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UNIVERSAL

Né à Laupheim, dans le sud de l'Allemagne – une petite ville dont il sera le bienfaiteur jusqu'à l'avènement du nazisme –, Carl Laemmle (1867-1939) ouvre son premier nickel-odeon à Chicago en 1906, et constitue rapidement un réseau de salles, complété par une agence de location de films. Il crée ensuite une société de production, Independent Motion Picture, dont le premier film, Hiawatha, dure onze minutes. Passé au long-métrage, il embauche à grand frais quelques actrices populaires, et regroupe plusieurs producteurs indépendants au sein d'une structure de distribution commune, qu'il nomme Universal. Après en avoir pris le contrôle, il s'installe près de Los Angeles. Là, sur une centaine d'hectares, il construit en 1915 un grand studio qui a continué d'exister jusqu'à nos jours, avec une superficie encore plus grande. C'est Universal City, devenue bien vite une attraction touristique.

Universal est la première grande compagnie intégrée, la première « major », une de celles qui dominent le marché cinématographique des années 1920. Elle inaugure une série de films d'horreur avec Lon Chaney (Le Bossu de Notre-Dame, Le Fantôme de l'Opéra et bien d'autres), qui travaille pour la firme jusqu'en 1925. Cette veine se prolonge dans les années 1930 avec la fameuse collection de films gothiques sur les thèmes de Frankenstein, de Dracula, de l'homme invisible ou du loup-garou. Universal cultive également le western à petits budgets avec sa vedette Tom Mix, auquel succède Buck Jones au temps du parlant, et plus tard Ronald Reagan. À de rares exceptions (Folies de femmes d'Eric von Stroheim, vite congédié, ou À l'Ouest rien de nouveau, produit sur l'initiative de Carl Laemmle Jr.), les productions sont peu coûteuses et peu ambitieuses : comédies musicales en noir et blanc avec Deanna Durbin, séries comiques avec Abbott et Costello (connus en France comme « les deux nigauds »), serials adaptés de bandes dessinées (Flash Gordon) ou de romans populaires (Sherlock Holmes). Et le réalisateur John Stahl inaugure la longue série de mélodrames caractéristiques du studio. Back Street (1932) sera le plus fameux.

Peu après la mise à l'écart du fondateur, en 1936, la production évolue. La production comique s'étoffe avec W. C. Fields et quelques œuvres singulières comme Helzapoppin' (1941). Le studio accueille également Hitchcock (qui reviendra dans les dernières années de sa carrière) et des réalisateurs de films noirs tels Fritz Lang, Robert Siodmak, Jules Dassin. C'est la période Universal International, né de la fusion avec International Pictures, dont les dirigeants réorganisent le studio, notamment en réduisant la production de films de série B. Cette diversification va s'accentuer après le rachat du studio, en 1952, par Decca, importante firme musicale d'origine britannique. Des genres traditionnels subsistent le mélodrame avec Douglas Sirk, les films à contenu musical et le western dont les acteurs vedettes sont cette fois Audie Murphy (« le soldat le plus décoré de la guerre mondiale ») et surtout James Stewart, généralement dirigé par Anthony Mann. Le studio s'engage dans la production télévisée : « Hitchcock présente », plus tard « Dragnet », puis « Columbo ». Decca Universal est progressivement absorbée, de 1958 à 1962, par MCA (Music Corporation of America), qui a aussi des intérêts dans le tourisme, la presse, les transports. Sous la présidence du patron de MCA, Lew Wasserman (1913-2002), « le dernier des moguls », la filmographie abonde en films devenus classiques et en succès commerciaux : de Spartacus, produit par Kirk Douglas et réalisé par Stanley Kubrick, ou La Soif du mal, d'Orson Welles, aux comédies avec Doris Day, des films catastrophes à Out of Africa de Sydney Pollack[...]

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