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COOL, jazz

À la fin des années 1940, un nouveau courant s'affirme autour de Lennie Tristano ou de Miles Davis : le cool. Allant à l'encontre des tempos ultrarapides du be-bop, le cool redécouvre la fluidité et l'héritage de Lester Young.

À la fin des années 1940, face à la saturation de l'espace sonore du be-bop de Charlie Parker ou de Dizzy Gillespie, un certain nombre de musiciens s'engagent sur la voie d'une musique moins tendue : Bix Beiderbecke, Benny Goodman et, surtout, Lester Young en sont les inspirateurs.

À partir de 1946, le pianiste et pédagogue new-yorkais Lennie Tristano regroupe des fidèles, parmi lesquels Lee Konitz, pour remettre en avant le thème ainsi que la fluidité ; au même moment, sur la côte ouest, quatre saxophonistes – The Four Brothers : Stan Getz, Herbie Stewart, Serge Chaloff et Zoot Zims – redécouvrent la cohésion des timbres, le beau son et l'héritage lestérien en général.

L'album de Miles DavisBirth of the Cool, qui regroupe des plages enregistrées en 1949 et 1950, donne une vision nouvelle grâce un « contrepoint improvisé » servi par une recherche de qualité des timbres et une certaine décontraction rythmique.

On note également la présence d'instruments peu usités, comme le cor et le tuba, l'atténuation des ornements (vibrato discret et rythmique de Miles Davis ou de Lee Konitz), les arrangements de Gerry Mulligan (au saxophone baryton) et de Johnny Carisi, où les registres graves sont souvent favorisés (Godchild, dans Birth of the Cool).

Sans rompre tout à fait avec le bop, le trompettiste Chet Baker, les saxophonistes Art Pepper et Paul Desmond (dans le quartet de Dave Brubeck) ou le Modern Jazz Quartet adhèrent à ces conceptions de 1948 à la fin des années 1950.

Parallèlement, en Californie, les musiciens donnent aussi une grande importance aux arrangements et aux sonorités différentes (emploi du hautbois, par exemple). Ce qu'on a étiqueté West Coast Jazz est surtout incarné par d'anciens membres de l'orchestre de Stan Kenton : Shorty Rogers, Shelly Manne et Jimmy Giuffre.

On peut voir une « suite » du cool dans les travaux tentés par l'atonalisme du théoricien André Hodeir et, plus tard, du flûtiste James Newton ou dans les climats installés par le vibraphoniste Gary Burton, voire encore dans le son du label E.C.M. (Edition of Contemporary Music).

— Eugène LLEDO

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Écrit par

  • : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore

Classification

Pour citer cet article

Eugène LLEDO. COOL, jazz [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BEIDERBECKE LEON BISMARK dit BIX (1903-1931)

    • Écrit par Alain GERBER
    • 224 mots

    Cet asocial typique, ce soliste de jazz marginal aurait pu être un héros de Scott Fitzgerald : du reste, la vie de Beiderbecke a inspiré un roman et un film, tous deux intitulés Le Jeune Homme à la trompette. Surtout, Bix est l'un des très rares solistes blancs qui se soit hissé au niveau des...

  • DAVIS MILES (1926-1991)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 1 759 mots
    • 2 médias
    ...de disques, Capitol, enregistre en trois séances (1949 et 1950) la valeur de quatre 78-tours regroupés dans un album désormais historique, Birth of the Cool. Mais Gil Evans tombe malade et, après un bref succès d'estime et un court passage au Royal Roost, l'ensemble disparaît. En 1949, Miles Davis fonde...
  • DAVIS MILES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 985 mots

    25 mai 1926 Miles Dewey Davis, III naît à Alton (Illinois), dans une famille noire, mélomane et bourgeoise.

    Septembre 1944 Miles Davis s'installe à New York, officiellement pour préparer son entrée à la Juilliard School of Music, en réalité pour rencontrer Charlie Parker.

    1945-1948 ...

  • EVANS GIL (1912-1988)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 963 mots

    Étrange personnage que Gil Evans ! Il ne lui faut pas plus de six ans pour subjuguer le monde du jazz par la beauté de ses arrangements, pour délivrer dans son entier un message qui fascine toujours musiciens et mélomanes du monde entier. Avant, de longues périodes de doute, de ce silence pesant...

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Voir aussi