PAKISTAN
Nom officiel | République islamique du Pakistan (PK) |
Chef de l'État | Asif Ali Zardari (depuis le 9 septembre 2008) |
Chef du gouvernement | Shehbaz Sharif (depuis le 11 avril 2022) |
Capitale | Islamabad |
Langues officielles | Anglais, ourdou |
Unité monétaire | Roupie pakistanaise (PKR) |
Population (estim.) |
236 939 000 (2024) |
Superficie |
796 096 km²
|
Histoire et vie politique
Depuis l'indépendance de 1947, le Pakistan a connu trois Constitutions et trois coups d'État militaires. En outre, l'exercice du pouvoir par les civils, entre deux interventions de l'armée, ne garantit pas l'existence d'une réelle démocratie. Si l'Inde a hérité du versant parlementaire du British Raj (Empire britannique des Indes), le Pakistan, lui, semble s'inspirer du modèle vice-royal dès le règne – pourtant bref – du « père de la nation », Mohammed Ali Jinnah. Ce dernier justifiait son autoritarisme par la nécessité de construire l'État de toutes pièces – ou presque –, un problème que l'Inde ne connaît pas. La démocratie est aussi fragilisée par l'arithmétique délicate des groupes ethniques : les tensions entre communautés linguistiques sont en effet l'une des grandes questions auxquelles le Pakistan est confrontée depuis l'origine.
L'impossible démocratie
Né sous le signe de l'autoritarisme
Jinnah a d'emblée introduit une forte personnalisation du pouvoir dont le Pakistan ne parviendra jamais à se débarrasser. Ce grand avocat au style de vie très occidentalisé s'était imposé dès les années 1930 à la tête d'une Ligue musulmane qu'il avait progressivement converti au séparatisme. La création du Pakistan fut l'œuvre du Qaïd-i-Azam (le Grand Guide), qui, fait unique dans les annales des dominions britanniques, cumule dès l'indépendance les fonctions de gouverneur général et de président de l'Assemblée constituante.
La concentration des pouvoirs va de pair avec une forte centralisation de l'État. En juillet 1948, le Premier ministre Liaqat Ali Khan, nouvel homme fort du pouvoir après la disparition de Jinnah, se donne les moyens constitutionnels de démettre un gouvernement provincial et en use dès le 24 janvier 1949 pour se débarrasser du gouvernement du Pendjab. Chef de la Ligue musulmane à partir de 1950, il ne s'en méfie pas moins des hommes politiques, comme en témoigne le vote du Public and Representatives Officers (Disqualification) Act (P.R.O.D.A.), le 26 janvier 1950, qui permet au gouverneur général, aux gouverneurs des provinces et même aux simples citoyens de porter plainte contre un ministre ou un élu soupçonné de corruption, de népotisme, de favoritisme ou de mauvaise gestion. De nombreuses personnalités furent interdites de vie publique à la suite d'une telle procédure.
Qui plus est, le rapport des forces démographiques entre provinces est un handicap important pour l'établissement de la démocratie. Le projet de Constitution proposé par Liaqat Ali Khan en 1949 prévoit que les Bengalis, bien que majoritaires dans le pays, seront représentés à égalité avec les autres entités administratives du Pakistan-Occidental (Pendjab, province de la Frontière du Nord-Ouest – North West Frontier Province ou N.W.F.P. –, Baloutchistan, Sind et Karachi) au sein de la Chambre haute. Face aux protestations des Bengalis, Liaqat Ali Khan le retire en novembre 1950.
Le 16 octobre 1951, il est tué dans un attentat lors d'une réunion politique à Rawalpindi. Khwaja Nazimuddin devient alors Premier ministre et laisse le poste de gouverneur général à Ghulam Mohammad, un ancien haut fonctionnaire porte-parole des intérêts pendjabis et très méfiant envers les hommes politiques. En avril 1953, il démet Nazimuddin, trop pro-bengali à son goût, et impose le « One Unit Scheme » pour intégrer en une seule toutes les provinces du Pakistan-Occidental et faire en sorte que cette zone contrebalance le Pakistan-Oriental. Le Pakistan ne compte plus désormais que deux entités administratives.
En octobre 1954, Ghulam Mohammad empêche l'adoption d'une Constitution qui aurait établi un véritable régime parlementaire au Pakistan en déclarant l'état d'urgence. Il fait approuver en[...]
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Écrit par
- François DURAND-DASTÈS : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
- Gilbert ÉTIENNE : professeur honoraire des Instituts universitaires de hautes études internationales et d'études du développement, Genève (Suisse)
- Christophe JAFFRELOT : directeur de recherche au CNRS, Centre d'études et de recherches internationales-Sciences Po
- Guy MENNESSIER : professeur titulaire de la faculté des sciences de l'université de Picardie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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