PAPIER

Le recyclage des papiers récupérés

Le recyclage des papiers récupérés est très ancien, car il existait déjà au Japon, au début du xi^e siècle, des papiers fabriqués à partir de vieux papiers connus sous le nom de kamiyagami, mais l'importance de ce recyclage ne s'est accrue que dans la seconde moitié du xx^e siècle. Plus de 50 p. 100 des papiers et cartons produits actuellement dans les pays les plus développés (Europe, Japon, Amérique du Nord) sont fabriqués à partir de papiers et cartons recyclés. Cela place l'industrie papetière de ces pays au premier rang du recyclage. Le traitement de ces papiers et cartons consiste à éliminer lors de leur trituration les principales impuretés (agrafes, adhésifs, films plastiques, particules métalliques, sable...) pour une nouvelle utilisation comme matière première fibreuse lors de la fabrication de papiers et cartons « bruns », utilisés essentiellement dans le secteur de l'emballage. Depuis 1980, grâce à la récupération et au tri sélectif des papiers et à la mise en œuvre de techniques de désencrage, on fabrique également des papiers « blancs » tels le papier journal, le papier magazine, les papiers sanitaires et domestiques et certains papiers pour l'édition, la communication et l'écriture. Le papier journal d'aujourd'hui peut être constitué à 100 p. 100 de fibres recyclées. Le désencrage consiste à décrocher l'encre hydrophobe des fibres lors de la désintégration du papier recyclé en présence d'eau et de soude, et à éliminer ensuite cette encre par flottation ou lavage. La flottation nécessite l'utilisation de savon et de bulles d'air pour entraîner l'encre vers la surface afin de la collecter. Le lavage est très efficace mais nécessite d'utiliser plus d'eau. Les installations industrielles actuelles les plus efficientes pour le désencrage des papiers et l'obtention d'une blancheur supérieure à 80 p. 100, sont optimisées en combinant en fait les deux techniques : la flottation en premier stade suivie d'un stade essorage/lavage. La séquence de désencrage est généralement suivie par une séquence de blanchiment.

Le taux d'utilisation de papiers recyclés comme matière première fibreuse dépasse en moyenne 95 p. 100 pour le carton ondulé, 80 p. 100 pour le carton plat, 60 p. 100 pour le papier journal et 50 p. 100 pour les papiers sanitaires et domestiques, alors qu'il n'atteint pas encore 15 p. 100 dans le secteur des papiers pour l'édition, l'impression et l'écriture.

Vers des procédés propres

Le blanchiment des pâtes à papier reste la phase la plus polluante du procédé papetier. Les agents de blanchiment utilisés à l'origine par les papetiers sont le chlorure de chaux et l'hypochlorite de soude (ou eau de Javel). L'utilisation des pâtes kraft blanchies à partir des années 1930 généralise l'usage d'un blanchiment poussé comportant plusieurs stades. Un premier stade utilise du chlore gazeux qui agit comme agent de délignification complémentaire. Des stades de décoloration sont ensuite mis en œuvre, avec de la soude, de l'hypochlorite de soude, du dioxyde de chlore ou du peroxyde d'hydrogène. Ces séquences de blanchiment seront utilisées jusqu'à la suppression totale du chlore gazeux vers les années 1980. Des recherches menées en France dans les années 1960 par la société Air liquide et l'École française de papeterie de Grenoble (É.F.P.G.), ont abouti au développement d'un premier procédé de blanchiment « propre » utilisant de l'oxygène comme agent de blanchiment. D'autres recherches plus récentes ont également débouché sur la mise en œuvre de l'ozone en complément de l'oxygène et du peroxyde d'hydrogène pour réaliser des blanchiments sans produits chlorés. Au niveau de[...]