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PHARAON

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Titulature et représentations

Dès l'Ancien Empire, tout pharaon porte cinq noms distincts qui lui sont donnés lors des cérémonies de l'intronisation. Ces noms constituent la « titulature royale ». Le premier est le nom d'Horus, dont on vient de parler. Le deuxième, dit des deux maîtresses (ou déesses), rappelle la période où l'Égypte était divisée en deux royaumes distincts protégés l'un par la déesse-cobra Ouadjyt (royaume du Nord), l'autre par la déesse-vautour Nekhbet (royaume du Sud). Le troisième nom, dit d'Horus d'Or, évoque peut-être un événement historique, la victoire d'Horus sur son oncle Seth qui avait cherché à lui dérober l'héritage de son père Osiris. Le quatrième nom, que l'on appelle souvent le prénom, est précédé de la formule « le Roi de la Haute et de la Basse-Égypte », plus précisément « Celui qui appartient au roseau (la plante symbolique du Sud) et à l'abeille (l'animal héraldique du Nord) ». Le dernier nom, enfin, est précédé du titre « le Fils de Rê ». Pour prendre un exemple, la titulature ou protocole de Sésostris III, le grand pharaon de la XIIe dynastie, s'établit de la façon suivante : l'Horus vivant, « Divin de Devenirs » ; les Deux Déesses, « Divin de Naissance » ; l'Horus d'Or, « Celui qui devient » ; le Roi de Haute et de Basse-Égypte, « les Âmes de Rê apparaissent en gloire » ; le Fils de Rê, « l'Homme de la déesse Ouseret (Sésostris) ». Les monuments royaux portent souvent le protocole complet, mais parfois les lapicides se contentent du nom de Roi de Haute et de Basse-Égypte, ou « prénom », qui est le plus personnel de tous, le cinquième nom pouvant, en effet, être porté par plusieurs souverains. C'est ainsi qu'il y a trois « Sésostris » à la XIIe dynastie, et onze « Ramsès » au Nouvel Empire.

Les deux derniers noms du protocole sont inscrits à l'intérieur de ce que l'on appelle le cartouche

 : c'est un nœud de corde qui symbolise « ce que le soleil encercle », et représente donc l'Univers qui appartient ainsi au pharaon. C'est en partant des signes entourés d'un cartouche que Champollion parvint au déchiffrement des hiéroglyphes.

Colonne du temple d'Amon-Rê, Karnak - crédits : Renaud de Spens

Colonne du temple d'Amon-Rê, Karnak

Cartouches royaux dessinés par Champollion - crédits : Renaud de Spens

Cartouches royaux dessinés par Champollion

Pharaon, « roi de Haute et Basse-Égypte » - crédits : Encyclopædia Universalis France

Pharaon, « roi de Haute et Basse-Égypte »

Pharaon se distingue donc des hommes par ses noms multiples. De même dans les figurations, on le reconnaît aisément à sa taille, toujours très supérieure à celle des personnages qui l'entourent, et à son costume, qui comporte des couronnes de formes variées suivant qu'il est représenté comme Roi de Basse-Égypte (Pharaon porte alors la couronne

), ou comme Roi de Haute-Égypte (avec la couronne
), les deux couronnes pouvant d'ailleurs être réunies en une seule (c'est le pschent
). Il peut porter d'autres coiffures encore, mais celles-ci sont toujours ornées sur le front d'une uraeusdressée
, le cobra, dont le souffle brûlant doit anéantir les ennemis éventuels du pharaon. De même, le pagne royal se distingue du vêtement des simples mortels par la queue de taureau qui pend à la ceinture et par le « devanteau » qui orne le devant du vêtement. Enfin, Pharaon, comme les dieux, porte souvent une barbe postiche.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de l'université de Lille

Classification

Pour citer cet article

Jean VERCOUTTER. PHARAON [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009

Médias

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture - crédits : Encyclopædia Universalis France

-4000 à -2000. Naissance de l'écriture

Le dieu Horus et le pharaon Horemheb - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le dieu Horus et le pharaon Horemheb

Triade d'Osorkon II représenté en Osiris et encadré d'Isis et d'Horus - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Triade d'Osorkon II représenté en Osiris et encadré d'Isis et d'Horus

Autres références

  • ÉGYPTE DES PHARAONS (notions de base)

    • Écrit par
    • 3 525 mots
    • 11 médias

    L' Égypte antique nous a laissé l’image d’un roi divinisé responsable de l’ordre universel ainsi que de la crue du fleuve sacré, le Nil. Cet ordre correspondait à toute une cosmologie fondée sur des mythes et selon laquelle une multitude de dieux animaient l’Univers. La conception du...

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    ...et Abydos est devenu un grand centre de culte et de pèlerinage ; le dieu est alors fréquemment nommé Osiris Khentamentyou. À l'Ancien Empire, seul le pharaon aspirait à devenir lui-même Osiris après sa mort. Après les troubles de la Première Période intermédiaire et la « démocratisation » de la religion...
  • ANTIQUITÉ - Le droit antique

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    L'absolutisme du pharaon fait de lui le maître de la justice. Dieu ou fils de Dieu, il dit le droit. Mais cette toute-puissance n'est pas source d'arbitraire. Sous l'Ancien Empire, le pharaon est présenté comme exprimant le droit que lui inspire la déesse de la justice et de la vérité. Des textes du Moyen...
  • ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'Égypte pharaonique

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