Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ROME ET EMPIRE ROMAIN L'Antiquité tardive

Constantin et la dynastie constantinienne (306-363)

La seconde tétrarchie, qui fut mise en place le 1er mai 305, ne dura guère : au lendemain de la mort de Constance, en 306, l'armée de Bretagne proclama Auguste, sans tenir compte des règles, son fils Constantin, et Maxence saisit l'occasion pour se faire proclamer à Rome, rappeler son père Maximien au service, et éliminer Sévère, qui était alors en Occident le seul Auguste légitime. Galère, très attaché à l'œuvre de Dioclétien, sollicita en vain son retour, puis ses conseils, et choisit un nouvel Auguste, Licinius, tandis qu'en Afrique un usurpateur sans mandat prenait également la pourpre : il y eut sept Augustes à la fois.

Constantin, néophyte chrétien

La situation s'éclaircit peu à peu par éliminations successives, et en 312 demeuraient en présence en Occident Constantin et Maxence, en Orient Licinius et Maximin Daia, mais la tétrarchie avait vécu : en 313, deux empereurs restaient seuls, Constantin, qui avait vaincu Maxence près de Rome (pont Milvius), et Licinius, car Maximin, vaincu aussi, était mort peu après. Ils s'accordèrent d'abord, revinrent au principe de l'hérédité et désignèrent comme Césars (héritiers présomptifs et non collègues) leurs fils. Mais le retour à l'esprit dynastique exigeait l'unité : Licinius, vaincu une première fois en 316, fut définitivement éliminé et exécuté en 324. Constantin restait seul maître du monde romain. Il s'était converti au christianisme au cours de sa campagne contre Maxence, ayant reconnu, après une vision, que le dieu qui le protégeait et lui donna la victoire n'était ni Hercule ni le Soleil, mais le dieu des chrétiens, dont il mit du temps à se faire une idée nette, s'il y parvint jamais, bien que son entourage d'évêques l'y aidât puissamment. Cette conversion était sincère, quoique peu éclairée, et Constantin, sans persécuter le paganisme, réserva désormais ses faveurs à l'Église, si violemment secouée peu d'années auparavant. Dans son ardeur de néophyte et sa méconnaissance des problèmes théologiques, il entendait que son Église, comme son Empire, fût unie, et il mit la force de l'État au service d'une orthodoxie changeante. En Afrique, le schisme donatiste fut combattu, et en Orient l'arianisme condamné au concile de Nicée (325), présidé par Constantin lui-même. Mais il se déjugea plusieurs fois, tomba sous l'influence de prêtres ariens ou semi-ariens, et fut même baptisé sur son lit de mort, en 337, par l'un d'entre eux. Constantin était un entraîneur d'hommes. Il remporta de grands succès sur les Barbares du Rhin et du Danube et en déporta des milliers (des Sarmates surtout) dans les provinces dépeuplées de l'Empire. Il sépara définitivement l'armée des frontières de l'armée de campagne qui fut renforcée (comitatus) et commandée par des magistri militum, et il rendit la carrière des armes totalement indépendante des carrières civiles. Il poursuivit l'œuvre de Dioclétien, donna dans l'administration centrale la première place au questeur du palais, au maître des offices et aux comtes (comites) financiers. Les hauts fonctionnaires reçurent le clarissimat : l'ordre sénatorial devenait une caste bureaucratique. Les vicaires des diocèses furent placés sous l'autorité des préfets du prétoire. L'Empire fut partagé en trois (ou, à certains moments, en quatre) grandes préfectures (Gaules, Afrique-Italie-Illyricum, Orient), ce qui introduisait au sein du pouvoir politique de nouveau unifié une décentralisation dangereuse : peu avant sa mort, il semble avoir partagé l'Empire, mais peut-être n'était-ce pas définitif dans sa pensée, entre ses trois fils survivants, Constantin le Jeune, Constant, Constance, et son neveu Delmatius. Pour assainir les finances, il créa des impôts nouveaux,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Grenoble
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble

Classification

Pour citer cet article

Yann LE BOHEC et Paul PETIT. ROME ET EMPIRE ROMAIN - L'Antiquité tardive [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Arc de Galère (détail) - crédits : Brad Hostetler/ FLickr ; CC BY 2.0

Arc de Galère (détail)

Arc de Galère, Thessalonique - crédits : Marco Verch/ FLickr ; CC BY 2.0

Arc de Galère, Thessalonique

300 à 400. Christianisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

300 à 400. Christianisme

Autres références

  • CIVILISATION ROMAINE (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 4 292 mots
    • 18 médias

    Le destin de Rome est celui d’une obscure bourgade de la péninsule italienne devenue, en l’espace de quatre siècles, une mégapole, capitale d’un immense empire s’étendant de l’Écosse à l’Arabie, des confins sahariens aux rives du Danube. Ce processus historique s’accompagna de la disparition de la ...

Voir aussi