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LIGUE MUSULMANE

Dans la seconde moitié du xixe siècle voient le jour des associations hindoues qui ne sont pas de simples groupes de pression mais le lieu d'élaboration d'idées nouvelles, en particulier le Brahmo Samaj, très ouvert à la culture occidentale, l'Arya Samaj, support d'une renaissance fondée sur l'orthodoxie hindoue, et la société théosophiste. En 1885, une conférence rassemble à Bombay, avec l'autorisation du vice-roi, les leaders des diverses associations culturelles dans un premier Congrès national indien ; celui-ci demande que les Indiens puissent être élus pour participer aux travaux des conseils législatifs placés auprès du vice-roi et des gouverneurs des provinces ; la demande est, en principe, acceptée en 1892. Or deux tendances s'affrontent au sein du Congrès : l'une, sous l'influence des mouvements hindouistes, préconise une résistance n'excluant pas la violence ; l'autre, admirant la démocratie britannique, estime qu'il faut obtenir des concessions par la négociation ; les musulmans sont en très petit nombre et se rangent parmi les partisans de la négociation. Cette alliance des modérés hindous et des musulmans apparaît cependant menaçante aux Britanniques qui décident, en 1904, de partager le Bengale en une province musulmane à l'est et une province hindoue à l'ouest. Une telle mesure a pour effet de transformer un mouvement antibritannique naissant en une guerre de religion qui embrase tout le Bengale en 1904-1905. De plus, Londres institue deux électorats séparés, l'un hindou, l'autre musulman ; ce que précisément venait de demander une délégation de princes musulmans du vice-roi en échange d'un soutien politique loyal. Les musulmans quittent alors le Congrès et fondent en 1906, à Dacca, la Ligue musulmane (All India Muslim League). Doutant des intentions de l'Empire britannique — celui-ci n'est-il pas en guerre contre l'Empire turc ? —, la Ligue musulmane révise en 1913 ses statuts et, pour la première fois, envisage un « autogouvernement » de l'Inde et une alliance avec le Congrès. À ce même Congrès, la présidence du parti passe de l'Aga Khān, représentant des grands féodaux, à Muḥammad ‘Alī Jinnah, représentant des classes moyennes musulmanes modernistes et qui, à cette époque, privilégie encore le nationalisme panindien par rapport au sous-nationalisme musulman.

Ce n'est qu'en 1937 que la Ligue musulmane organise une véritable campagne électorale et tente d'élargir son recrutement ; en 1940, alors qu'elle ne compte que 60 000 membres et que le parti du Congrès en a déjà 3 millions , la Ligue musulmane adopte la célèbre résolution de Lahore, demandant la création d'un État séparé, le Pakistan. La Ligue musulmane n'est alors réellement puissante que dans les provinces à minorité musulmane (Uttar Pradesh, Bihar), les provinces à majorité musulmane étant dominées par des partis locaux (Unionist Party au Penjab, Krisak Proja Party au Bengale) qui bénéficient d'un soutien de masse réel ; aussi est-ce « pour les détrôner que la Ligue met en avant une idée pakistanaise [...] qui n'a pas eu de racines dans le sol pakistanais ». Une fois l'indépendance accordée au Pakistan, la Ligue musulmane, devenue All Pakistan Muslim League, a du mal à se donner une base dans le pays qu'elle avait voulu créer : elle ne remporte au Bengale, en 1954, que 10 sièges sur 309 ; de nombreux partis régionaux se constituent dans les années 1960, et la Ligue musulmane elle-même donne naissance à plusieurs groupes politiques. L’actuelle Pakistan Muslim League (P.M.L.- N) de Nawaz Sharif, Premier ministre de 1990 à 1993 et de 1997 à 1999, et la P.M.L.- Q (pour Qaid-e-Azam, en référence au « Grand Guide » Jinnah), suscitée dans les années 2000 pour soutenir le pouvoir du général Moucharraf, n’ont que de lointains rapports[...]

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Écrit par

  • : D.E.A. de philosophie, professeur certifié de philosophie à l'École normale de l'Oise, Beauvais

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