ROME ET EMPIRE ROMAINL'Antiquité tardive
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La fin de l'Empire unifié
Après Jovien, mort accidentellement en février 364, régnèrent deux frères, Valentinien en Occident, Valens en Orient, des officiers pannoniens choisis par l'état-major. Valentinien, bon général, autoritaire, coléreux et patriote, défendit la Gaule avec succès, en fortifia la frontière remarquablement, et donna à l'administration un caractère et une hiérarchie militaires très prononcés. Il entra en conflit avec les sénateurs de Rome, et procéda à des exécutions que lui reproche Ammien Marcellin. Chrétien sans fanatisme, il se montra tolérant. Son frère, plus jeune et moins capable, gouverna l'Orient avec les mêmes principes, dut faire face à l'usurpation de Procope (365-366) et sévit cruellement contre les intellectuels païens. Il était arien et son intolérance fit contraste avec la modération de Valentinien. Malgré une sévère persécution, il ne put empêcher les progrès de l'orthodoxie « catholique », dont le chef était saint Basile de Césarée. Il fut tué en 378, à Andrinople, en combattant contre des hordes de Goths, imprudemment admis dans la péninsule balkanique, et qui n'en furent jamais délogés par la suite. Cette défaite parut à beaucoup le présage d'un avenir sombre.
La fragmentation du territoire impérial et les menaces extérieures : prémices de la chute de l'Empire romain.
Crédits : Encyclopædia Universalis France
Valentinien, mort en 375, avait laissé l'Occident à son fils Gratien, faible et pieux, soumis à l'influence de l'évêque de Milan, saint Ambroise. Après la bataille d'Andrinople, il éleva à la pourpre l'Espagnol Théodose, bon général, au caractère violent et inégal, très orthodoxe. Dès 381, le paganisme fut persécuté et l'arianisme extirpé : le concile de Constantinople imposa la foi nicéenne, organisa l'autorité des évêques métropolitains sur leurs diocèses, et donna à celui de la capitale une « primatie » égale à celle de l'évêque de Rome. Gratien suivit la même politique, et les païens de Rome perdirent leurs derniers privilèges (affaire de l'autel de la Victoire, suppression des revenus et immunités des prêtres païens et des vestales). Théodose eut à lutter en Occident contre deux usurpateurs : le premier, Maxime, avait tué Gratien en 383 ; le second, un rhéteur païen, Eugène, poussé sur le trône par le général franc Arbogast, avait éliminé le jeune frère de Gratien, Valentinien II, en 388. Tous deux furent vaincus en des batailles meurtrières, qui affaiblissaient les armées romaines, composées du reste en grande partie de contingents barbares. En 382, Théodose avait installé comme « fédérés » (alliés fournissant des recrues et recevant des terres et des subsides) les Goths qui erraient dans la péninsule balkanique depuis 378, ce qui était une manière dangereuse de résoudre, à court terme, le problème barbare. En 387, il avait obtenu des Perses une paix de compromis. Tombé lui aussi sous l'influence de saint Ambroise, qui entendait imposer à l'État la suprématie du spirituel, et osa lui infliger des pénitences publiques, il se décida en 392, après quelques années de répit, à proscrire totalement le paganisme, qui survécut longtemps encore dans les campagnes et dans les milieux intellectuels de l'ancienne Rome. Après avoir nommé Augustes ses deux fils – Arcadius en 383, Honorius en 393 –, Théodose mourut de maladie en janvier 395. Ses fils auraient dû régner en bon accord, sous la tutelle du général Stilicon, marié à une princesse impériale, mais ce fut un échec : les deux parties de l'Empire se séparèrent et furent désormais vouées à des destinées bien différentes : dès 407, l'Occident d'Honorius fut en proie à de terribles invasions barbares, tandis que l'Orient survécut et prospéra même, sous le nom d'Empire byzantin, jusqu'en 1453.
Grandes Invasions. Division de l'Empire romain. Création de royaumes barbares en Chine.Au Ve siècle, des peuples nomades déferlent massivement sur l'Extrême-Orient et sur l'Occident. C'est la période dite des Grandes Invasions.En Chine tout d'abord, les royaumes barbares du nord sont...
Crédits : Encyclopædia Universalis France
Les causes de la chute de l'Empire romain font l'objet de fréquentes controverses : les pessimistes (F. Lot) estiment que les Barbares ont jeté bas un Empire vermoulu et rongé par ses tares internes, une administration dévorante, une société sclérosée, une armée barbarisée, un déséquilibre social irrémédiable. Les optimistes (A. Piganiol, S. Mazzarino et bien d'autres aujourd'hui) pensent qu'une civilisation en plein renouveau a été « assassinée » (A. Piganiol) par l'arrivée des Barbares. L'unité de l'Empire fut rompue en 408, à la mort de Stilicon. On a fortement souligné récemment (J. Vogt) qu'en Occident même la civilisation n'a pas disparu avec la formation des royaumes barbares, [...]
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Écrit par :
- Yann LE BOHEC : professeur à l'université de Grenoble
- Paul PETIT : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble
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Pour citer l’article
Yann LE BOHEC, Paul PETIT, « ROME ET EMPIRE ROMAIN - L'Antiquité tardive », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 15 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/rome-et-empire-romain-l-antiquite-tardive/