, le jeune Adolf perd son emploi pendant la grande dépression. Il rejoint le parti nazi en avril 1932 et gravit les échelons de la hiérarchie interne. Devenu membre de la SS dirigée par Himmler en novembre, il quitte Linz en 1933 pour rejoindre la Légion autrichienne à Lechfeld, en Allemagne. De janvier à octobre 1934, il est attaché à une unité SS du camp de concentration de Dachau, puis est nommé au bureau central du Sicherheitsdienst (Service de renseignements de sûreté des SS) à Berlin, où il travaille dans la section responsable des affaires juives. Il continue son intégration dans la SS et est envoyé à Vienne après l'annexion de l'Autriche (mars 1938) pour évacuer les juifs de la ville. L'année suivante, il remplit la même mission à Prague. Quand, en 1939, Himmler forme le Service central de sécurité du Reich, Adolf Eichmann est affecté à sa section des affaires juives à Berlin.

En janvier 1942, à Wannsee, près de Berlin, une conférence de hauts dignitaires et fonctionnaires nazis convient d'organiser la « solution finale à la question juive ». Adolf Eichmann doit en coordonner les détails logistiques. Ainsi, bien qu'on ne parle pas encore clairement de l'extermination massive des juifs, Eichmann vient d'en être nommé responsable. Il organise l'identification, le rassemblement et la déportation des juifs de toute l'Europe occupée jusqu'à leur destination finale, Auschwitz ou d'autres camps d'extermination en Pologne.

Après la guerre, Eichmann est capturé par des soldats américains, mais il s'évade en 1946. Après plusieurs passages au Moyen-Orient, il s'installe en Argentine en 1958. Arrêté par les services secrets israéliens près de Buenos Aires le 11 mai 1960, il est emmené clandestinement en Israël neuf jours plus tard, en violation par Israël des lois argentines. Le gouvernement israélien organise son procès devant un tribunal spécial composé de trois juges, à Jérusalem. Le procès d'Adolf Eichmann est controversé dès le départ. Ce procès, devant une juridiction censée se prononcer au nom d'un État né trois ans après les faits, est controversé d'emblée, car il enfreint le principe de non-rétroactivité de la justice pénale. Certains demandent qu'Eichmann soit jugé par un tribunal international, d'autres veulent que le procès se tienne en Allemagne, mais Israël persiste.

Lors de son interrogatoire, Adolf Eichmann prétend ne pas être antisémite. Décrivant un voyage à Haïfa, il expose qu'il était davantage intéressé par les juifs que par les arabes. Il dit avoir été abonné à des publications juives et avoir acheté l'Encyclopedia Judaica. En outre, il prétend avoir lu L'État juif, de Theodor Herzl, mais n'avoir jamais intégralement lu Mein Kampf d'Adolf Hitler, ni l'ouvrage de propagande antisémite Les Protocoles des sages de Sion.

Eichmann se présente comme un fonctionnaire obéissant, qui n'a rien fait d'autre que d'exécuter les ordres. Face aux accusations qui pèsent sur lui, il rétorque qu'il n'a violé aucune loi et qu'il est incapable de mentir. Il nie toute responsabilité pour les meurtres de masse, déclarant avoir strictement suivi les ordres. Il reste vague quant à son rôle dans le processus d'extermination et prétend n'avoir été responsable que du transport.

Eichmann avoue même une gêne personnelle quant au fonctionnement des dispositifs de gazage. Alors qu'il assistait à une opération de gazage dans un camion à Chelmno, il déclare n'avoir pas pu regarder à l'intérieur,[...]

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Écrit par

  • : ancien directeur de l'Institut américain de recherche sur la Shoah et de la Fondation américaine pour l'histoire visuelle des survivants de la Shoah
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Michael BERENBAUM et Universalis. EICHMANN ADOLF (1906-1962) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARENDT HANNAH (1906-1975)

    • Écrit par Sylvie COURTINE-DENAMY
    • 1 790 mots
    • 1 média
    ...de l'œuvre et de l'action. « Les hommes qui ne pensent pas sont comme des somnambules » : c'est ce dont allait prendre conscience Hannah Arendt lorsqu' elle couvrit en 1961, à sa demande, le procès Eichmann pour le New Yorker, estimant qu'elle devait cela à son passé. Elle en tira le livre Eichmann...
  • HILBERG RAUL (1926-2007)

    • Écrit par Annette WIEVIORKA
    • 1 588 mots
    ...indissolublement liée à celle de sa réception. Hilberg fut un pionnier solitaire. Il ne put publier une première édition de son travail qu'en 1961, quand le procès Eichmann, ce « Nuremberg du peuple juif » (David Ben Gourion) constitua le génocide des juifs en objet distinct de la Seconde Guerre mondiale et suscita...
  • SHOAH

    • Écrit par Philippe BURRIN
    • 5 912 mots
    • 3 médias

    En hébreu, shoah signifie catastrophe. Ce terme est de plus en plus employé, de préférence à holocauste, pour désigner l'extermination des juifs réalisée par le régime nazi. Il suggère un sentiment d'épouvante religieuse devant l'anéantissement qui fondit soudain sur des millions d'innocents....

  • GÉNOCIDE

    • Écrit par Louis SALA-MOLINS
    • 8 501 mots
    • 1 média
    ...Nuremberg, après la guerre, je parlais avec un Sturmbannführer, membre des services secrets SS à Budapest, qui témoignait pour l'accusation. Voici ce qu'il me raconta : « C'était en octobre 1944, à Budapest, nous (cinq SS et Eichmann) étions assis. Un des jeunes officiers, faisant allusion aux...
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Voir aussi