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DOUGLAS KIRK (1916-2020)

Kirk Douglas, c’est avant tout un visage triangulaire au front haut, aux traits anguleux, au menton volontaire percé d’une fossette, animé par des yeux au regard vif et intense. Il est parfois illuminé par un sourire brillant, tour à tour affable, cynique ou méchant, révélant deux pommettes qui adoucissent un temps sa dureté. C’est aussi un corps d’athlète forgé par la pratique de la lutte à l’université et dans les spectacles forains. De ce physique émane un formidable magnétisme. Ce visage incroyablement mobile peut s’ouvrir et s’illuminer, se fermer et se durcir, ou se transformer en un masque de douleur. Ce corps est toujours en mouvement. Kirk Douglas joue « en force », dans un registre tendu consécutif à l’extraordinaire vitalité qui l’habite. De fait, qu’ils soient des ambitieux sans scrupules, des idéalistes engagés dans un combat altruiste, des artistes dévorés par leur quête, ses personnages se caractérisent par leur énergie.

<it>Champion,</it> M. Robson - crédits : United Artists Corporation/ Collection privée

Champion, M. Robson

Kirk Douglas, de son vrai nom Issur Danielovitch, est né de parents juifs russes le 9 décembre 1916 à Amsterdam, dans l’État de New York. Comme son père, alcoolique et violent, est chiffonnier, c’est-à-dire le plus pauvre d’entre les pauvres, lui-même n’est aux yeux des autres que « le fils du chiffonnier », titre du premier volume de son autobiographie (The Ragman's Son, 1988). Pour subvenir aux besoins de sa mère et de ses six sœurs, il est contraint à travailler fort jeune, comme livreur de journaux, jardinier, serveur… Il fait néanmoins des études, à l’université de St Lawrence (1935-1939) puis à l’American Academy of Dramatic Art à New York (1939-1941). Il se produit sur scène dès 1939, puis débute à Broadway en 1941. Pendant la guerre, il sert sur un chasseur de sous-marins avec le grade de lieutenant. Blessé, il est libéré en 1944. Il joue alors dans des dramatiques radiophoniques et au théâtre. En 1946, il débute au cinéma dans The Strange Love of Martha Ivers (L’Emprise du crime) de Lewis Milestone. Après six films, dont I WalkAlone (L’Homme aux abois) de Byron Haskin (1947), face à Burt Lancaster, avec lequel il entretiendra une profonde amitié et dont il sera le partenaire six autres fois, il accède au vedettariat avec Champion de Mark Robson (1949) ; son interprétation du boxeur implacable lui vaut la première de ses trois citations pour l’oscar du meilleur acteur, cet oscar qu’il n’obtiendra jamais. (Un oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière lui sera néanmoins décerné en 1996.)

Harry James et Kirk Douglas - crédits : Keystone/ Getty Images

Harry James et Kirk Douglas

La carrière de Kirk Douglas connaît en ces années une période faste. Par la qualité des films dans lesquels il joue, généralement réalisés par des cinéastes majeurs, notamment Michael Curtiz, Raoul Walsh, William Wyler, Howard Hawks, King Vidor, Robert Aldrich, John Huston et Otto Preminger. Mais aussi par celle des personnages qu’il interprète et qui lui inspirent d’admirables performances : le journaliste cynique de Ace in the Hole (Le Gouffre aux chimères) de Billy Wilder (1951), le joueur tuberculeux de Gunfight at the OK Corral (Règlement de comptes à OK Corral) de John Sturges (1957), le guerrier jouisseur de The Vikings (Les Vikings) de Richard Fleischer (1958), le gladiateur révolté de Spartacus de Stanley Kubrick (1960), le cavalier solitaire de Lonely are the Brave (Seuls sont les indomptés) de David Miller (1962) et, surtout, le peintre à la marge de la folie de Lust for Life (La Vie passionnée de Vincent Van Gogh) de Vincente Minnelli (1956). Entre 1955 et 1971, il produit aussi des films dont il est l’interprète et qui, pour la plupart, tiennent un discours humaniste et progressiste, dont Paths of Glory (Les Sentiers de la gloire) de Stanley Kubrick (1957) et SevenDays in May (Sept jours en mai) de John Frankenheimer (1964). À partir du milieu des années 1960, la qualité des films et des rôles baisse. À l’exception d’Elia Kazan ([...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

Classification

Pour citer cet article

Alain GAREL. DOUGLAS KIRK (1916-2020) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Harry James et Kirk Douglas - crédits : Keystone/ Getty Images

Harry James et Kirk Douglas

<it>Champion,</it>&nbsp;M. Robson - crédits : United Artists Corporation/ Collection privée

Champion, M. Robson

<em>Histoire de détective</em>, W. Wyler - crédits : Paramount Pictures Corporation/ Collection privée

Histoire de détective, W. Wyler

Autres références

  • KUBRICK STANLEY (1928-1999)

    • Écrit par Gérard LEGRAND
    • 2 907 mots
    • 3 médias
    Le film bénéficie d'un certain succès, auprès du public comme de la critique. C'est alors que Kirk Douglas, acteur en pleine ascension, accepte de s'associer au producteur et ami de Kubrick, James Harris, pour « monter » un film antimilitariste, Paths of Glory (1957, Les Sentiers de la gloire...
  • MINNELLI VINCENTE (1903-1986)

    • Écrit par Gérard LEGRAND
    • 1 687 mots
    • 2 médias
    ...d'accompagner, voire de précéder un regard. Dans Quinze Jours ailleurs, un cinéaste génial en perdition se fait projeter un ancien film, Les Ensorcelés, où Kirk Douglas, producteur-réalisateur génial en difficulté, tenait un discours analogue à celui qu'il tient dans Quinze Jours ailleurs (où il est...

Voir aussi