Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SAMOS

L’île grecque de Samos (33 000 hab. en 2011), dans la mer Égée, est la plus proche des côtes de l’Asie Mineure, dont elle est séparée par le mince détroit de Samos. Ce territoire boisé et montagneux s’étend sur 476 kilomètres carrés ; il culmine au mont Kerkis (1 433 mètres), à la pointe occidentale de l’île. Le littoral est très découpé sur la façade orientale, mais plus régulier sur la côte sud, bordée par de larges plaines qui s’étirent loin dans les terres, sauf autour du port de Pythagoreion (anc. Tigani), entouré de collines. Avec les îles d’Icarie et de Fourni, l’île forme le département (nomós) de Samos ; son chef-lieu, Vathy, se dresse à la pointe d’une étroite et profonde baie de la côte nord.

On ignore d’où venaient les premiers habitants de l’île, mais on trouve des traces d’occupation au début du Néolithique sur la côte sud, près de Pythagoreion. Les Ioniens apparurent dans l’île vers le xie siècle avant J.-C. Les Samiens furent parmi les premiers Grecs à participer au vaste mouvement de colonisation qui se développe à partir du milieu du ~ viiie siècle (fondation d'Amorgos au début du ~ viie siècle) et surtout à se lancer sur les mers occidentales. Samos fut au viie siècle l’un des principaux centres du commerce grec : ses échanges avec les peuples de la mer Noire, l’Égypte, Cyrène (en Libye), Corinthe et Chalcis en firent une sérieuse rivale de Milet.

Le tyran Polycrate renversa l’oligarchie foncière de Samos en 540 avant Jésus-Christ, inaugurant la période la plus prospère de l’île. Il se maintint au pouvoir avec l’appui du pharaon égyptien et possédait une flotte puissante qui maintint le blocus des terres contrôlées par les Perses jusqu’à sa mort, vers 522. La mort tragique de Polycrate et les troubles qui éclatèrent dans l'île allaient favoriser la mainmise perse. Samos participa à la révolte de l'Ionie mais, lors des guerres médiques, demeura fidèle à Darius et à Xerxès. Après la victoire des Grecs, Samos devint l'un des principaux points d'appui de la puissance athénienne dans l'Égée orientale. Mais, en ~ 440, les oligarques de Samos se soulevèrent contre la domination athénienne et Périclès en personne dirigea le siège de la cité qui dut se soumettre et passa aux mains des démocrates. Pendant la guerre du Péloponnèse (~ 431 ~ 404), Samos fut le théâtre de la révolte des soldats et des marins athéniens qui refusèrent d'accepter la révolution oligarchique de ~ 411. Demeurés pendant toute la guerre fidèles à Athènes, les Samiens en furent récompensés en ~ 405 par l'octroi de la citoyenneté athénienne. Mais, en ~ 404, l'île tomba aux mains de Lysandre qui y installa une garnison spartiate. Bénéficiant d’une brève période d’indépendance après 394, l’île passa de nouveau successivement de la domination des Perses à celle des Athéniens. Elle fut ensuite l’objet des rivalités qui opposèrent l’Asie Mineure et l’Égypte pendant la majeure partie du iiie siècle. En 189, Rome reconnut son statut de territoire libre et la céda aux rois de Pergame en Asie Mineure. En 133 et de nouveau en 88, Samos se révolta contre Rome et perdit son autonomie.

Passée sous domination byzantine, Samos fut un temps à la tête du district militaire de l’Égée. Cédée à une compagnie de marchands génois après le xiiie siècle, elle tomba aux mains des Turcs en 1453 ; sa population était alors si faible que ces derniers y installèrent des Albanais et d’autres peuples. Pendant la guerre de l’indépendance grecque (1821-1830), Samos se révolta contre l’Empire ottoman et conquit sa liberté. Rétrocédée à l’Empire en 1832, elle fut dès lors administrée par un gouverneur grec nommé par les Turcs. Ces derniers évacuèrent l’île après un bref bombardement lancé par deux navires de guerre italiens en 1912 : la Grèce[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur au Centre universitaire de Vincennes
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Claude MOSSÉ. SAMOS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉGÉE MER

    • Écrit par Guy BURGEL
    • 2 874 mots
    • 4 médias
    ..., au moins grec, non seulement les îles (506 000 hab. au recensement de 2001 dans les îles égéennes proprement dites : Cyclades, Mytilène, Chios, Samos et Dodécanèse, 601 000 en Crète), mais aussi les façades maritimes plus lointaines (Thessalie, Macédoine et Thrace). Cette emprise commence dès le...
  • GRÈCE ANTIQUE (Histoire) - La Grèce antique jusqu'à Constantin

    • Écrit par Claude MOSSÉ, Nicolas SVORONOS
    • 11 765 mots
    • 6 médias
    ...trésor commun, déposé dans le sanctuaire de Délos, était alimenté par les tributs versés par les cités alliées. Seules les grandes îles – Lesbos, Chios, Samos – contribuaient à la défense commune par l'envoi de contingents maritimes. L'essentiel de la force militaire des alliés était constitué par l'armée...
  • POLYCRATE (mort en 522 av. J.-C.) tyran de Samos (env. 538-522 av. J.-C.)

    • Écrit par Claude MOSSÉ
    • 270 mots

    S'étant débarrassé de ses deux frères qui l'avaient aidé à s'emparer du pouvoir, Polycrate régna seul sur une des plus riches et des plus puissantes îles de la côte ionienne. Son nom reste attaché d'abord à la puissance navale de Samos dans l'Égée, puissance qui lui...

  • RHOÏCOS (2e quart VIe s. av. J.-C.)

    • Écrit par Bernard HOLTZMANN
    • 358 mots

    Actif durant le deuxième quart du vie siècle, Rhoïcos est le premier grand artiste grec, à la fois architecte et sculpteur, dont nous puissions tant soit peu apprécier l'œuvre. Son nom est presque toujours associé dans les textes antiques à celui de Théodôros, son fils selon Diodore. Qu'il se soit...

Voir aussi