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EHRLICH PAUL (1854-1915)

Paul Ehrlich - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Paul Ehrlich

Savant allemand, prix Nobel de médecine (1908), qui a largement contribué à la naissance ou au développement de nombreuses disciplines biologiques telles que l'hématologie, l'immunologie, la chimiothérapie, la pharmacologie et la cancérologie. Né en Silésie, neveu d'un fabricant de matières colorantes, Paul Ehrlich mène des études médicales à Breslau, à Strasbourg, à Leipzig et les termine à Breslau, où il se fait connaître par ses travaux histologiques : il met en évidence les spécificités tinctoriales du tissu conjonctif, des noyaux... et introduit dans le langage histologique la distinction entre diverses structures : basophiles, acidophiles et neutrophiles. Docteur en médecine (1877), il est nommé médecin chef d'une clinique médicale berlinoise ; mais, plus chercheur que praticien, il se consacre bientôt entièrement au problème des relations entre colorants et tissus cellulaires. Il montre l'affinité de certaines matières colorantes pour les cellules vivantes (tel le bleu de méthylène pour le tissu nerveux) et pour certains microbes : en 1882, il découvre la coloration du bacille de Koch par la fuchsine, diagnostic de la tuberculose resté classique depuis. En 1885, il publie Das Sauerstoff-Bedürfnis des Organismus, important traité sur les besoins de l'organisme en oxygène, dans lequel il expose la théorie des propriétés du protoplasme et celle des « réactions latérales en chaîne » : la neutralisation d'une toxine par une antitoxine, et plus généralement la réaction antigène-anticorps, se fait grâce à l'union chimique de récepteurs spécifiques localisés à la surface de l'antigène et de l'anticorps et ayant des configurations complémentaires. Nommé professeur à l'université de Berlin (1887), il doit interrompre son activité ; s'étant accidentellement inoculé le bacille de Koch, il va se soigner en Égypte. De retour à Berlin, en 1890, il entre à l'Institut Robert Koch, reprend les travaux de Behring sur l'antitoxine diphtérique et découvre une méthode de standardisation des sérums antidiphtériques, encore utilisée aujourd'hui.

Sa classification des globules blancs du sang d'après les caractères tinctoriaux permet de distinguer les anémies des diverses leucémies (Farbenanalytische Untersuchungen zur Histologie und Klinik des Blutes, 1891 ; Anaemia, 1898) et ouvre une voie nouvelle dans les recherches anticancéreuses et hématologiques.

En 1896, il prend la direction de l'Institut berlinois de contrôle des sérums, trois ans plus tard, celle de l'Institut de thérapeutique expérimentale de Francfort, et en 1908 celle du Georg Speyer Institut für Chemotherapie. Il poursuit sur les bords du Main ses recherches sur les toxines bactériennes et les antitoxines qu'il prépare avec la ricine, la robine et l'abrine : il en déduit une méthode de titrage des antitoxines, et en tire les lois de l'immunité humorale, base de l'immunologie actuelle.

Sachant que la plupart des colorants se fixent sur les micro-organismes et les tuent, il utilise les matières colorantes à des fins thérapeutiques. Cette idée se révéla partiellement féconde dans le traitement des trypanosomiases par le rouge trypan (Ehrlich, Hata et Bertheim). En 1909, il découvre le traitement de la syphilis par les composés arsenicaux (Salvarsan ou 606). Cette découverte lui vaut un triomphe mondial. Le Georg Speyer Institut se consacre alors à la fabrication du Salvarsan et à l'étude de ses effets. Quelques échecs thérapeutiques engagent Ehrlich à perfectionner le 606 et à synthétiser, en 1912, une substance moins toxique et plus active, le Néosalvarsan ou 912 ; ce médicament, base du traitement spécifique de la syphilis jusqu'en 1945, a été supplanté par la pénicilline. On peut considérer Ehrlich comme le père de la chimiothérapie.[...]

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Pour citer cet article

Jacqueline BROSSOLLET. EHRLICH PAUL (1854-1915) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Paul Ehrlich - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Paul Ehrlich

Autres références

  • ANTICORPS ET IMMUNITÉ HUMORALE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 202 mots

    En 1888, à Paris, Émile Roux et Alexandre Yersin démontraient que le pouvoir pathogène du bacille diphtérique était dû à une toxine plutôt qu'à la bactérie elle-même. Cette observation fut rapidement étendue au cas du tétanos. Il fallut deux ans à Emil Von Behring à Berlin...

  • ANTIGÈNES

    • Écrit par Joseph ALOUF
    • 7 382 mots
    • 5 médias

    Dans son acception la plus générale, le terme antigène désigne toute espèce moléculaire d'origine biologique ou synthétique qui, au contact de cellules appropriées du système immunitaire d'un organisme animal donné, appelé hôte ou receveur, est reconnue par ces cellules et provoque un processus...

  • DÉCOUVERTE DES DÉFENSES IMMUNITAIRES DES INSECTES

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 660 mots

    Ilia (Élie) Metchnikov démontre, en 1882, la capacité des cellules intestinales de l’étoile de mer à ingérer et détruire des particules étrangères, dont les microbes. Il appelle ces cellules des « phagocytes ». Ce phénomène, la phagocytose, est universel ; c’est une réponse...

  • IMMUNOLOGIE

    • Écrit par Joseph ALOUF, Pierre GRABAR
    • 5 262 mots
    • 8 médias
    En 1892, P. Ehrlich a élaboré une théorie sur l'apparition des anticorps qu'on désigne par « théorie des chaînes latérales ». Les cellules formant les anticorps comporteraient des constituants membranaires capables de fixer spécifiquement des antigènes. Ces chaînes seraient ensuite libérées dans la circulation...

Voir aussi