Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PHARMACOLOGIE

Dans son sens le plus restreint, la pharmacologie est la science des médicaments. Mais une telle définition ne peut actuellement satisfaire un pharmacologue, car la différence entre médicament, poison et substance jouant un rôle hormonal ou neurohumoral n'est pas claire et dépend souvent de la dose utilisée et de l'orientation de la recherche. En revanche, la définition proposée par Torald Sollmann, auteur d'un célèbre Manual of Pharmacology (1917), apparaît beaucoup plus satisfaisante ; elle confère, en outre, à cette discipline une valeur de science fondamentale : la pharmacologie est la science qui étudie les effets du milieu chimique environnant sur la matière vivante. De ce milieu chimique, sont exclus les corps qui participent au métabolisme cellulaire et qui, de ce fait, sont l'objet de la biochimie. Toute substance capable de perturber les mécanismes physiologiques est une drogue ; les médicaments sont des drogues employées à des fins thérapeutiques. Par suite, la pharmacologie se trouve au carrefour de la physiologie, de la biochimie, de la biophysique et de la physiopathologie. Seuls la nature d'un certain nombre de problèmes, la façon de les envisager et l'élaboration de concepts la différencient et lui confèrent son individualité.

Pour expliquer le mécanisme d'action des médicaments, la pharmacologie doit s'intéresser aux phénomènes se produisant au niveau moléculaire et suivre les progrès de la biologie moléculaire. Elle deviendrait alors « la science des interactions des molécules chimiques avec la matière vivante ». Dans cet esprit, le terme de pharmacologie moléculaire apparaît dans les ouvrages, les revues et les congrès de pharmacologie.

Il était d'usage de subdiviser la pharmacologie en six branches majeurs :

– La pharmacognosie étudie les sources des drogues naturelles et leurs principes actifs. Elle aide à reconnaître ces dernières selon des critères botaniques ou physicochimiques. Anciennement appelée « matière médicale », la pharmacognosie joue le rôle d'intermédiaire entre la chimie, la botanique et la pharmacodynamie.

– La pharmacodynamie s'intéresse aux perturbations physiologiques provoquées par les drogues sur l'organisme sain ou malade (pathopharmacodynamie). Branche la plus active, la plus vivante et la plus riche de la pharmacologie, elle tend à expliquer l'action exercée par les drogues, en relation avec des perturbations de mécanismes biochimiques ou biophysiques.

– La toxicologiea pour but d'étudier les effets nocifs des drogues, conséquences de leurs propriétés pharmacologiques. Ces effets se manifestent lorsque la drogue possède des actions indésirables, mais inséparables de son effet thérapeutique, ou qu'un dosage trop élevé a été employé, ou qu'un individu se révèle particulièrement sensible à l'une d'entre elles, ou encore qu'apparaissent des propriétés pharmacologiques inhabituelles. Parfois la drogue, en s'unissant à des protéines du sang, suscite la formation d'anticorps, et provoque lors d'une administration ultérieure des réactions allergiques. Parfois encore la drogue déclenche l'apparition de maladies évoluant pour leur propre compte même après l'arrêt de la médication : néphrose lipoïdique causée par la triméthadione, lupus érythémateux dû aux hydralazines, hépatite, néphrite, etc.

– La pharmacie étudie les formes d'administration des médicaments chez l'homme. Actuellement, elle a encore une importance majeure, mais avec l'avènement des spécialités elle est passée de l'âge artisanal à l'âge industriel. La pharmacie comporte une branche importante : l'étude de la biodisponibilité, c'est-à-dire l'évaluation de la fraction absorbée de la drogue présente dans une forme pharmaceutique. La pharmacie participe par là, avec la [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : responsable du centre de pharmacologie au centre hospitalier intercommunal de Créteil
  • : chef du laboratoire de pharmacologie et toxicologie au centre hospitalier intercommunal de Créteil
  • : docteur en médecine, professeur de pharmacologie clinique à la faculté de médecine et de pharmacie de Besançon
  • : docteur en pharmacie à l'université de Paris, docteur ès sciences physiques, membre de l'Académie nationale de pharmacie
  • : professeur de pharmacologie, chef du laboratoire de pharmacocinétique et toxicologie de Toulouse
  • : docteur en médecine, docteur ès sciences, professeur à la faculté de médecine Broussais-Hôtel-Dieu
  • : professeur honoraire de pharmacologie à la faculté de médecine de Paris-XII-Créteil, membre de l'Académie nationale de pharmacie, membre de l'Académie nationale de médecine

Classification

Pour citer cet article

Edith ALBENGRES, Jérôme BARRE, Pierre BECHTEL, Jean-Cyr GAIGNAULT, Georges HOUIN, Henri SCHMITT et Jean-Paul TILLEMENT. PHARMACOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Distribution d'un médicament - crédits : Encyclopædia Universalis France

Distribution d'un médicament

Courbe de décroissance plasmatique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Courbe de décroissance plasmatique

Cytopénies médicamenteuses - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cytopénies médicamenteuses

Autres références

  • ADRÉNALINE

    • Écrit par Jacques HANOUNE
    • 3 565 mots
    • 2 médias
    ...Adrénaline et noradrénaline exercent de nombreux effets physiologiques sur leurs tissus cibles (cf. infra). Ces effets sont souvent de nature opposée. Une première classification proposée par Ahlquist en 1948, sur la base de l'action relative d'une série de cinq amines sympathomimétiques, a divisé ces...
  • ALCALOÏDES

    • Écrit par Jacques E. POISSON
    • 5 686 mots
    • 5 médias
    Les alcaloïdes jouent toujours un rôle important, comme principes actifs des médicaments, malgré l'essor des produits de synthèse. Ils sont utilisés soit tels quels, soit sous forme de dérivés plus actifs, mieux tolérés par l'organisme, ou manifestant des effets différents. Ils ont souvent servi de...
  • ANESTHÉSIE

    • Écrit par Francis BONNET, François CHAST
    • 4 117 mots
    • 2 médias
    En 1860, à Göttingen, Albert Niemann (1834-1861) isola, à partir d'un extrait de feuilles de coca, un alcaloïde qu'il baptisa cocaïne et qui fut considéré comme un simple stimulant, voisin de la caféine. À Vienne, Carl Koller et Sigmund Freud avaient constaté que les cristaux de...
  • ANTIAGRÉGANTS PLAQUETTAIRES

    • Écrit par Jacques CAEN, Jean-Luc WAUTIER
    • 689 mots

    Les plaquettes ont un rôle dominant dans la genèse des thromboses artérielles et de l'athérosclérose, en intervenant au moins sur l'altération endothéliale ou sous-endothéliale, la prolifération des cellules musculaires lisses, ce qui a conduit à l'utilisation et à la rationalisation...

  • Afficher les 107 références

Voir aussi