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TOXICOLOGIE

La toxicologie est la science qui s'occupe des poisons, ou toxiques, s'agissant :

– de leurs origines ;

– de leurs propriétés physiques, chimiques et biologiques ;

– de leurs modalités et de leurs mécanismes d'action ;

– de leur détection et de leur dosage ;

– des moyens de combattre leurs actions nocives soit par la mise en œuvre de moyens thérapeutiques, notamment d'antidotes, soit par l'établissement de mesures de prévention.

Il convient de préciser ce qu'on doit entendre par «  poison », ou « toxique ».

On dit d'une substance qu'elle est un poison ou un toxique lorsque, après pénétration dans l'organisme, par quelque voie que ce soit – à une dose relativement élevée (en une fois ou en plusieurs fois très rapprochées) ou par petites doses longtemps répétées –, elle provoque, dans l'immédiat ou après une phase de latence plus ou moins prolongée, de façon passagère ou durable, des troubles d'une ou de plusieurs fonctions de l'organisme pouvant aller jusqu'à leur suppression complète et amener la mort.

La connaissance des poisons est fort ancienne car il semble que les premiers toxiques utilisés aient servi à empoisonner des flèches destinées à la chasse ou à la guerre. Le terme de toxique dérive d'ailleurs du mot grec toxon, qui signifie « arc » et cette étymologie rappelle que l'humanité s'est, hélas, toujours fort préoccupée de trouver des moyens de tuer. L'utilisation militaire de toxiques chimiques puis celle de la bombe atomique ne sont certes pas là pour donner un démenti à cette assertion. Il en est de même, à travers les siècles, de l'emploi des poisons dans des buts criminels. Que d'affaires célèbres pourraient être évoquées, qui permettraient de montrer comment, peu à peu, les toxicologues ont affiné leurs techniques de recherche et notablement réduit, par la crainte salutaire inspirée aux criminels de la découverte de leurs forfaits, la fréquence de tels empoisonnements !

Voies de pénétration des poisons

La pénétration des poisons dans les organismes vivants peut se faire selon différentes modalités. Chez l'homme et les Mammifères supérieurs, à côté de la voie orale (dite souvent digestive), les poisons peuvent emprunter la voie respiratoire et la voie cutanée.

La voie respiratoire est à considérer non seulement dans le cas des poisons gazeux, mais encore dans celui des substances liquides et même solides possédant une tension de vapeur appréciable ou capables d'être dispersées sous forme de particules de taille suffisamment petite (aérosols, fumées, microbrouillards...) pour pouvoir, n'étant pas arrêtées mécaniquement au niveau des voies aériennes supérieures, pénétrer par les ramifications les plus fines de l'arbre respiratoire jusqu'aux alvéoles pulmonaires et, en dehors des effets locaux qu'elles peuvent y provoquer, traverser l'épithélium pulmonaire et gagner la circulation générale pour accéder ensuite aux organes essentiels.

La pénétration par la peau et les muqueuses peut également revêtir une grande importance dans le cas, notamment, de nombreuses substances susceptibles d'être solubilisées par les lipides cutanés tels que les dérivés nitrés et aminés aromatiques (nitrobenzène, aniline...), les solvants chlorés (tétrachlorure de carbone, trichloréthylène...) et les dérivés organiques du plomb (plomb tétraméthyle et plomb tétraéthyle) ajoutés comme agents dopants aux essences de pétrole utilisées comme carburants. Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que des cas d' intoxication par absorption cutanée de poisons soient connus depuis fort longtemps et soient devenus beaucoup plus fréquents avec le développement de l'ère chimique.

Aux trois voies mentionnées (orale, respiratoire et cutanée), il faut ajouter,[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie des sciences, membre de l'Académie nationale de médecine.

Classification

Pour citer cet article

René TRUHAUT. TOXICOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABSINTHE

    • Écrit par Pierre LIEUTAGHI
    • 505 mots

    Sa senteur puissante et son amertume extrême ont signalé très tôt l'absinthe (Artemisia absinthium L.) ou les armoises voisines à l'attention de l'homme en quête de remèdes. Mille six cents ans avant notre ère, un papyrus égyptien fait mention d'une plante dans laquelle certains ont reconnu...

  • ACONITINE

    • Écrit par Philippe COURRIÈRE
    • 374 mots

    L'aconit, renonculacée, se récolte, en France notamment, dans les régions marécageuses et en montagne. Pour extraire l'aconitine, la racine séchée et pulvérisée est épuisée par une solution alcoolique d'acide tartrique ; on élimine l'alcool par distillation, on met le tartrate d'aconitine en solution...

  • ADONIS, botanique

    • Écrit par Pierre LIEUTAGHI
    • 416 mots

    Rare et localisé en France (où les récolteurs des laboratoires pharmaceutiques le mettent en danger de régression), l'adonis printanier (renonculacée) n'y a jamais pris place dans la pharmacopée populaire. Dans le centre et le sud-est de l'Europe, où il est bien plus répandu, il a connu des emplois...

  • AGNOTOLOGIE

    • Écrit par Mathias GIREL
    • 4 992 mots
    • 2 médias
    ...part, propose de repérer les études utilisées pour montrer précisément ce qu’elles n’ont pas pour fonction de montrer, par exemple, dans sa lecture, des études toxicologiques pour établir un effet cancérogène. La discussion, qui reste ouverte, est assurément un des fronts les plus vivants de la question....
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