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LYSOGÉNIE

Depuis 1940, et sous l'impulsion de Max Delbrück, les bactériophages ont donné lieu à de nombreuses recherches qui ont apporté beaucoup d'explications sur l'origine, l'action et la reproduction des virus, et sur un grand nombre d'autres problèmes qui touchent la bactériologie, la génétique, la biologie générale, la cancérologie.

Un aspect particulier de la bactériophagie fera l'objet de cet article : la lysogénie. « Une bactérie lysogène, a écrit André Lwoff, est une bactérie qui possède et transmet le pouvoir de produire du bactériophage » en l'absence d'infection directe, et de le mettre en liberté, sous certaines conditions et en quantités extrêmement variables, dans le milieu de culture où elle se multiplie. On a successivement donné les noms de lysogénéité (en anglais : lysogenicity) puis de lysogénie à ce très curieux caractère. Alors que l'infection par des bactériophages virulents conduit inéluctablement à la mort des bactéries, la lysogénisation est apparemment inoffensive pour celles qui la subissent.

Histoire de la notion de lysogénie Proposition de F. W. Twort

En 1915, Frederick William Twort décrit la transformation vitreuse de certaines cultures bactériennes. Cette véritable maladie des bactéries est transmissible d'une culture atteinte à une culture saine de la même espèce et son agent est comparable aux virus ultramicroscopiques des maladies de l'homme, des animaux et des végétaux supérieurs.

Il s'interroge alors sur la nature de ces virus. Entre diverses hypothèses proposées, il envisage celle d'un matériel autodestructeur dont les effets seraient comparables au processus cancéreux, évoquant implicitement la présence d'un virus à l'état latent dans les cellules destinées à subir éventuellement à plus ou moins longue échéance le développement anarchique caractéristique de cette maladie.

Proposition de Félix d'Hérelle

Pour Félix d'Hérelle, qui redécouvre en 1917 la lyse bactérienne transmissible, à laquelle il donne le nom de bactériophagie, les cultures secondaires à cette analyse entretiennent indéfiniment le bactériophage en formant avec lui une association symbiotique, dont on verra plus loin qu'elle comprend deux états bien différents.

La théorie de Jules Bordet

La conception virale du bactériophage admise dès le début par Twort et par d'Hérelle est alors contestée par plusieurs auteurs parmi lesquels T. Kabeshima et Jules Bordet. Selon ce dernier, le bactériophage n'existerait pas. La lyse transmissible serait due à une viciation nutritive provoquée dans la bactérie par des causes extérieures. Ainsi, à la suite d'injections intrapéritonéales répétées de Bacterium coli à des cobayes, l'exsudat formé est riche en leucocytes et provoquerait une anomalie de B. coli qui ne serait que l'exagération, devenue héréditaire, du processus physiologique, et non héréditaire, d' autolyse. Cette propriété nouvelle serait donc inscrite désormais dans l' hérédité de la bactérie, d'où son double caractère : transmissible, de bactérie mère à bactéries filles, et contagieux, de bactéries sœurs à bactéries sœurs.

Si les travaux ultérieurs n'ont pas confirmé la conception de la viciation nutritive proposée par Bordet, on doit à cet auteur en premier lieu l'expression de bactéries lysogènes, d'où est venue tout naturellement celle de lysogénéité et surtout la notion capitale d'hérédité et de facteur lysogène. En effet, comme Lwoff l'a très judicieusement fait remarquer, la lysogénie occupe une position privilégiée au croisement de l'hérédité normale et de l'hérédité pathologique.

La conception de F. M. Burnet

Plus tard, F. M. Burnet, après avoir démontré l'existence des corpuscules bactériophages de d'Hérelle (ou[...]

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Écrit par

  • : docteur en pharmacie et en médecine, chef de service honoraire à l'Institut Pasteur

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Lysogénie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Lysogénie

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