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RHODES

Rhodes au VIIe siècle avant J.-C.

Au moment de la découverte de ces tombes, durant la seconde moitié du xixe siècle, on a cru que tous les vases qu'elles contenaient étaient, sauf exceptions flagrantes, de production locale. Mais les analyses d'argile réalisées durant le dernier quart du xxe siècle ont montré que la belle céramique décorée de ce qu'on appelle le Wild Goat Style – un style animalier dont la calligraphie décorative culmine avec l'Oenochoé Lévy du Louvre (E658 ; 640-630 av. J.-C.) – n'a pas été fabriquée à Rhodes, mais dans le sud de l'Ionie, probablement à Milet, ce qui explique ses affinités évidentes avec les céramiques de Samos et de Chios ; les plats à figuration humaine, beaucoup plus rares, sont l'œuvre d'un atelier dorien, probablement insulaire, mais non rhodien, proche des styles figuratifs des Cyclades. Le style de Fikellura (près de Camiros), qui succède à ces styles orientalisants, entre 560 et le début du ve siècle, n'est pas non plus rhodien : lui aussi est de facture milésienne.

Les bijoux d'électrum et d'or – essentiellement des plaquettes à figures en relief souvent rehaussées de granulations très fines (Louvre et British Museum) – sont en revanche probablement produits par un seul atelier rhodien, actif durant la seconde moitié du viie siècle, qui n'a d'équivalent qu'en Étrurie. De même, les vases miniatures et les figurines de faïence qu'on a longtemps cru importées d'Égypte, où cette technique est pratiquée depuis longtemps, s'avèrent être des fabrications rhodiennes, qui profitent de l'engouement pour cette pacotille exotique, du milieu du viie siècle à la fin du vie.

Une orfèvrerie raffinée, de petites faïences pittoresques exportées, une céramique fine importée – tous ces produits, par leur matériau, par leur technique, par leur iconographie, révèlent une ouverture au monde extérieur et une prospérité dont on aimerait connaître mieux les modalités pratiques : il est paradoxal que la plupart de ces trouvailles proviennent de la nécropole de Camiros, cité sans port, tandis que Lindos, dont la baie abritée appelle l'activité maritime, n'a livré que bien peu de ce matériel cosmopolite.

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Écrit par

  • : ancien membre de l'École française d'Athènes, professeur émérite d'archéologie grecque à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Bernard HOLTZMANN. RHODES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Rhodes, plan de la ville antique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Rhodes, plan de la ville antique

Victoire de Samothrace - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Victoire de Samothrace

Laocoon - crédits :  Bridgeman Images

Laocoon

Autres références

  • CHARÈS DE LINDOS (2e moitié IVe s. av. J.-C.)

    • Écrit par Alain MAHUZIER
    • 238 mots

    Sculpteur rhodien de l'école de Lysippe, Charès de Lindos est l'auteur du célèbre Colosse de Rhodes, gigantesque statue d'Hélios, protecteur de l'île de Rhodes. Exécutée en bronze, haute de soixante-dix coudées, ou cent cinq pieds (31 à 35 m) selon les textes, elle était...

  • COLOSSAL, art et architecture

    • Écrit par Martine VASSELIN
    • 3 262 mots
    • 17 médias
    ...aussi révélateurs que les réalisations concrètes, évidemment moins nombreuses. Les relations des historiens antiques (Strabon, Philon de Byzance) sur Rhodes, l'île aux mille statues colossales, toutes légendaires qu'elles aient pu être, ont eu autant de résonance pour les esprits que s'il en avait existé...
  • MAUSOLE (mort en 353 av. J.-C.)

    • Écrit par Valentin NIKIPROWETZKY
    • 514 mots

    Fils du satrape de Carie Hécatomnos qui exerce son pouvoir au milieu du ~ ive siècle, Mausole succède à son père en ~ 377-~ 376. Pratiquement indépendant du Grand Roi, il entretient tout d'abord d'excellentes relations avec le pouvoir central et il coopère en ~ 365 avec le karanos...

  • SANCTUAIRE, Grèce hellénistique et Rome antique

    • Écrit par Pierre GROS, John SCHEID
    • 8 293 mots
    • 4 médias
    Les mêmes moyens, mais utilisés à d'autres fins, se décèlent dans les grands ensembles de Cos ou de Lindos de Rhodes. Ces sanctuaires dits à terrasses ont été longtemps considérés comme les créations les plus représentatives de la période hellénistique ; elles ont été remises récemment à leur place,...

Voir aussi