RÉSISTANCE BACTÉRIENNE
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L'activité d'un antibiotique sur une souche bactérienne peut être évaluée par une donnée mesurable, caractéristique de la souche, que l'on appelle « concentration minimale inhibitrice » (C.M.I.) : c'est la plus faible concentration de l'antibiotique capable d'inhiber, in vitro, la croissance de cette bactérie. Cette donnée permet de définir la résistance bactérienne et a l'avantage de faire intervenir en outre la concentration humorale du médicament obtenue chez le malade. Si la C.M.I. d'une souche est très inférieure à la concentration sanguine et tissulaire obtenue par un traitement antibiotique aux doses usuelles, cette souche est dite sensible ; au contraire, si la bactérie peut supporter un taux d'antibiotique nettement supérieur à la concentration réalisée chez le malade, la souche est dite résistante.
Depuis l'utilisation des sulfamides et des antibiotiques, on constate l'apparition d'un nombre sans cesse croissant de souches résistantes, parmi des espèces bactériennes jusque-là sensibles, limitant les possibilités de la thérapeutique. Les travaux consacrés à ce problème ont montré l'existence de deux mécanismes différents dans l'acquisition de la résistance bactérienne.
La résistance chromosomique a été, pendant longtemps, le seul mécanisme connu. Les antibiotiques agissent sur un « point cible » de la cellule bactérienne, qu'il s'agisse de la paroi ou du métabolisme interne. Une mutation de l'ADN bactérien peut modifier telle ou telle molécule cible d'un antibiotique et provoquer ainsi une résistance héréditaire. Mais cette mutation, fruit du hasard, est indépendante de l'antibiotique, qui joue uniquement un rôle d'agent sélecteur : seuls les mutants résistants peuvent croître en présence de l'antibiotique ; il ne s'agit donc pas d'une « accoutumance » progressive du germe au médicament, comme on a pu le croire au début. Ces mutations, comme toutes les autres, sont rares : une pour un milliard de [...]
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Écrit par :
- Jacques BEJOT : docteur en médecine, chef de service du laboratoire de microbiologie à l'hôpital de Nanterre
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ANTIBIOTIQUES - (repères chronologiques)
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BACTÉRIES
Dans le chapitre « Dissémination des gènes » : […] Le matériel génétique bactérien peut être transmis indépendamment de la division cellulaire et selon divers processus. La transformation est l'assimilation par une bactérie d'un morceau d'ADN libre provenant d'organismes décomposés dans le milieu qu'elle occupe. Elle l'intègre dans son propre génome ou au niveau de son plasmide. Les transferts d'ADN entre bactéries peuvent également se produire pa […] Lire la suite
CHARBON MALADIE DU
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Dans le chapitre « Isolement et amplification des gènes » : […] Pour comprendre le fonctionnement des organismes et éventuellement les modifier, il est nécessaire de connaître la structure des gènes. Un gène humain représente, en moyenne, 0,0001 p. 100 du 1,8 mètre d'ADN que contient chacune de nos cellules. Sa longueur est donc en moyenne d'environ 0,0018 mm d'ADN. Aucune machine et aucun expérimentateur ne peut aisément manipuler individuellement des objets […] Lire la suite
GONOCOQUE ET GONOCOCCIES
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Dans le chapitre « La paroi » : […] De nombreuses propriétés des mycobactéries (entre autres leur résistance vis-à-vis des désinfectants, des solvants, des inhibiteurs et des enzymes) sont dues à l'épaisseur et à la structure de leur paroi. Cette dernière est formée de deux hauts polymères interconnectés : le peptidoglycane et le lipopolysaccharide pariétal (fig. 2). Certains composants de la paroi ont une valeur « diagnostique », […] Lire la suite
Pour citer l’article
Jacques BEJOT, « RÉSISTANCE BACTÉRIENNE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 02 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/resistance-bacterienne/