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SIBÉRIE

Les Sibéries

La dualité de la Sibérie occidentale

La Sibérie occidentale correspond au bassin de l'Ob, qui juxtapose deux situations antinomiques.

Au sud, l'interfluve Ob-Aral est occupé par la steppe boisée, qui recouvre des tchernoziums dégradés par l'humidité insuffisante. Parcourue par le Transsibérien, cette zone est vouée à l'agriculture mécanisée. À la lisière des déserts d'Asie centrale, le principal aléa auquel elle est soumise est la sécheresse. L'agriculture y reste donc extensive et repose surtout sur des cultures de printemps, en raison de la longueur de l'hiver. Elle se fait plus intensive dans le kraï d'Altaï, à l'est, au pied des monts Saïan, reliefs qui occasionnent un surcroît de précipitations. Sur 6 p. 100 du territoire russe, la Sibérie occidentale assure 25 p. 100 de la récolte de céréales et abrite 25 p. 100 des troupeaux bovins et porcins.

À chaque croisement entre un grand fleuve et l'axe vers le Pacifique (« trakt », puis Transsibérien), une ville a grandi.

Omsk (1,14 million d'habitants en 2006), sur l'Irtych, est un gros centre industriel largement lié au complexe militaro-industriel (conception et fabrication de chars, de réacteurs, de fusées, de satellites) et doté du plus important complexe pétrochimique de Sibérie.

Novossibirsk (1,4 million d'habitants), sur l'Ob, passe souvent pour la « capitale » de la Sibérie. C'est un centre industriel dont l'activité la plus notable est la construction aéronautique. Son excroissance scientifique, Akademgorodok, ville qui regroupe des milliers de chercheurs de toutes spécialités et accueille plusieurs filiales sibériennes de l'Académie des sciences, est un centre de conception soviétique. Coupé de l'industrie, il n'a pas suscité l'apparition de technopole majeure. Plus au nord, Tomsk (490 000 habitants) est flanquée d'une « ville-secrète » de 97 000 habitants, Seversk, entièrement vouée au nucléaire militaire.

Au nord de cet interfluve et jusqu'à l'océan Arctique s'étend la plaine de Sibérie occidentale, immense espace amphibie. L'activité économique essentielle y est l'exploitation des hydrocarbures. Sous le nom de Bakou III, cette région est devenue le pilier de la production russe à partir des années 1980. La boucle de l'Ob moyen (le district autonome des Khanty-Mansii) produit les deux tiers du pétrole russe en 2005. La ville principale, Sourgout, compte 291 000 habitants (2006).

Les gisements de gaz se trouvent plus au nord, dans la toundra. Le district autonome des Iamalo-Nenets assure 91 p. 100 de la production du pays. La ville de Novyi-Ourengoï (113 000 habitants) a été construite pour héberger les familles des ouvriers qui se succèdent par rotation sur les chantiers de quart des gisements gaziers. L'avenir de la production repose sur les réserves, plus septentrionales, de la presqu'île de Iamal (encore inexploitées), puis celles, offshore, de la mer de Kara.

Le boom des hydrocarbures a conduit à un accroissement phénoménal de la population de ce Grand Nord sibérien. Les districts des Khanty-Mansii et des Iamalo-Nenets ne comptaient à eux deux que 186 000 habitants en 1959. Ce chiffre est monté à 351 000 en 1970, 727 000 en 1979, et 1 754 000 en 1989. En 2002, on comptait 1 915 000 habitants, surtout des migrants venus de tout le pays. Les populations autochtones n'en représentent que moins de 10 p. 100. La vie traditionnelle ne reste vivace que dans le district des Iamalo-Nenets, où l'élevage nomade du renne (45 p. 100 du troupeau du pays) est encore largement pratiqué.

La spécialisation industrielle de la Sibérie centrale

La Sibérie centrale est caractérisée par des montagnes peu peuplées au sud (les républiques autonomes d'Altaï et de Touva ne comptent que 500 000 habitants[...]

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Écrit par

  • : conservateur en chef du musée Guimet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études en sciences sociales
  • : professeur à l'université de Lyon-II, chercheur au Centre Magellan, Université de Lyon-III
  • : professeur titulaire de la faculté des sciences de l'université de Picardie

Classification

Pour citer cet article

Vadime ELISSEEFF, Pascal MARCHAND et Guy MENNESSIER. SIBÉRIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture - crédits : Encyclopædia Universalis France

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture

-2000 à -1000. Les empires du Bronze - crédits : Encyclopædia Universalis France

-2000 à -1000. Les empires du Bronze

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

Autres références

  • ALTAÏ

    • Écrit par Pierre CARRIÈRE
    • 382 mots

    La république fédérée de l'Altaï occupe, au sud de la Sibérie occidentale, une région essentiellement montagnarde de 92 600 kilomètres carrés où, en 2002, étaient recensés 202 900 habitants. Ce territoire est peuplé par les Oïrotes qui appartiennent à la famille ethnolinguistique altaïque....

  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie

    • Écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER, Danièle LAVALLÉE, Catherine LEFORT
    • 18 105 mots
    • 9 médias
    Dans la mesure où la plupart des préhistoriens s'accordent aujourd'hui pour faire venir du nord-ouest, c'est-à-dire de Sibérie, les premiers occupants de l'Amérique, il est alors essentiel de pouvoir reconstituer l'environnement nordique américain et de connaître l'importance et le moment des transformations...
  • AMOUR, fleuve

    • Écrit par Laurent TOUCHART
    • 2 316 mots

    Pour les Russes, l'Extrême-Orient se distingue de la Sibérie par le fait que le premier voit ses fleuves se jeter dans le Pacifique, la seconde, dans l'océan glacial Arctique. Alors que les cours d'eau sibériens, coulant du sud au nord, nécessitaient pour la colonisation russe des transbordements...

  • ANGARA

    • Écrit par Pierre CARRIÈRE
    • 382 mots

    Émissaire unique du lac Baïkal, l'Angara, après avoir traversé le lac du même nom, change d'appellation et devient la Toungouzka supérieure ; cet organisme fluvial draine un bassin de 1 045 000 kilomètres carrés et se jette, au terme d'un cours de 1 826 kilomètres, dans l'...

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Voir aussi