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PIERRE saint (mort en 64)

Au cours de l'histoire de l'Église, on a de plus en plus considéré Pierre comme le premier pape. Mais l'on ne sait que peu de choses sur le personnage historique de Simon Barjona. Sa théologie reste à peu près inconnue, puisqu'on ne peut pas assurer quelles traditions remontent réellement jusqu'à lui. Pour l'Église romaine, la signification théologique de Pierre repose principalement sur la prééminence de ce dernier dans l'histoire du salut. Pour rester l'Église apostolique, la communauté chrétienne doit se référer constamment à ses origines historiques.

Le problème historique

Ce n'est qu'en procédant avec la plus grande prudence que l'on peut tenter d'évaluer le rôle joué par Simon Barjona avant Pâques. D'après les Évangiles, Jésus lui-même aurait donné à ce pêcheur galiléen – qui apparaît partout comme le porte-parole des disciples – le nom de « Pierre » (c'est-à-dire « Rocher », en araméen Képha, en grec Petros).

On se trouve sur un terrain un peu plus sûr lorsqu'on aborde la question du rôle de Simon dans l'Église primitive. On peut admettre que Pierre assuma la direction de la communauté pendant les premières années. Mais il dut bientôt céder sa place à Jacques, le frère de Jésus, à la suite de quoi il exerça une activité missionnaire à l'extérieur de Jérusalem.

Au début du livre des Actes des Apôtres, l'auteur décrit assez clairement comment Pierre dirigeait la communauté mère de Jérusalem. Toutefois, le détail du récit de Luc n'est pas historique. En revanche, Paul rapporte – dans son Épître aux Galates(i, 18), qui date du milieu des années cinquante et dont l'authenticité n'est pas mise en doute – qu'il s'était rendu, trois ans après sa conversion, à la Cité de Dieu pour une quinzaine de jours afin d'y faire la connaissance de « Céphas ». Il en ressort que Simon était probablement, aux yeux de Paul, l'homme le plus important de l'Église, et cela même si Paul ne lui a pas reconnu une primauté particulière.

Au cours des années quarante, Simon semble avoir quitté le centre de l'Église. Peut-être y fut-il contraint par la fraction judéo-chrétienne de stricte obédience qui s'était groupée autour de Jacques et qui estimait que Pierre était trop favorable à la liberté devant la loi et à l'évangélisation des gentils et qu'il se rapprochait un peu trop de la position de Paul. Dans son récit concernant la réunion des Apôtres dans la Ville sainte, Paul cite un ancien procès-verbal conciliaire, selon lequel le Ressuscité aurait confié à Pierre (peut-être lorsqu'il apparut pour la première fois à celui-ci ; cf. I Cor., xv, 5) « l'Évangile pour les circoncis » (Gal., ii, 7). Dans la seconde moitié des années cinquante, Paul atteste indirectement une activité missionnaire de Pierre : « N'avons-nous pas le droit de mener avec nous une sœur qui soit notre femme, comme font les autres Apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » (I Cor., ix, 5). On peut supposer qu'au cours de ses voyages Simon s'est également rendu en Galatie et à Corinthe, où il y avait un parti de Céphas (I Cor., i, 12).

Après avoir dirigé l'Église d'abord avec les Douze, Pierre semble mener la barque pendant un certain temps comme membre du collège des « colonnes » (Gal., ii, 9), triumvirat auquel appartiennent également Jacques, le « frère du Seigneur », et Jean, fils de Zébédée, et qui agit avec les Apôtres et les anciens. À l'époque où Paul le réprimande à Antioche(Gal., ii, 11 sqq.), Pierre, qui vit maintenant dans la « crainte » de Jacques, semble avoir perdu son autorité. Selon les Actes (xxi, 17-26), Paul, lors de son dernier passage dans la capitale juive, trouve Jacques comme seul responsable – avec[...]

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Pour citer cet article

Félix CHRIST. PIERRE saint (mort en 64) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PAPAUTÉ

    • Écrit par Yves CONGAR
    • 5 487 mots
    • 3 médias
    ...Victor, en 192-194, les évêques de Rome appuyaient leur revendication d'autorité sur le texte de Matthieu, xvi, 17-19 : « Moi, je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne tiendront pas contre elle. » Durant les trois premiers siècles, on ne les...
  • PIERRE ACTES DE

    • Écrit par Jean HADOT
    • 436 mots
    • 1 média

    La première mention de l'ouvrage intitulé Actes de Pierre se trouve chez Eusèbe (Histoire ecclésiastique, III, iii, 2). Pourtant il est cité par Hippolyte, Origène et plusieurs autres. Il semble avoir été composé en 190 environ, en Syrie ou en Palestine. On n'en possède pas le texte complet,...

  • PIERRE APOCALYPSE DE

    • Écrit par Jean HADOT
    • 479 mots

    La plus importante des Apocalypses apocryphes, l'Apocalypse de Pierre, a été regardée comme canonique par plusieurs Pères de l'Église ancienne, en particulier par Clément d'Alexandrie ainsi que dans le Canon de Muratori (Hippolyte ?). Eusèbe de Césarée, au ive siècle, puis...

  • PIERRE ÉPÎTRES DE

    • Écrit par André PAUL
    • 774 mots

    Dans le Nouveau Testament, deux textes revendiquent le nom de Pierre comme celui de leur auteur, la première Épître de Pierre et la seconde Épître de Pierre. L'une et l'autre présentent des caractères très particuliers.

    La première Épître de Pierre est plutôt une homélie habillée...

Voir aussi