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PAUL APOCALYPSE DE

On trouve dans les premiers siècles chrétiens plusieurs apocalypses attribuées à Paul. Épiphane (Panarion, XXXVIII, ii) signale une Ascension de Paul, dont il ne reste rien, mais qui pourrait être l'Apocalypse de Paul, conservée par le Codex V de la bibliothèque gnostique de Nag Hammadi. Il y est raconté comment Paul monte de ciel en ciel, guidé par l'Esprit saint. Au quatrième ciel, il assiste au jugement d'une âme ; au septième, un vieillard de lumière l'accueille et, sur présentation d'un « signe », lui permet d'achever son ascension vers les cieux supérieurs. En revanche, on connaît une Apocalypse de Paul, qui aurait été écrite en grec, en 250 environ, probablement en Égypte ; Origène s'y réfère. Mais le texte original en semble définitivement perdu. Il en reste une révision grecque, qui aurait été réalisée entre 380 et 388, sous le consulat de Théodose et de Gratien, et qui aurait été découverte dans la maison de Paul à Tarse. Les écrivains chrétiens ne sont pas dupes de cette légende qu'ils connaissent bien. Cela rend la date vraisemblable. De cette révision il existe divers manuscrits grecs et des versions syriaque, copte, éthiopienne et latine. La version latine est très importante, car elle date de 500 environ et se présente en une douzaine d'exemplaires très valables. Elle constitue le texte auquel on se réfère de préférence (cf. M. R. James, Apocrypha anecdota, Cambridge, 1893). Mais la version syriaque est aussi intéressante (cf. G. Ricciotti, L'Apocalisse di Paolo siriaca, Brescia, 1932).

L'Apocalypse de Paul décrit la vision dont parle Paul dans la IIe Épître aux Corinthiens (xii, 2). Le Christ confie à Paul la mission de prêcher la pénitence à l'humanité, mise en accusation par toute la création. Puis un ange le conduit au lieu où séjournent les âmes justes et à la merveilleuse cité du Christ. Ensuite, il le conduit à la rivière de feu, où souffrent les impies. La description de l'Enfer rappelle celle de l'Apocalypse de Pierre, mais elle est plus poussée. Parmi les damnés figurent des évêques, des prêtres, des diacres et des hérétiques. On y voit apparaître aussi l'idée de la mitigation des peines le dimanche. Surtout une extrême importance est donnée à l'angélologie. Le rôle des anges gardiens est de veiller sur les hommes, mais aussi de les représenter la nuit auprès de Dieu. Michel est le guide des âmes vers le Ciel. Son rival est le Tartare, qui les conduit en Enfer.

Cet écrit, fulgurant d'imagination, a profondément marqué la littérature et l'art du Moyen Âge latin. Dante s'en est inspiré dans La Divine Comédie et il y fait allusion au chant II de l'Enfer (vers 28).

— Jean HADOT

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Écrit par

  • : professeur à l'Université libre de Bruxelles

Classification

Pour citer cet article

Jean HADOT. PAUL APOCALYPSE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ENFERS ET PARADIS

    • Écrit par Olivier CLÉMENT, Mircea ELIADE
    • 6 311 mots
    • 3 médias
    ...des oiseaux, ou suspendus par la langue à des flammes, ou encore attachés à des roues de fer tournoyantes, etc. Deux siècles plus tard, l'Apocalypse de Paul reprend et développe abondamment ces motifs. Le texte évoque d'énormes vers à deux têtes, longs de trois pieds, qui rongent les entrailles des condamnés,...

Voir aussi