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HOLLYWOOD

Depuis le milieu des années 1910, le nom de Hollywood est quasi synonyme de « cinéma américain ». Moins le cinéma des « auteurs » (à l'européenne) que celui de « l'usine à rêves », qui fournit à la planète entière ses divertissements les plus spectaculaires, les plus populaires et les plus rentables. Investie dès l'époque du muet par des artistes accourus du monde entier et des stars dont la vie fastueuse et parfois scandaleuse défraye la presse des potins, la « Mecque du cinéma » (Cendrars) est gérée en oligopole par ses « nababs », pour la plupart immigrants juifs d'Europe centrale. Le studio system qu'ils mettent progressivement en place après la Première Guerre mondiale fonctionne à plein régime dans les années 1930 et 1940, lorsque huit grandes compagnies (les « majors ») se partagent la production, la distribution et l'exploitation de quelque cinq cents films par an. Il périclite ensuite, victime des actions antitrust de l'après-guerre et de la concurrence de la télévision. Mais, depuis les années 1970, malgré l'inflation des coûts de production et la contestation idéologique de la génération du baby-boom, Hollywood est redevenu la capitale du cinéma mondial, où sont conçus, financés et le plus souvent réalisés les films à gros budget (La Guerre des étoiles, 1977 ; Titanic, 1998 ; Avatar, 2009…) ainsi que la majorité des fictions télévisuelles à vocation internationale. Dans les premières années du xxie siècle, l'environnement industriel et technologique de la côte du Pacifique semble plus que jamais propice aux grandes synergies qui conditionnent la réalisation et l'exploitation des images de demain.

Les origines

Le nom de Hollywood (« bois de houx ») est donné en 1886 par Daeida Wilcox au ranch acheté par son mari dans la vallée de Cahuenga, en Californie. Agent immobilier, Harvey Henderson Wilcox découpe sa vaste propriété en vingt-cinq blocs comprenant chacun de dix à vingt-quatre parcelles, et les revend avec profit. Le lotissement, délimité au nord par Franklin Avenue, au sud par Sunset Boulevard, à l'est par Gower Street et à l'Ouest par Whitley Avenue (le centre du Hollywood actuel), acquiert statut de ville en 1903, avec sept cents habitants. Dix ans plus tard, il en compte plus de sept mille, et il est annexé par l'agglomération de Los Angeles. C'est alors qu'y arrivent les pionniers du cinéma américain.

Cecil B. DeMille et Ernst Lubitsch - crédits : John Kobal Foundation/ Moviepix/ Getty Images

Cecil B. DeMille et Ernst Lubitsch

Contrairement à une légende tenace, ce ne sont pas les compagnies « indépendantes » de l'époque qui sont à l'origine de cette migration. Les membres du « trust » Edison, la Motion Picture Patents Company, tous originaires de la côte est et de Chicago, s'installent en Californie au tournant des années 1910. David Wark Griffith y tourne pour la Biograph dès 1909, et c'est la même année que la compagnie Selig de Chicago s'établit à Los Angeles. Les compagnies Vitagraph et Lubin, elles aussi membres de la MPPC, ouvrent des studios californiens en 1911 et 1912. Mais le premier studio à Hollywood proprement dit est construit en 1911 par David Horsley pour réaliser les westerns de la compagnie Nestor. Et c'est pour tourner Le Mari de l'Indienne, une production de la Jesse L. Lasky Feature Play Company, que Cecil B. DeMille y aménage en 1913 une grange désaffectée de Vine Street. Quand, un an plus tard, Griffith reconstitue les champs de bataille de la guerre de Sécession dans la campagne avoisinante pour La Naissance d'une nation (1915) avant d'ériger, au pied des collines, les décors monumentaux de la Babylone d'Intolérance (1916), on peut dire que l'essentiel de la production cinématographique américaine, tous statuts et tous genres confondus, se trouve désormais regroupé à Hollywood et dans ses environs. Il l'est toujours, près d'un siècle plus tard.[...]

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Écrit par

  • : professeur en études cinématographiques, université de Bordeaux-Montaigne
  • : professeur de civilisation américaine à l'université de Paris-X-Nanterre

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Médias

Cecil B. DeMille et Ernst Lubitsch - crédits : John Kobal Foundation/ Moviepix/ Getty Images

Cecil B. DeMille et Ernst Lubitsch

<it>Le Fils du cheik</it> - crédits : Hulton Archive/ MoviePix/ Getty Images

Le Fils du cheik

Harold Lloyd - crédits : Evening Standard/ Getty Images

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