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LANG FRITZ (1890-1976)

Fritz Lang - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Fritz Lang

De l'expressionnisme allemand (Les Trois Lumières) au romantisme anglais (Moonfleet), quelque genre qu'il abordât Fritz Lang a atteint un sommet. Sa carrière (plus de quarante années et presque cinquante films) est jalonnée de chefs-d'œuvre qui sont en même temps devenus ceux de l'histoire du cinéma : M le Maudit, Le Docteur Mabuse, Furie, J'ai le droit de vivre. Ses films, a priori disparates mais en réalité tous marqués d'un style authentique, ont contribué à l'étude du cinéma en tant qu'art et son influence a été telle sur les réalisateurs – ceux de la Nouvelle Vague française notamment – comme sur les critiques que François Truffaut pouvait écrire : « Chaque plan du style de Lang, chaque mouvement d'appareil, chaque cadrage, chaque déplacement d'acteur, chaque geste a quelque chose de décisif. »

Allemagne, 1890-1933 : la jeunesse

Fritz Lang est né à Vienne, en Autriche, le 5 décembre 1890. Il fait des études d'architecture, de peinture, parcourt le monde. Après la guerre de 1914-1918 – il fut lieutenant dans l'armée autrichienne –, il débute dans l'industrie cinématographique, étant tour à tour acteur, scénariste et assistant réalisateur. Grâce à Erich Pommer, grand patron éclairé de la Decla-Bioscop, Lang commence sa carrière de metteur en scène en 1919. Tous les thèmes chers à l'esprit germanique : la mort, les puissances occultes, le destin, la volonté de puissance, la vengeance vont imprégner ses films. N'ayant pu réaliser Le Cabinet du docteur Caligari, Lang donnera au cinéma expressionniste l'un de ses chefs-d'œuvre, Les Trois Lumières, dans lequel la débauche géométrique des décors, l'audace des motifs en spirale correspondent, comme dans Les Nibelungen et Metropolis, à l'apothéose artistique (picturale et musicale) de l'Allemagne d'alors. Avec Le Docteur Mabuse, c'est tout le climat du pré-nazisme qui apparaît. Le désir de la toute-puissance, le danger des sociétés secrètes parallèles, l'existence d'organisations criminelles (Les Araignées, Les Espions) furent autant d'éléments qui inquiétèrent, non sans raison, les membres du parti nazi. La morale de M le Maudit (des criminels qui veulent se faire passer pour des justiciers, la police étant incapable d'arrêter un tueur d'enfants) rappelait par trop la faiblesse de la république de Weimar pour n'être qu'une coïncidence... Le succès du Docteur Mabuse fit faire à Lang Le Testament du docteur Mabuse, dans lequel la parabole politique était plus que manifeste, puisque le héros, devenu la chose de Mabuse prisonnier, accomplissait les volontés de ce maître criminel. La référence à Mein Kampf, écrit en prison par Hitler, était tellement claire que le film fut interdit par Goebbels et que Lang, à qui ce dernier avait proposé le poste de réalisateur officiel du parti nazi, quitta l'Allemagne en 1933.

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Écrit par

  • : historien du cinéma, responsable du département cinéma de France 3

Classification

Pour citer cet article

Patrick BRION. LANG FRITZ (1890-1976) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Fritz Lang - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Fritz Lang

Autres références

  • METROPOLIS (F. Lang)

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 219 mots
    • 1 média

    Une nuit de 1925 le producteur Erich Pommer et Fritz Lang découvrent les gratte-ciel de Manhattan. Le film qui naîtra de cette vision conclura un triptyque commencé avec Mabuse, le joueur, « tableau d'une époque », et poursuivi avec la légende ancienne des Nibelungen. Ce ne sont pas...

  • M LE MAUDIT, film de Fritz Lang

    • Écrit par Michel MARIE
    • 969 mots
    • 1 média

    En 1931, Fritz Lang (1890-1976) est sans doute l'un des deux ou trois cinéastes de culture allemande les plus célèbres. Il a derrière lui une riche carrière de réalisateur de films populaires depuis ses débuts en 1919. Il a réalisé, d'après les mythologies nordique et germanique, quelques fresques...

  • ALLEMAND CINÉMA

    • Écrit par Pierre GRAS, Daniel SAUVAGET
    • 10 274 mots
    • 7 médias
    ...chefs-d'œuvre, Le Dernier des hommes (Der letzte Mann, 1924), ou son approche du thème de Faust (1926), dernier film réalisé avant son départ aux États-Unis. Quant à Lang, qui a toujours minimisé l'influence de l'expressionnisme sur son œuvre allemande, il fait montre d'un fascinant équilibre entre le roman...
  • CINÉMA (Aspects généraux) - Histoire

    • Écrit par Marc CERISUELO, Jean COLLET, Claude-Jean PHILIPPE
    • 21 694 mots
    • 41 médias
    ...Paradoxalement, une industrie cinématographique florissante permet l'éclosion de très grandes œuvres. À l'heure de Caligari (Robert Wiene, 1920) et de Mabuse ( Fritz Lang, 1922), l'« écran démoniaque » se fait l'asile d'un peuple de somnambules. Les cinéastes germaniques découvrent le pouvoir de la fascination...
  • CINÉMA (Réalisation d'un film) - Mise en scène

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 4 776 mots
    • 10 médias
    ...tournages deviennent « aveugles », entièrement coupés de la lumière du jour, donc du monde extérieur. Hitler et Goebbels, dit-on, admiraient Metropolis, de Fritz Lang (1926), qui présentait une ville totalement artificielle et futuriste, image virtuelle du monde nouveau à l'avènement duquel ils travaillaient....
  • CINÉMA (Réalisation d'un film) - Musique de film

    • Écrit par Alain GAREL
    • 6 489 mots
    • 5 médias
    ...présents ». Ces « musiques de source » avaient généralement une fonction naturaliste. Cependant, elles pouvaient aussi, parfois, jouer un rôle dramaturgique. C'est le cas dans M (M le maudit), de Fritz Lang (1931) : l'assassin sifflote maladivement « Dans le hall du roi des montagnes » d'Edward Grieg,...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi