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TOURS DE GRANDE HAUTEUR ou GRATTE-CIEL

Depuis toujours, la construction en hauteur hante les hommes. À preuve les ziggourats, pyramides, cathédrales et autres beffrois qui revètent une dimension symbolique et cherchent à exprimer la puissance politique ou religieuse d'une époque.

Si Babel resta inachevée à la suite d'une intervention divine, à en croire le récit de la Genèse, le mythe d'une tour qui monte jusqu'aux cieux et abrite l'humanité toute entière demeure extrêmement présent. Les projets récurrents de villes verticales de plusieurs kilomètres de hauteur en témoignent. Au IVe millénaire av. J.-C., déjà, les architectes, qui ne disposent que de briques et de bitume, contournent les difficultés techniques pour construire en hauteur. Leurs ziggourats reposent sur des murs épais formant des terrasses reliées par des escaliers, puis par des rampes d'accès extérieures. En 2580 av. J.-C., le pharaon égyptien Chéops édifie la pyramide de Gizeh, qui s'élevait à 146 mètres (aujourd'hui, 137 m).

Quelques siècles plus tard, donjons, campaniles et clochers rivalisent de hauteur. Le pouvoir civil s'incarne dans les beffrois des hôtels de ville qui délimitent une identité géographique et politique. La tour del Mangia de Sienne, construite à partir de 1338, culmine à 102 mètres. Les flèches, tours et clochers des cathédrales et églises, expriment le pouvoir religieux et se lancent à l'assaut du ciel pour célébrer la gloire de Dieu avec des hauteurs de plus de 150 mètres. L'enjeu est d'aller le plus loin possible avec moins de matière. La mise en œuvre des arcs-boutants libère l'intérieur de l'édifice de nombreuses contraintes et laisse la lumière entrer largement. On retrouvera un dispositif voisin plusieurs siècles plus tard avec le mur-rideau et le contreventement extérieur des tours. Mais quels sont, aujourd'hui, les réelles significations et les rôles des tours de grande hauteur ?

La symbolique

La naissance du gratte-ciel

C'est à la fin du xixe siècle que les constructions de grande hauteur quittent le domaine du sacré pour le profane. Un concours de circonstances favorise la naissance des gratte-ciel à Chicago : un violent incendie détruit la ville en 1871 et tout est à reconstruire. La mise au point de l'ascenseur par Elisha Graves Otis en 1857 et la maîtrise toujours plus grande des charpentes en fonte donnent une plus grande liberté aux concepteurs. Enfin, William Le Baron Jenney, invente le mur-rideau en 1879 pour le First Leiter Building (démoli en 1972). Les planchers, non porteurs, sont indépendant des murs. Ces derniers, encore édifiés de manière traditionnelle, intègrent une plus grande surface de baies vitrées. Jenney remplace ensuite la fonte par l'acier, plus résistant à la déformation et construit en 1883, sur un squelette en métal qui, désormais supporte les façades, le Home Insurance Company Building, un bâtiment de dix étages (détruit en 1931) considéré depuis lors comme la première tour moderne. Une course d'un nouveau genre va commencer.

Construite pour l'Exposition universelle de 1889, la tour Eiffel avait provoqué l'étonnement dans le monde par sa structure creuse, d'une hauteur encore jamais atteinte. Ce bâtiment, au départ éphémère, suscite de nombreuses controverses. Il est finalement conservé. Mais la France attendra plus d'un siècle avant de renouer avec des constructions très hautes : plusieurs tours de 300 mètres sont actuellement à l'étude pour le quartier de La Défense à l'ouest de Paris. Gérée par l'Établissement public d'aménagement de La Défense (Épad), un organisme créé en 1958, La Défense est un cas particulier : seule opération au monde de cette ampleur construite sur dalle, elle représente 7 p. 100 du parc immobilier de la région Île-de-France, avec près d'une centaine de tours, plus de 3 millions[...]

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Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Élisabeth PÉLEGRIN-GENEL. TOURS DE GRANDE HAUTEUR ou GRATTE-CIEL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Burj al-Arab, Dubaï - crédits : A. Kamasi/ Shutterstock

Burj al-Arab, Dubaï

Autres références

  • BOSTON

    • Écrit par Laurent VERMEERSCH
    • 1 593 mots
    • 3 médias

    Capitale de l’État du Massachusetts et principale ville de Nouvelle-Angleterre, Boston, avec ses 673 000 habitants en 2016, est au cœur de la dixième agglomération des États-Unis (4,8 millions d’habitants). Elle est également la deuxième agglomération de la mégalopole BosWash (Boston-Washington),...

  • BURNHAM DANIEL HUDSON (1846-1912)

    • Écrit par Universalis
    • 648 mots

    Architecte et urbaniste américain, né le 4 septembre 1846 à Henderson, dans l'État de New York, mort le 1er juin 1912 à Heidelberg, en Allemagne.

    La famille de Daniel Hudson Burnham s'installe à Chicago alors qu'il est âgé de huit ans. Après le lycée et plusieurs faux départs, il...

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - L'architecture

    • Écrit par Claude MASSU
    • 12 026 mots
    • 9 médias
    Associé à Dankmar Adler, Louis Sullivan s'est particulièrement illustré dans les gratte-ciel. Considérant l'édifice comme un organisme, il le divise en trois parties : base, partie intermédiaire, sommet, correspondant aux trois principales fonctions du bâtiment. Loin d'exprimer l'ossature en acier, il...
  • FOSTER NORMAN (1935- )

    • Écrit par François CHASLIN
    • 2 109 mots
    • 1 média
    ...britannique en territoire chinois, figurant d'ailleurs sur ses billets de banque, l'édifice passe pour la construction la plus onéreuse du xxe siècle. Gratte-ciel à la structure apparente, il est d'une hardiesse de conception inégalée. Il rompt radicalement avec l'esthétique lisse et dépouillée, en «...
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Voir aussi