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BANGUI

Centrafricaine (République) : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Centrafricaine (République) : carte administrative

La capitale centrafricaine comptait, au recensement de 2003, 622 000 habitants, soit 42 p. 100 de la population urbaine. En ajoutant la ville satellite de Bimbo (124 000 hab.), ce pourcentage dépasse 50 p. 100, tandis que Berberati, la troisième ville du pays, ne compte que 77 000 habitants. Bangui illustre parfaitement le phénomène de macrocéphalie ou de primatie, caractéristique des situations de sous-développement.

La ville est née en 1889, comme poste militaire français, implanté à l'aplomb des rapides qui, barrant l'Oubangui, constituent la limite, en amont, de la voie navigable Congo-Oubangui. En 1914, le transfert de la capitale de l'Oubangui-Chari de Fort-de-Possel à Bangui confirme l'importance géostratégique de cette dernière. La croissance démographique s'accélère après la Seconde Guerre mondiale : 16 000 habitants en 1920, 60 000 en 1950, 80 000 en 1960, 340 000 en 1980.

Principale destination de l'exode rural, Bangui rassemble des populations originaires de toutes les régions de Centrafrique, regroupées par affinités ethniques dans les quartiers ou « kodro ». Les gens du fleuve (Sango, Yakoma) se mélangent peu avec les gens des savanes (Gbaya, Banda...). Les violences politiques que la ville connaît depuis les années 1990, d’abord les trois mutineries (1996) puis les troubles liés au renversement du président Bozizé (2013), ont instrumentalisé les différences entre groupes ethniques. Signe d'un faible dynamisme économique, le nombre d'étrangers est peu élevé ; ils viennent surtout de la République démocratique du Congo (R.D.C.) car il leur suffit de traverser le fleuve. Libanais et Yéménites occupent des positions importantes dans le commerce.

La fonction de capitale se traduit par l'importance des fonctionnaires : la majorité des 20 000 agents de l'État résident à Bangui. La capitale centrafricaine héberge également le siège de la Communauté économique et monétaire en Afrique centrale (C.E.M.A.C.) et ses fonctionnaires internationaux. Le secteur industriel est, quant à lui, moribond, les entreprises pénalisées par l'enclavement et l'absence d'infrastructures économiques performantes ne sont pas en mesure de résister à la concurrence internationale, asiatique principalement. Plusieurs usines implantées à Bangui ont fermé au cours des années 1990 (textile, montage automobile) ; il ne reste guère que la brasserie Mocaf et la manufacture de cigarettes Socacig. La plupart des activités relèvent du secteur informel, petit commerce, artisanat, transport, mais sans toutefois parvenir à résorber le sous-emploi, particulièrement important parmi les jeunes. C'est une des raisons pour lesquelles beaucoup de Banguissois ont recours à une agriculture d'appoint : Bangui est sans doute la capitale africaine qui se distingue le plus par son cachet rural. Vue du ciel elle ressemble à un immense verger, les maisons des kodros disparaissant sous les frondaisons des manguiers et autres arbres fruitiers. La culture de maïs, manioc, banane plantain, canne à sucre, légumes, dans les concessions (terrains bâtis et non bâtis d'une famille), constitue un apport alimentaire indispensable pour beaucoup de citadins. Cela ne suffit pourtant pas, comme le montre le nombre grandissant de « godobe », les enfants des rues, produits de la pauvreté urbaine.

La situation se détériore en 2012-2013, quand la rébellion de la Seleka prend les armes contre le pouvoir et occupe Bangui, qui devient un terrain d’affrontements. Les militaires français de l’opération Sangaris, déployés en décembre 2013, stationnent dans la ville pour tenter de la sécuriser, alors qu’un tiers des habitants ont été déplacés.

— Roland POURTIER

— Universalis

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Écrit par

  • : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Roland POURTIER. BANGUI [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

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Centrafricaine (République) : carte administrative

Autres références

  • CENTRAFRICAINE RÉPUBLIQUE

    • Écrit par Universalis, Apolline GAGLIARDI, Jean-Claude GAUTRON, Jean KOKIDE, Jean-Pierre MAGNANT, Roland POURTIER
    • 10 299 mots
    • 7 médias

    Souvent dénommée Centrafrique, la République centrafricaine (R.C.A.) a une superficie de 622 980 km2, dont 74 000 km2 de forêts et 20 000 km2 de terres arables. La population centrafricaine dépasse 5 millions d’habitants (estimation de 2013), avec une densité moyenne de 8 hab./km...

Voir aussi