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ROME ET EMPIRE ROMAIN L'Antiquité tardive

L'Empire chrétien

300 à 400. Christianisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

300 à 400. Christianisme

Le ive siècle fut grand à bien des égards, et ce renouveau est dû pour une part aux réformes de Dioclétien, poursuivies, dans le même sens, par Constantin et Valentinien. Les empereurs sont théoriquement des souverains absolus, les traditions « libérales » du principat n'ayant pas résisté à la crise du iiie siècle, et le Sénat de Rome ayant perdu toute importance politique. Païens et chrétiens considèrent également leur « maître » (dominus) comme « empereur par la grâce de dieu » (ou de la divinité, quelle qu'elle soit). La conversion de Constantin a modifié le sens du culte impérial et rendu inutile la divinisation recherchée par ses prédécesseurs. La victoire des armes, expression de la volonté divine, distingue le «   basileus » légitime de l'usurpateur, « tyran » que vitupèrent les panégyristes. La nouveauté réside surtout dans le perfectionnement des structures administratives, ce qui limite du reste l'action directe des souverains, isolés au sein de l'apparat de leur cour : bureaucratie centrale pléthorique, pouvoirs énormes des préfets du prétoire dans leurs vastes circonscriptions, stricte hiérarchie des fonctionnaires, jusqu'aux gouverneurs de provinces, tout-puissants aussi, en contact direct avec la population, les corporations et les curies municipales (le nom de curiales a remplacé celui de décurions) totalement mobilisées pour le service de l'État. Une législation abondante (recueillie dans le Code théodosien, depuis 313, et plus tard dans le Code justinien) marque les progrès de l'interventionnisme d'un État « totalitaire », malgré la protection officielle accordée aux pauvres (tenuiores,humiliores) contre les riches, qu'ils soient sénateurs grands latifondiaires aux tendances autarciques, en Occident surtout, ou fonctionnaires (honorati) aux traitements élevés, en espèces et en nature, fiers de représenter un État fort, et placés au sommet de la hiérarchie sociale. Seuls les hauts « clarissimes » (les illustres) siègent vraiment au Sénat de Constantinople, porté à 2 000 membres sous Constance. Les autres font partie de l'ordre sénatorial, caste privilégiée depuis Constantin, ambition suprême de tous ceux qui font des études de lettres et de droit, et aussi des curiales désireux de fuir leurs charges écrasantes. Les postes inférieurs sont équestres (le perfectissimat), réservés à une nuée de « notaires » tachygraphes, souvent de basse extraction. Mais, entre 312 et 326, Constantin décida la disparition, pour nous incompréhensible, de l'ordre équestre, dont les membres devinrent tous, ou presque, sénateurs. Comme facteur de promotion sociale, au ive siècle le fonctionnariat a remplacé l'armée, désormais composée de Barbares germains, de Goths, voire de Huns et d'Alains, dans la garde impériale. Des chefs, valeureux et fidèles en général, sont des Francs le plus souvent (Mérobaud, Arbogast, Richomer) que récompensent le consulat et de riches dotations. La fiscalité est très lourde, sous Théodose surtout, facilement dépensier, et pèse davantage sur les colons, les marchands et les curiales que sur les grands propriétaires, qui reçoivent ou usurpent de nombreuses immunités. Aussi les pauvres cherchent-ils auprès d'eux une protection, le patronage (patrocinium), qui, malgré de multiples lois, à partir de Valentinien, les soustrait à l'autorité de l'État, et les place sous la dépendance matérielle (cession de terres) et morale des puissants, civils et militaires. Depuis le début du siècle, les colons étaient liés à la terre, et leur situation empire : leurs obligations, qualifiées d'obsequia servilia, sont analogues à celles des serfs du Moyen Âge.

Le ive siècle a connu moins d'invasions que le précédent et, jusqu'en 378, les Barbares sont contenus. L'armée des[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Grenoble
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble

Classification

Pour citer cet article

Yann LE BOHEC et Paul PETIT. ROME ET EMPIRE ROMAIN - L'Antiquité tardive [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Arc de Galère (détail) - crédits : Brad Hostetler/ FLickr ; CC BY 2.0

Arc de Galère (détail)

Arc de Galère, Thessalonique - crédits : Marco Verch/ FLickr ; CC BY 2.0

Arc de Galère, Thessalonique

300 à 400. Christianisme - crédits : Encyclopædia Universalis France

300 à 400. Christianisme

Autres références

  • CIVILISATION ROMAINE (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 4 292 mots
    • 18 médias

    Le destin de Rome est celui d’une obscure bourgade de la péninsule italienne devenue, en l’espace de quatre siècles, une mégapole, capitale d’un immense empire s’étendant de l’Écosse à l’Arabie, des confins sahariens aux rives du Danube. Ce processus historique s’accompagna de la disparition de la ...

Voir aussi