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BEFFROIS

Le mot « beffroi » vient du vieux saxon Bel (cloche) et Fred (paix). Le beffroi est essentiellement un échafaudage en bois, très solide, pouvant supporter des charges considérables, et qui a, en général, la forme d'une tour. Il fut utilisé d'abord comme machine de guerre, dans l'attaque des remparts. Cet usage signalé dans l'Antiquité s'est prolongé jusqu'à l'apparition de l'artillerie.

Ces beffrois furent également utilisés pour soutenir les cloches dans les tours. Il en a existé dans tous les clochers d'église et dans les tours renfermant les cloches municipales octroyées par les chartes.

Le nom de beffroi désigne le plus souvent l'ensemble de la tour. Il est devenu synonyme de liberté communale. L'apogée de la construction des beffrois se situe au xve siècle.

Les beffrois, machines de guerre

Art de la guerre - crédits :  Bridgeman Images

Art de la guerre

Dans l'Antiquité, les militaires employaient des tours munies de roues pour assiéger les remparts de ville. Jules César signale, aux livres II et V de ses Commentaires sur la guerre des Gaules, l'emploi de tels engins. Le traité d'art militaire de Végèce (X, 13) nous donne une idée précise de leur constitution.

Guillaume de Tyr raconte que l'assaut de Jérusalem, lors de la première croisade, a été donné grâce à l'emploi de tours roulantes appelées « beffroys ». Il semble qu'ils soient entrés en action pour la dernière fois au siège de Breteuil en 1356, si l'on suit les indications de Froissart. L'artillerie devait, en effet, avantageusement remplacer ces machines de guerre, dont l'emploi visait déjà à réduire les travaux de sape à la base des remparts.

Les beffrois du Moyen Âge ne paraissent pas avoir été très différents de ceux que les Anciens utilisaient : la construction comportait toujours une tour en bois à plusieurs étages. La hauteur devait en être au moins égale à celle du rempart à attaquer. Un dispositif d'abattant permettait aux archers d'assaillir facilement les défenseurs qui se trouvaient sur le rempart. Pour éviter les incendies que risquaient de provoquer les projectiles enflammés, la charpente était recouverte de peaux de bêtes fraîchement tuées, de cuir ou de mottes de gazon. Utilisant un vitrail de la basilique de Saint-Denis, qui représente la prise de Jérusalem, Viollet-le-Duc nous a donné dans son Dictionnaire la représentation d'un beffroi pendant l'assaut.

Les guerriers qui participaient à l'action pouvaient être assez nombreux. Froissart indique qu'à La Réole, les beffrois comptaient trois étages abritant chacun cent archers.

Le poids de ces machines devait donc être considérable : or, comme Viollet-le-Duc le faisait justement remarquer, aucune représentation ancienne ne nous indique comment on pouvait manœuvrer de tels monuments.

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Renée PLOUIN. BEFFROIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Art de la guerre - crédits :  Bridgeman Images

Art de la guerre

Autres références

  • CHIME

    • Écrit par Universalis
    • 956 mots

    Du latin médiéval cymbala, « cloches », le chime (ainsi nommé pour distinguer ces instruments des carillons) est un jeu de cloches fixes accordées dans une série musicale, traditionnellement en séquence diatonique (gamme de sept notes) avec quelques accidents (dièses et bémols). Les cloches,...

Voir aussi